Le courage d’un député face à la violence urbaine en pleine Fête de la musique : enquête sur l’agression de Guillaume Lepers à Villeneuve-sur-Lot.

Villeneuve-sur-Lot : Le député Guillaume Lepers frappé en pleine Fête de la musique 2025 après avoir défendu un jeune agressé

CHOC

Quand la musique s’arrête, la violence prend le relais

Le 21 juin 2025, Villeneuve-sur-Lot baignait dans une douce euphorie collective. Comme partout en France, la Fête de la musique célébrait l’arrivée de l’été avec ses fanfares de rue, ses DJ en plein air, ses orchestres amateurs… et ses milliers de sourires. En ce samedi soir, la place Lafayette, cœur battant de la bastide lot-et-garonnaise, était noire de monde. Vers 23H, le ton était donné : Guitares, voix, percussions se mêlaient à l’odeur de la bière tiède et des frites trop grasses. La France heureuse, populaire, festive. Et puis, en une fraction de seconde, tout a basculé.

Parmi la foule, Guillaume Lepers, 50 ans, député Renaissance de la 3ᵉ circonscription du Lot-et-Garonne et ancien maire de Villeneuve, profitait de la soirée accompagné de son épouse. Élu de terrain, habitué des rassemblements publics, il ne se doutait pas que cette nuit allait lui laisser bien plus qu’un souvenir : Une balafre sur l’arcade, des points de suture, et surtout, un traumatisme profond sur l’état de la société française.

Une altercation, un réflexe, un coup de poing

Tout commence par une scène banale. Ou presque. Trois jeunes hommes, visiblement alcoolisés, prennent à partie un autre garçon, seul, vulnérable. Personne ne réagit. Les passants détournent le regard. Mais Lepers, lui, ne détourne pas. Il voit l’ombre d’une violence en train de naître, et comme un réflexe civique, il s’interpose. D’abord verbalement. Il apaise, temporise. Les tensions semblent retomber.

Mais à peine a-t-il tourné le dos qu’il est violemment frappé au visage. Coup de poing. Puis chute. La tête heurte le sol. Puis d’autres coups. Dans le dos. Aux jambes. Dans la confusion, certains crient, d’autres reculent. Lepers est au sol. L’arcade explosée. Le sang coule sur ses tempes. Une scène irréelle en plein centre-ville.

Huit points de suture, dix jours d’ITT : Un député aux urgences

Il est 23H15 quand les pompiers interviennent. L’élu, semi-conscient, est évacué vers l’hôpital. Diagnostic : Traumatisme crânienplaie ouverte à l’arcadedix jours d’incapacité totale de travail. L’image choque. Ce n’est pas un homme politique victime d’un débat houleux ou d’un excès de discours. C’est un citoyen frappé parce qu’il a osé agir, parce qu’il a voulu aider.

À l’hôpital, Lepers garde son humour : « J’ai une gueule de boxeur un lendemain de match. » Mais derrière l’ironie se cache une colère sourde. Car ce n’est pas une agression banale. C’est le symptôme d’un malaise grandissant dans nos sociétés : Celui d’une violence gratuite, imprévisible, décomplexée.

Un agresseur identifié, deux en fuite

Grâce à la vidéosurveillance de la ville, l’un des agresseurs — âgé de 20 ans, fortement alcoolisé (0,74 mg/l d’air expiré) — est interpellé dans la nuit. Il est placé en garde à vue, puis mis en examen. Les deux autres individus sont toujours recherchés. La justice avance vite : L’auteur du coup principal doit être jugé en comparution immédiate le jeudi suivant. Un dossier qualifié de « prioritaire » par le parquet.

À l’Assemblée Nationale, un cri d’alerte

Trois jours plus tard, le mardi 24 juin, Guillaume Lepers fait son retour à l’Assemblée Nationale. La voix est claire, mais le regard porte encore les stigmates. L’arcade suturée. La fatigue palpable. Il prend la parole dans l’hémicycle, sans grandiloquence, mais avec gravité :

« Samedi dernier, j’ai été frappé au visage alors que je tentais de protéger un jeune homme agressé par trois individus. »

Il en appelle au gouvernement. Il ne réclame pas de protection personnelle, mais des moyens pour les forces de l’ordre dans les villes moyennes. Il rappelle que Villeneuve-sur-Lot, comme tant d’autres bastides de France, manque cruellement de policiers la nuit. « La violence s’est installée dans nos rues comme un bruit de fond, et l’État regarde ailleurs », dit-il, sous les applaudissements de la majorité.

Un soutien unanime, mais une fracture révélée

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin condamne l’agression et promet que « l’auteur sera lourdement sanctionné ». Le président du groupe LR, Bruno Retailleau, salue un « acte de bravoure » et parle d’un député qui a « fait honneur à sa fonction ». Mais au-delà des mots, c’est une fracture que cette affaire révèle.

Car Villeneuve-sur-Lot n’est pas Marseille. Ce n’est pas une banlieue dite « sensible ». C’est une ville tranquille de 22 000 habitants, aux ruelles pavées, aux marchés de producteurs, à l’ambiance familiale. Et pourtant, la violence s’y est invitée. Sans prévenir. Sans retenue.

Ce que cette agression dit de nous

Le cas de Guillaume Lepers dépasse le fait divers. Il symbolise une crise d’autorité généralisée, une dévalorisation de l’acte civique, une normalisation de la violence gratuite. Qui aurait osé intervenir à sa place ? Combien auraient détourné les yeux ? Combien auraient filmé au lieu d’agir ?

Son geste, rare et courageux, pose une question essentielle : Dans quelle société voulons-nous vivre ? Une société où les élus, les citoyens, les passants sont en danger dès qu’ils tentent de faire le bien ? Ou une société où intervenir ne signifie pas risquer sa vie ?

Et maintenant ? Justice, mémoire et reconstruction

Jeudi 26 juin 2025, le jeune homme interpellé doit répondre de ses actes devant le tribunal. Il encourt une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison ferme. En parallèle, le gouvernement annonce une révision des effectifs de police dans les villes moyennes, ainsi que le renforcement des prérogatives de la police municipale.

Pour Guillaume Lepers, la route vers la guérison est autant physique que psychologique. Mais pour Villeneuve-sur-Lot, pour la France entière, cette nuit du 21 juin 2025 restera comme un tournant symbolique : Celui où l’on a compris que plus aucune ville n’est à l’abri, et que parfois, il faut être un député blessé pour qu’on écoute les cris d’un pays silencieux.

Un député debout, une République qui vacille

Il faudra du temps pour que la plaie se referme. Sur l’arcade. Et dans les esprits. Car cette histoire n’est pas celle d’un simple fait divers. Elle est celle d’un choix de société. Guillaume Lepers n’a pas seulement été frappé. Il a pris un coup à la place d’un autre. Et ce geste, rare, mérite d’être salué, raconté, partagé.

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