« Un colis que je n’attendais pas, un SMS signé de mon prénom et de mon nom complet, un lien étrange… Et si c’était moi, cette fois, la cible d’une nouvelle arnaque redoutablement personnalisée ? »
Une matinée ordinaire, un piège numérique
Ce matin-là, Julie, 38 ans, consultante en télétravail depuis son petit appartement de Lyon, n’attendait rien de spécial. Son téléphone vibra une première fois, une seconde, puis une troisième. Trois SMS, trois messages presque identiques. Ce n’était pas l’objet du message qui l’inquiéta d’emblée, mais le fait qu’il était signé à son nom complet.
« Bonjour Julie Martin, votre colis est prêt à être livré. Cliquez ici pour finaliser la livraison : [lien suspect] »
SMS arnaque colis 2025
Ce genre de message, elle en avait reçu des dizaines par le passé. Mais jamais un seul n’avait mentionné son nom et son prénom avec une telle exactitude.
Julie sentit un frisson lui parcourir l’échine. Était-ce simplement un message automatisé ? Ou bien quelque chose de plus sournois ? Elle ne le savait pas encore, mais elle venait de tomber sur l’une des arnaques les plus perfides de l’année 2025, une forme de phishing d’un nouveau genre : Hyper personnalisé, redoutablement crédible, et quasi indétectable.
Une nouvelle génération d’arnaques : Le ciblage identitaire
Les experts en cybersécurité sont formels : Les arnaqueurs ont franchi un cap. Fini les messages maladroits, impersonnels, truffés de fautes. Place à une cyberfraude millimétrée, qui s’adapte à chaque victime en intégrant son prénom, son nom, et parfois même son adresse.
En 2025, les données personnelles ne sont plus seulement volées — elles sont monétisées, croisées, et transformées en armes numériques. Une base de données contenant plusieurs millions d’identités circule aujourd’hui sur le dark web, compilée à partir de fuites passées : Comptes piratés, applis douteuses, jeux-concours frauduleux…
Julie l’ignorait, mais son adresse email avait été exposée lors d’une brèche de sécurité sur un site de vente en ligne trois ans plus tôt. Depuis, son nom et son prénom figuraient dans plusieurs fichiers de cybercriminels, désormais exploités par des systèmes automatisés générant des SMS personnalisés.
Le message parfait : Une illusion maîtrisée
Le message que reçut Julie semblait anodin. Il comportait :
Son prénom et nom exacts.
Le nom d’un transporteur très connu (Chronopost, Colissimo, DHL, selon la version).
Un lien raccourci très discret.
Une formule de politesse bien rédigée.
Une mention de tentative de livraison échouée.
Un simple clic, et c’était terminé.
Ce type de SMS redirige l’utilisateur vers un site cloné, quasiment identique au site officiel du transporteur. Il invite à saisir son adresse, ses coordonnées bancaires pour « réorganiser la livraison« , et parfois même à valider un « paiement de 2 euros« . En réalité, la page enregistre chaque caractère tapé : Nom, carte bancaire, code de sécurité, voire les identifiants bancaires.
L’angoisse de la victime : Confusion, honte et impuissance
Julie, pourtant méfiante, cliqua. Par automatisme. Elle saisit son adresse, puis sa carte, avant de tiquer sur une faute grammaticale dans le bas de la page. Trop tard.
Quelques minutes plus tard, son compte bancaire afficha deux débits : 1,98 € puis 783 €. La panique l’envahit. Elle appela immédiatement sa banque, qui bloqua sa carte et lança une procédure de remboursement. Mais le mal était fait : Elle était une victime de plus de cette cyberarnaque de nouvelle génération.
Le sentiment qui domina les jours suivants fut une honte sourde. Comment avait-elle pu se faire avoir ? Elle, si prudente ? C’est précisément là le génie malsain de cette fraude : Elle cible notre confiance en nos propres repères.
Des chiffres qui donnent le vertige
Selon la DGCCRF, les signalements d’escroqueries par SMS personnalisés ont explosé de 240% depuis janvier 2025. Les plaintes affluent, mais peu de coupables sont arrêtés. Pourquoi ? Parce que ces campagnes sont gérées à distance, automatisées, et souvent orchestrées depuis l’étranger.
Les arnaqueurs utilisent des serveurs en cascade, louent des plateformes de “smishing-as-a-service” (phishing par SMS), et profitent des failles réglementaires entre pays pour agir en toute impunité.
Pourquoi cette fraude est si efficace en 2025
L’ultra-personnalisation : Le prénom et le nom de la victime sont affichés dans le message, ce qui lève immédiatement la méfiance.
L’urgence émotionnelle : « Votre colis ne peut être livré« , ou « Vous devez payer dans les 24h » déclenche un stress immédiat.
Le réalisme des sites frauduleux : Ils imitent parfaitement les pages officielles.
La prolifération des livraisons : Avec le e-commerce, chacun attend « quelque chose« , ce qui rend le message crédible.
La naïveté technologique de certaines cibles : Personnes âgées, adolescents, ou même des adultes comme Julie, pressés ou fatigués.
Comment se protéger ?
Voici les 5 gestes barrières numériques que chaque Français devrait adopter :
Ne jamais cliquer sur un lien d’un SMS, même s’il contient votre nom.
Vérifier l’expéditeur (un numéro bizarre est suspect).
Aller directement sur le site du transporteur en tapant l’URL vous-même.
Ne jamais saisir ses coordonnées bancaires sans avoir vérifié l’adresse du site.
Utiliser un antivirus avec un module anti-phishing sur son smartphone.
Une traque difficile mais pas impossible
Des brigades cyberdépartementales sont désormais déployées dans plusieurs régions françaises. Elles traquent les serveurs, ferment les fausses plateformes, mais avouent leur impuissance face à la rapidité de diffusion et à la sophistication de ces arnaques.
« Ces arnaques sont pensées comme des campagnes publicitaires : ciblées, efficaces, éphémères », confie un enquêteur du pôle cybercriminalité d’Europol.
L’histoire de Julie, celle de milliers d’autres
Julie a porté plainte. Elle a changé de carte, modifié tous ses mots de passe, et installé une protection renforcée sur son téléphone. Elle témoigne aujourd’hui, convaincue que raconter son histoire peut aider d’autres victimes à éviter le piège.
« Je n’ai perdu que de l’argent… mais j’aurais pu perdre ma dignité si ça avait été mes données de santé ou mon identité. »
En 2025, la guerre numérique est psychologique
L’arnaque au colis avec nom et prénom n’est pas qu’une fraude financière. C’est une attaque sur notre confiance, sur notre vigilance quotidienne, sur notre capacité à discerner le vrai du faux dans un monde saturé de notifications.
Tant que les données circuleront librement sur internet, que les services seront sous-traités, et que les arnaqueurs auront un clic d’avance, cette guerre ne cessera pas. Mais en informant, en partageant, en dénonçant, chacun d’entre nous peut participer à cette lutte numérique.
Car la prochaine victime, ce pourrait être vous. Ou quelqu’un que vous aimez.
