Clémentine, 42 ans, s’interroge : “Et si je participais à l’effort national en envoyant un chèque à l’État ? Est-ce vraiment possible ? Comment ça marche, et pourquoi personne n’en parle ?”
Clémentine, 42 ans, mère de deux enfants, cadre dans une PME du Val-de-Marne, sursaute un matin de juin 2025 devant un titre d’article paru sur RMC :
« Vous pouvez faire un don à l’État pour alléger la dette publique. »
La nouvelle la stupéfie. Non pas qu’elle trouve cela choquant — au contraire — mais parce qu’elle n’en avait jamais entendu parler. Et pourtant, cela existe depuis près de vingt ans. Un dispositif discret, méconnu, presque invisible aux yeux du citoyen ordinaire.
Clémentine, comme beaucoup de Français, est préoccupée par l’explosion de la dette publique française : Plus de 3 300 milliards d’euros. Un chiffre colossal. Une abîme comptable. Et soudain, elle se dit :
« Pourquoi ne pas participer à cet effort collectif ? Puisque je paie mes impôts, pourquoi ne pas donner plus ? »
Mais alors, comment ça marche ? Est-ce légal ? À quoi sert réellement ce don ? Est-ce un gadget symbolique ou une vraie voie d’action ? Et surtout : À qui profite-t-il ?
Une possibilité légale encadrée depuis 2006
Ce que découvre Clémentine va la surprendre. Depuis la loi n° 2006-450 du 18 avril 2006, il est tout à fait légal de faire un don à l’État, pour « contribuer à l’intérêt général ».
Cette disposition est inscrite dans le Code général de la propriété des personnes publiques (CGPPP), à son article L1121-1. Il y est précisé que « l’État peut recevoir des dons et legs », à condition qu’ils soient acceptés par arrêté ministériel. Cet arrêté est publié au Journal officiel de la République française, afin d’assurer la transparence.
Ce don peut être de n’importe quel montant, à condition qu’il soit accepté. Cela peut être 45 euros, 150 euros, ou même 40 000 euros, comme ce fut le cas pour un particulier en 2021, dont le nom fut cité dans un arrêté publié officiellement.
Concrètement, comment faire ?
Clémentine découvre qu’il n’existe aucun formulaire officiel en ligne, aucun bouton « donner » sur le site des impôts. L’État n’encourage pas, ne promeut pas ce dispositif. Pourtant, il existe bel et bien.
Il faut :
- Contacter la DGFIP (Direction générale des Finances publiques) ou le ministère de l’Économie et des Finances.
- Envoyer un chèque ou effectuer un virement bancaire au nom du Trésor public.
- Attendre la publication d’un arrêté au Journal officiel, actant la réception et l’acceptation du don.
Clémentine apprend que certaines personnes font des virements mensuels réguliers, comme Bruno Alessi, conseiller en gestion de patrimoine, qui l’a confirmé à BFMTV.
Un geste citoyen… mais sans retour fiscal
Là où Clémentine est surprise, c’est lorsqu’elle découvre que ce don n’est pas déductible des impôts. Contrairement aux dons faits à des associations caritatives, aux fondations ou aux partis politiques, aucun avantage fiscal n’est prévu ici.
Pourquoi ?
Parce que l’État ne peut pas se faire donateur à lui-même, au sens fiscal. Ce serait un circuit fermé. Pas de crédit d’impôt, pas de déduction. Juste un geste pur, gratuit, désintéressé.
Et cela change tout dans la philosophie du don. Ceux qui donnent ne le font pas pour économiser, mais pour contribuer symboliquement à l’effort commun.
Des exemples concrets, publiés noir sur blanc
Clémentine fouille le Journal officiel. Elle y découvre plusieurs arrêtés :
- En mai 2025, un homme du nom de Stéphane Chamaillard a versé 45 € à l’État, don validé par arrêté signé du ministre.
- En novembre 2024, un autre don de 150 € est mentionné, avec publication officielle à l’appui.
- En 2021, un généreux donateur a offert 40 000 €, sans contrepartie, pour la seule gloire du service public.
Clémentine est frappée par la diversité des profils, des montants, des intentions. Tous ces dons, même modestes, sont reconnus publiquement. C’est une trace, un signe, un engagement.
Mais pourquoi ce silence médiatique ?
La question la taraude. Pourquoi personne ne connaît ce dispositif ? Pourquoi l’État ne le valorise-t-il pas ?
Plusieurs explications possibles :
- Cela pourrait être mal perçu dans un contexte de pression fiscale intense : On reprocherait à l’État de quémander des dons.
- Le gouvernement préfère sans doute éviter que l’idée d’un financement volontaire devienne une alternative politique à l’impôt.
- Et puis, cela ne rapporte pas grand-chose, comparé à la dette publique abyssale : Même 10 millions d’euros en dons représenteraient à peine 0,003 % de la dette.
Un geste plus symbolique qu’efficace ?
Clémentine en est consciente. Donner 100 ou 200 euros ne changera pas la trajectoire des finances publiques. Mais ce n’est pas l’objectif. Ce qu’elle veut, c’est se sentir actrice, citoyenne engagée, utile.
Dans une société fragmentée, individualisée, ce don est un message, un acte politique sans violence, une contribution volontaire au destin collectif.
Elle décide donc d’envoyer un chèque de 100 € à Bercy. Non pour réparer le déficit, mais pour prouver qu’on peut encore croire en l’action commune.
Le don de Clémentine bientôt dans le Journal officiel ?
Quelques semaines plus tard, Clémentine découvre avec émotion son nom dans un arrêté ministériel signé à Bercy, daté du 2 août 2025. Son don est officiellement reconnu.
Pas d’applaudissements, pas de remerciements publics, pas de réduction fiscale.
Mais une satisfaction discrète, intime, solide : Celle d’avoir fait sa part, dans un monde où tout semble parfois trop grand pour nous.