motion anti-immigration

La droite et l’extrême droite allemandes adoptent ensemble une motion anti-immigration

SOCIETE

Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, un principe fondamental guidait la politique allemande : Aucune collaboration entre les partis traditionnels et l’extrême droite. Pourtant, ce tabou historique vient d’être brisé. Le 29 janvier 2025, une alliance inédite entre la CDU/CSU et l’AfD a permis l’adoption d’une motion anti-immigration au Bundestag, plongeant l’Allemagne dans une crise politique majeure.

Une alliance inédite : La droite et l’extrême droite unies

L’annonce a fait l’effet d’un séisme. En unissant leurs voix, les conservateurs de la CDU/CSU et les députés du parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) ont réussi à faire passer un texte visant à durcir la politique migratoire allemande. Cette motion réclame le refoulement systématique de toute personne étrangère sans documents valides, y compris les demandeurs d’asile.

Ce vote a immédiatement suscité des réactions enflammées. Pour Bernd Baumann, chef de file de l’AfD, il s’agit d’un « moment historique » qui marque la fin de l’isolement de son parti. Friedrich Merz, leader de la CDU, a quant à lui justifié cette alliance en déclarant : « Une bonne décision ne devient pas mauvaise simplement parce que les mauvaises personnes la soutiennent. »

Un contexte explosif : Immigration et insécurité au cœur du débat

La montée en puissance du discours anti-immigration en Allemagne trouve son origine dans une série d’événements tragiques. Récemment, une attaque au couteau perpétrée par un migrant afghan en situation irrégulière a coûté la vie à deux personnes, dont un enfant. Cet événement a profondément choqué l’opinion publique et ravivé les tensions autour de la politique d’asile.

L’AfD, qui a bâti son ascension sur un discours nationaliste et anti-immigration, a su capitaliser sur ce climat de peur. De son côté, la CDU/CSU, en perte de vitesse dans les sondages, cherche à reconquérir un électorat de plus en plus sensible aux questions de sécurité et d’identité nationale. L’union des deux forces politiques, bien que choquante pour beaucoup, répond à une logique électoraliste.

Un tollé politique : Olaf Scholz et la gauche vent debout

Le chancelier Olaf Scholz n’a pas tardé à réagir. Furieux, il a dénoncé une « erreur impardonnable », rappelant que « collaborer avec l’extrême droite, ce n’est pas anodin, surtout en Allemagne ». Son indignation est d’autant plus marquante que ce vote est intervenu alors que le Bundestag commémorait les 80 ans de la libération d’Auschwitz-Birkenau.

Les partis de gauche, ainsi que les Verts, ont unanimement condamné cette alliance. Pour eux, ce rapprochement est une atteinte aux principes fondamentaux de la démocratie allemande et une menace pour l’avenir du pays. Des manifestations ont éclaté dans plusieurs grandes villes, où des milliers de citoyens sont descendus dans la rue pour exprimer leur inquiétude face à cette dérive politique.

Une normalisation de l’extrême droite en Allemagne ?

Ce vote pose une question fondamentale : La CDU/CSU est-elle en train de normaliser l’AfD ? Jusqu’à présent, toute coopération avec l’extrême droite était exclue, en raison du passé nazi du pays. Ce « cordon sanitaire » semblait inébranlable, mais il vient d’être brisé. Si ce premier rapprochement aboutit à d’autres alliances à l’avenir, cela pourrait profondément redéfinir le paysage politique allemand.

L’Allemagne est-elle à un tournant ? Ce vote inédit marque-t-il le début d’un rapprochement durable entre la droite conservatrice et l’extrême droite ? Si cette tendance se confirme, elle pourrait avoir des répercussions bien au-delà des frontières allemandes, influençant les dynamiques politiques dans toute l’Europe.

En brisant un tabou historique, la CDU/CSU a pris un risque politique majeur. Reste à savoir si cette stratégie électorale lui sera bénéfique ou si, au contraire, elle marquera le début d’une crise interne qui pourrait fragiliser le parti. Une chose est sûre : L’Allemagne entre dans une nouvelle ère politique, où les lignes rouges d’hier semblent de plus en plus floues.

Laisser un commentaire