Tribune engagée : Amélie cartographie la fracture islam–République, ses conséquences et les pistes de restauration du vivre-ensemble.

64 % des Français estiment que l’islam est incompatible avec les valeurs de la République

SOCIETE

Un malaise palpable

Chaque soir, Amélie, éditrice pour MyJournal.fr, relit plusieurs rapports. Le 12 juin 2025, un sondage CSA révèle que 64% des Français jugent l’islam incompatible avec les valeurs de la République française. Ce chiffre, très au-delà du simple ressenti, ouvre une brèche dans le récit national.

Une hostilité quasi généralisée

Les résultats sont sans appel :

  • 66% des femmes et 64% des hommes pensent que l’islam est opposé aux valeurs républicaines.
  • Par tranche d’âge, 75% des 50-64 ans, 70% des plus de 65 ans et 64% des 18-24 ans partagent cette opinion.
  • Toutes les catégories socio-professionnelles sont concernées : 66% des inactifs, 64% des CSP– et 63% des CSP+.

La défiance s’ancre donc dans toutes les couches de la société.

Les déclencheurs de cette opposition

👉 1. Port ostensible de signes religieux

Le port du voile, du niqab et le burkini sont perçus comme des symboles de défi à la laïcité. Le burkini, interdit dans plusieurs communes après les attentats, symbolise une atmosphère où la neutralité laïque est ressentie comme menacée.

👉 2. Radicalisme et liens réels ou supposés

Certaines études montrent que près de la moitié des jeunes musulmans estiment que leur foi est incompatible avec les valeurs françaises, et que celle-ci prime sur la République. Par ailleurs, des rapports officiels alertent sur des influences islamistes dans les écoles et dans certaines structures communautaires.

👉 3. L’effet des attentats

Les attentats djihadistes sur le sol français, qui ont causé plus de 260 morts en une décennie, ont durablement transformé le regard des Français. L’islam est aujourd’hui perçu par beaucoup comme un danger sécuritaire, renforçant l’amalgame avec l’islamisme radical.

Laïcité à la limite de la coercition

La France a multiplié les lois restrictives en matière de laïcité : Interdiction du voile à l’école en 2004, interdiction du niqab dans l’espace public en 2010, et plus récemment interdiction de l’abaya à l’école. Ces mesures, conçues pour préserver la neutralité de l’espace public, sont vécues par certains comme des formes d’agression ciblées contre l’islam. Cela alimente un sentiment de discrimination et peut favoriser le repli communautaire.

Témoignages incarnés

  • Rachid, étudiant, explique qu’il s’est senti exclu après les mesures visant à interdire le voile à l’université. Il craint que la République lui retire le droit d’exister en tant que croyant.
  • Clara, éducatrice, redoute l’instrumentalisation de la laïcité à des fins politiques : « On ne parle plus d’égalité, mais de contrôle », dit-elle.
  • Yasmine, mère voilée, raconte son quotidien : Chaque sortie en ville devient une épreuve, marquée par les regards lourds et les suspicions permanentes.

Conséquences concrètes

  • Dégradation du vivre-ensemble : Face à ce rejet croissant, certains jeunes musulmans se retirent dans des structures communautaires qui leur semblent plus protectrices.
  • Radicalisation identitaire : Les lois restrictives et les discours politiques alarmistes contribuent parfois à renforcer un sentiment d’injustice, qui peut mener à des postures radicales en retour.
  • Stigmatisation collective : Dans l’espace public, il devient courant de confondre l’islam en tant que religion avec l’islamisme radical, ce qui entretient un climat de méfiance généralisée.

Pistes et enjeux pour la République

  1. Repenser la laïcité : En faire un principe inclusif, garant de la liberté de conscience pour tous, sans tomber dans le piège de la coercition.
  2. Renforcer le dialogue : Créer des espaces de discussion pour dépasser les peurs et éviter les discours de rejet.
  3. Éduquer à la nuance : Enseigner la complexité des réalités musulmanes en France et démystifier les discours simplistes.
  4. Responsabiliser les acteurs politiques : Différencier la lutte contre l’islamisme radical de l’attitude envers l’ensemble des musulmans.

Vers une réconciliation possible ?

Amélie referme son carnet. Le constat est brutal : 64% de rejet n’est pas un simple chiffre, c’est le symptôme d’une fracture idéologique profonde. Si la République veut éviter l’éclatement de son modèle universaliste, elle devra trouver un équilibre subtil entre fermeté face aux extrémismes et respect des libertés individuelles. Sinon, ce que la France risque de perdre, c’est bien plus que sa laïcité : C’est son âme républicaine.

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