Morgane : « Comment Mélenchon peut-il encore prétendre incarner l’union de la gauche s’il tourne en dérision toute tentative de primaire entre Rousseau, Ruffin, Faure et Piolle ? »
« Cela n’intéresse personne. »
C’est par ces mots cinglants que Jean-Luc Mélenchon, fondateur de La France Insoumise (LFI), a balayé d’un revers de main la perspective d’une primaire de la gauche en vue de l’élection présidentielle de 2027, réunissant Sandrine Rousseau, François Ruffin, Olivier Faure ou encore Éric Piolle. Une déclaration lapidaire publiée sur son blog, qui a rapidement enflammé la toile politique et laissé un goût amer à ceux qui tentaient, une fois encore, de faire renaître le rêve d’union à gauche.
Une proposition portée par Lucie Castets, aussitôt piétinée
L’initiative venait d’une personnalité peu médiatique mais déterminée : Lucie Castets, militante de terrain et défenseuse d’un rassemblement des forces progressistes. L’idée ? Organiser une grande primaire citoyenne entre figures majeures du camp de gauche — y compris celles en rupture avec LFI. Une façon, selon elle, de désigner un leader légitime, capable d’éviter le désastre électoral de 2022 où Jean-Luc Mélenchon, malgré ses 21,95% des voix, s’était arrêté aux portes du second tour.
Mais l’ancien candidat n’en a que faire. Pour lui, cette proposition n’est qu’un « coup de com », « un huis clos passionnant entre eux, pour eux, avec eux », un petit théâtre où « les candidats eux-mêmes ne voteraient pas pour le gagnant si ce dernier était de La France Insoumise ». Et Mélenchon de nommer : Rousseau, Piolle, Faure, Ruffin, Autain, Royal — avec une ironie grinçante pour tous, sauf peut-être pour Ségolène Royal, qu’il reconnaît comme « la seule qui sait de quoi il s’agit ».

Mélenchon : Toujours seul contre tous ?
En rejetant cette main tendue, Jean-Luc Mélenchon signe une nouvelle fois son isolement assumé. Mais derrière cette posture radicale se cache une stratégie froide et calculée : Démarquer sa ligne politique, celle de L’Avenir en commun, des compromis centristes ou réformistes qu’il associe à ses anciens alliés.
Depuis l’effondrement électoral du Nouveau Front Populaire aux dernières législatives, la gauche tente de se reconstruire. Les écologistes, les socialistes, les communistes, et même certains anciens Insoumis comme François Ruffin, veulent croire à une recomposition. Mais Mélenchon, fidèle à sa méthode, préfère saboter l’édifice plutôt que de laisser d’autres en devenir les architectes.
François Ruffin : Le dissident qui dérange
Au cœur du débat, François Ruffin, ancien compagnon de route devenu figure autonome. Celui qui incarne une gauche populaire et ouvrière ne cache plus ses ambitions pour 2027. Dans une récente interview, il a déclaré que « la présidentielle est une carte sur la table », tout en refusant clairement de participer à une primaire s’il ne s’agissait que de « faire semblant ».
Mélenchon, lui, ne supporte pas cette émancipation. Il voit en Ruffin un rival direct, un homme qui pourrait capter une partie de son électorat historique, tout en défendant une ligne moins radicale, moins clivante, et surtout… moins personnalisée.
Rousseau, Piolle, Faure : Des candidatures de substitution ?
Du côté des autres potentiels candidats à la primaire, l’ambiance est plus feutrée. Sandrine Rousseau, jamais avare de provocations, s’est montrée ouverte à l’initiative, tout comme Éric Piolle, fidèle à la ligne EELV. Olivier Faure, premier secrétaire du Parti Socialiste, y voit quant à lui l’occasion de redonner vie à son parti, exsangue mais toujours vivant.
Mais tous se heurtent au même mur : L’absence d’un leader incontesté, l’éparpillement des courants, et le poids persistant de Mélenchon, même en retrait.
Une primaire vouée à l’échec ?
Jean-Luc Mélenchon l’a bien compris : Tant qu’il sera en capacité d’influencer, voire de candidater, aucune primaire de la gauche ne pourra se faire sans lui — ou contre lui. En ironisant sur la démarche, il signe peut-être l’arrêt de mort d’une dynamique pourtant saluée par de nombreux militants. Pire : Il pose la question qui fâche — une fois le vainqueur désigné, qui ira vraiment faire campagne pour lui, et avec quelle sincérité ?
Car en 2027, sans alliance solide, le spectre de l’éparpillement des voix pourrait bien condamner à nouveau la gauche à l’échec, face à la droite dure ou à l’extrême-droite.
Une fracture irréconciliable ?
Cet épisode illustre la fracture béante entre une gauche en quête de renouveau collectif et un leader historique qui refuse de passer la main. Jean-Luc Mélenchon, malgré les critiques, reste une figure puissante, ancrée dans l’imaginaire militant, mais de plus en plus décriée comme un frein à l’unité.
Le pari de Lucie Castets, aussi sincère soit-il, n’aura pas suffi à faire plier l’orgueil d’un homme. Et pendant que la maison brûle, chacun s’installe dans sa pièce préférée… en espérant que le feu épargne ses fondations.
📝 Entre orgueil et désillusion : La gauche peut-elle encore croire à l’union avant 2027 ?
La primaire de gauche n’est pas encore morte, mais son acte de naissance semble déjà contesté. Jean-Luc Mélenchon, en tournant en dérision l’initiative, confirme que l’union ne se décrète pas, surtout quand elle vient sans reconnaissance de son rôle central.
Alors que 2027 se profile à l’horizon, les électeurs de gauche pourraient bien se retrouver, une fois encore, orphelins d’un véritable projet commun. La politique n’est pas seulement affaire d’idées : C’est aussi affaire d’égo. Et en France, aucun n’est plus démesuré que celui de Jean-Luc Mélenchon.
Franchement, je pense que c’est mieux ainsi. Que Mélenchon soit mis à l’écart de cette primaire pour 2027, c’est presque un soulagement. Il a trop longtemps monopolisé la parole à gauche, écrasant les autres voix sous son autorité et ses coups de gueule théâtraux. Il parle d’union mais ne la pratique jamais. À chaque fois qu’il a eu l’occasion de construire quelque chose de collectif, il a préféré imposer sa ligne, son programme, son ego.
Ce qu’il vient de faire avec cette primaire — la moquer ouvertement, mépriser les autres comme si personne ne comptait sauf lui — c’est révélateur de son mépris pour tout ce qui ne vient pas de sa personne. Il refuse toute remise en question, il écarte ceux qui ne le suivent pas aveuglément, il infantilise ses alliés, et il finit par tout diviser.
Je n’oublie pas ses dérives autoritaires, ses colères mal placées, ses propos ambigus sur certaines questions internationales, ou encore son silence gênant face à certaines violences. Son rapport à la presse est problématique, son culte de la personnalité est étouffant, et ses stratégies électorales ont mené la gauche dans une impasse. À force de cliver, il s’est retrouvé seul. Il ne peut s’en prendre qu’à lui-même.
Aujourd’hui, enfin, d’autres prennent le relais. Des gens comme Ruffin, Faure, Rousseau ou Piolle, avec qui je ne suis pas toujours d’accord, mais qui au moins cherchent à dialoguer, à construire, à rassembler. C’est ça qu’il nous faut : une gauche plurielle, ouverte, prête à écouter. Pas un leader enfermé dans sa tour d’ivoire.
Alors oui, Mélenchon est isolé. Et c’est peut-être la meilleure chose qui pouvait arriver à la gauche.