« Pourquoi l’Allemagne ne commémore-t-elle pas l’armistice du 11 novembre comme la France ? Comment les Allemands voient-ils cette date symbolique pour les Alliés ? »
Pourquoi l’Allemagne ne commémore-t-elle pas l’Armistice du 11 novembre comme la France ?
L’Armistice du 11 novembre 1918, signé dans la forêt de Compiègne, est l’un des moments les plus marquants de l’histoire européenne. Cette date, qui a marqué la fin des combats de la Première Guerre Mondiale, est commémorée en France et dans plusieurs autres pays en hommage aux soldats tombés pour la paix. Mais en Allemagne, ce jour n’est pas perçu de la même manière. Pourquoi cette différence dans les traditions commémoratives ? Pour comprendre cette distinction, il est essentiel de se plonger dans les détails historiques et culturels qui entourent cette date.
L’Armistice du 11 novembre 1918 : Une date symbolique, une réalité complexe
Le 11 novembre 1918 à 11 heures, les armes se taisaient enfin après quatre années de combats destructeurs. Les négociations entre les Alliés – principalement représentés par la France, le Royaume-Uni et les États-Unis – et les représentants allemands avaient abouti à un accord. Ce jour est alors devenu un symbole de retour à la paix pour les nations alliées, mais pour l’Allemagne, cet armistice était bien plus amer. L’Empire allemand, affaibli et en pleine crise, venait d’accepter une reddition sans conditions. La fuite de l’empereur Guillaume II et les bouleversements politiques marquaient la fin d’une ère, et l’Allemagne entrait dans une période de grande instabilité politique et économique, prélude à la République de Weimar.
Commémoration du 11 novembre : Entre mémoire et fierté nationale
En France, le 11 novembre est devenu un jour férié en 1922 pour honorer les soldats morts au combat. Chaque année, les cérémonies rassemblent les citoyens autour de monuments, dont l’Arc de Triomphe à Paris, où repose le Soldat inconnu. Des officiels déposent des fleurs et un hommage solennel est rendu aux victimes. Cependant, en Allemagne, cette commémoration ne s’est jamais imposée, principalement en raison du traumatisme de la défaite. Pour les Allemands, le 11 novembre n’évoque pas un retour à la paix, mais bien une capitulation aux lourdes conséquences.
L’impact du Traité de Versailles
Le Traité de Versailles signé le 28 juin 1919 est une suite directe de l’armistice. Ce traité imposait des conditions strictes à l’Allemagne, telles que la cession de l’Alsace-Moselle à la France, une réduction drastique de son armée et de lourdes réparations financières. Ce traité est perçu comme un « coup de poignard dans le dos » pour beaucoup d’Allemands, ce qui explique que le 11 novembre ne soit pas devenu un symbole de fierté nationale ou de paix comme en France.
Les traditions allemandes autour de la mémoire des soldats : Volkstrauertag et Saint-Martin
L’Allemagne n’a pas de jour férié pour commémorer l’Armistice du 11 novembre. Cependant, le pays rend hommage aux soldats morts durant les deux guerres mondiales lors du Volkstrauertag, une journée de deuil national. Elle se tient généralement le deuxième dimanche avant l’Avent, en novembre. Cette journée permet aux Allemands de se recueillir en mémoire des soldats tombés, mais elle est également l’occasion de réfléchir aux conséquences tragiques des conflits et de promouvoir un message de paix. Contrairement au 11 novembre en France, le Volkstrauertag n’est pas spécifiquement centré sur la Première Guerre Mondiale, mais englobe la mémoire de toutes les victimes de la guerre et de la tyrannie.
La Saint-Martin, célébration du partage
En Allemagne, le 11 novembre est marqué par une autre fête : Celle de la Saint-Martin. Contrairement à la France, où le jour est dédié à la mémoire de la Grande Guerre, cette date célèbre Saint Martin, un personnage historique et religieux connu pour sa générosité. Durant cette fête, les enfants allemands défilent avec des lanternes colorées, chantant des chansons en l’honneur de Saint Martin. Ce défilé, très populaire, représente la lumière et le partage, des symboles qui rappellent l’importance de la solidarité.
Commémorations à l’international : Du Remembrance Day au Veterans Day
Le 11 novembre est un jour férié dans plusieurs autres pays qui étaient impliqués dans le conflit, chacun avec ses propres traditions. En Belgique, la date est également un jour férié où l’on commémore les victimes de la guerre. En Angleterre et dans les pays du Commonwealth, le Remembrance Day est une journée de souvenir non seulement pour les soldats de la Première Guerre Mondiale, mais aussi pour ceux d’autres conflits. Des cérémonies ont lieu au Royaume-Uni avec le célèbre symbole du coquelicot, et les cloches de Big Ben sonnent à onze heures.
Aux États-Unis, le Veterans Day est célébré le 11 novembre en hommage aux anciens combattants américains de tous les conflits. Bien que ce jour soit directement inspiré de l’Armistice de 1918, il rend hommage aux soldats au-delà de la Première Guerre Mondiale.
Pourquoi le 11 novembre n’est-il pas férié en Allemagne ?
En Allemagne, la mémoire de la Première Guerre Mondiale est bien présente, mais elle est commémorée d’une manière différente, plus sobre et introspective. Le 11 novembre ne possède pas le même statut que dans les pays alliés, car il est lié à une défaite. Le jour férié principal en Allemagne est le 3 octobre, qui marque le Jour de l’Unité allemande, commémorant la réunification de 1990. C’est un symbole de renouveau et de paix, qui revêt une importance bien plus positive dans l’imaginaire collectif allemand.
L’armistice, un souvenir partagé mais une commémoration différenciée
Le 11 novembre incarne l’un des moments fondateurs de l’Europe moderne. En France, comme dans d’autres pays alliés, il est synonyme de sacrifice et de fierté nationale. En Allemagne, cette date reste le souvenir d’un tournant difficile. La célébration de la Saint-Martin et la journée du Volkstrauertag, avec leurs symboles de paix et de mémoire, montrent que même dans les divergences historiques, il existe des voies pour honorer le passé tout en construisant un avenir pacifique.