Inès : « Une maire a-t-elle encore le droit de dire non lorsqu’elle soupçonne un mariage arrangé, ou doit-elle se taire et célébrer, même si le cœur lui hurle que quelque chose cloche ? »
Une matinée banale qui vire au tumulte
C’était un jour comme un autre à Bourg-lès-Valence, paisible commune drômoise, ce 17 mai 2025. Dans la salle des mariages, le silence pesait plus que les bouquets. Le maire Marlène Mourier, élue divers droite, connue pour son franc-parler, relisait pour la énième fois le dossier posé devant elle. Un couple demandait à être uni : Bilel, un ressortissant tunisien sans titre de séjour et sous OQTF, et Sylvie, une Française de 49 ans décrite comme « vulnérable ». Quelque chose clochait. Quelque chose l’empêchait de signer.
Ce n’était pas la première fois que Marlène recevait un couple mixte. Mais cette fois-ci, les signaux étaient trop évidents. Lors de l’entretien préalable, obligatoire avant toute célébration, Bilel aurait prononcé une phrase troublante : « Je veux me marier pour les papiers. »
Le doute comme seul guide
Face à cette déclaration, la maire décide de ne pas valider l’union. Elle ne voulait pas devenir complice d’un éventuel mariage blanc. Elle alerte alors le procureur de Valence, espérant une enquête, un délai, un contrôle.
Mais au lieu de l’écouter, le parquet ordonne la célébration du mariage. Pas d’enquête. Pas de report. Juste un rappel à la loi : « En France, tout refus de célébrer un mariage doit être strictement encadré. »
Un bras de fer judiciaire s’engage
La maire refuse d’obtempérer. Elle préfère risquer une plainte que de valider un acte qu’elle considère « frauduleux et manipulateur ». Dans un communiqué, elle s’indigne :
« Je ne suis pas raciste. Je célèbre des mariages d’origine tunisienne, algérienne, arménienne… Ce que je refuse, c’est de détourner une institution républicaine à des fins administratives. »
Cette prise de position déchaîne les passions. D’un côté, les soutiens affluent, des électeurs comme des élus : « Elle a eu du courage », écrit un habitant sur Facebook. De l’autre, SOS Racisme entre dans la bataille : Une plainte est déposée pour discrimination.
Une procédure qui dépasse Bourg-lès-Valence
Ce qui aurait pu rester un fait divers local devient une affaire nationale. La question dépasse les murs de la mairie : Jusqu’où peut aller un élu dans sa suspicion ? Et quand cette suspicion s’applique à un étranger, devient-elle automatiquement un acte raciste ?
Dans les médias, les avis s’opposent. Certains dénoncent une dérive xénophobe, d’autres applaudissent une élue qui refuse de « fermer les yeux ». En coulisse, le gouvernement reste silencieux, embarrassé de se mêler à une affaire où la loi, la morale, et la politique s’entrechoquent.
Une mairie contre une ONG historique
SOS Racisme accuse Marlène Mourier d’avoir violé le droit au mariage, protégé par l’article 12 de la Convention européenne des droits de l’homme. Elle aurait, selon eux, préjugé des intentions de Bilel sur la base de son origine et de son statut administratif.
Mais la maire, elle, persiste : « Je suis prête à m’expliquer devant un juge. Ce n’est pas un délit de bon sens. »
Et maintenant ?
Le procureur de Valence, Marc Andrieux, doit décider s’il donne suite à la plainte. Le dossier est sensible, symbolique. Si la justice condamne la maire, un précédent sera établi : Refuser de marier un étranger en situation irrégulière et sous OQTF, même en cas de doute, pourrait être considéré comme discriminatoire.
À l’inverse, si elle est blanchie, les maires de France pourraient y voir un feu vert à exprimer leurs soupçons face à des unions jugées suspectes.
Le point de rupture
Dans une époque où chaque geste d’un élu est scruté, Marlène Mourier a choisi de prendre un risque politique, juridique et personnel. À 63 ans, elle joue sa carrière et sa réputation. Mais elle semble prête à tout affronter, pour ce qu’elle nomme « l’intégrité de la République ».
Pendant ce temps, le couple, lui, a été marié – sous réquisition du parquet. L’union est désormais enregistrée.
Mais la plaie, elle, reste ouverte.
Et une question demeure : À vouloir défendre la légalité, la maire est-elle devenue illégale ?