À L’Ampérage, la scène s’embrase : une pièce dénonçant la suprématie blanche secoue Grenoble. Que s’est-il réellement passé ?

Grenoble : « Pourquoi l’homme blanc se prend-il toujours pour le Maître du monde » — Une pièce de théâtre fait scandale !

SOCIETE

Grenoble, un mardi pas comme les autres

Ce mardi soir-là, la ville semblait paisible. Le ciel de Grenoble s’était teinté de nuances orangées, promesse d’un printemps enfiévré. Mais dans les coulisses de la salle L’Ampérage, un autre feu s’apprêtait à embraser les esprits. Une centaine de spectateurs se pressaient à l’entrée, curieux, inquiets, parfois furieux, attirés comme des papillons de nuit par une affiche aux mots lourds de sens :

« RACE[S] – Pourquoi l’homme blanc se prend-il toujours pour le Maître du monde ? »

Chloé, spectatrice par hasard ou témoin d’un séisme culturel ?

Chloé, 28 ans, chercheuse en sociologie, n’avait pas prévu d’assister à la représentation. Elle avait été interpellée la veille par un tweet furieux d’une élue locale Reconquête! dénonçant une « pièce anti-blancs financée par la mairie de Grenoble ». Intriguée, elle décide de se rendre sur place. Pas pour juger. Pour comprendre.

Un monologue-choc au goût de cendre

Sur scène, un seul comédien : François Bourcier. Il ne crie pas, il n’accuse pas. Il incarne. Avec gravité, il enfile les masques successifs de figures historiques, scientifiques ou philosophiques : Platon, Pétain, Gobineau, Jules Ferry. Il ne les caricature pas. Il les cite. Textes authentiques, mots exacts, extraits d’archives. Et c’est là, dans cette précision, que réside le malaise.

Le public entend sans filtre les fondements théoriques du colonialisme, de l’eugénisme, de la hiérarchie des races. Les « preuves » avancées jadis pour justifier la suprématie de l’homme blanc. Ce n’est pas une fiction. C’est notre héritage.

Un texte qui dérange car il est vrai

La pièce n’invente rien. Elle expose. Et c’est justement cela qui choque. Car dans cette juxtaposition clinique des discours passés, on entend des échos d’un présent qui n’a pas encore tout soldé.

Chloé, en larmes à la sortie, le dira :

« Ce n’est pas une pièce contre les Blancs. C’est une pièce contre l’oubli. »

Financement public et débat politique

Et c’est là que le scandale explose. Car L’Ampérage est une salle associative subventionnée par la mairie de Grenoble. L’événement a été co-organisé par la CGT Spectacle, la SELF 38, et le collectif Culture en Lutte. Certains y voient un détournement de l’argent public à des fins idéologiques. D’autres y voient l’expression vivante de la liberté artistique.

Marine Chiaberto, élue Reconquête! de l’Isère, dénonce une pièce « ouvertement raciste envers les Blancs » et exige des comptes. D’autres élus LR, RN et même Renaissance s’inquiètent de la « dérive militante » de la création culturelle française.

La CGT Spectacle monte au créneau

De leur côté, les organisateurs défendent la démarche :

« RACE[S] n’est pas une accusation. C’est une introspection collective. »

Pour eux, il est urgent de remettre sur la table la question de la construction historique du racisme. Le théâtre, disent-ils, est l’un des derniers lieux où l’on peut encore penser le monde, sans filtre, sans slogan.

Ce que dit vraiment la pièce

Le spectacle ne condamne pas une couleur de peau. Il condamne un système. Une vision du monde où la blancheur a été élevée en norme, en modèle, en évidence. RACE[S] veut mettre à nu ce qui a été dit, répété, enseigné pendant des siècles. Non pas pour créer la division, mais pour la comprendre.

Réactions sur les réseaux sociaux

Sur X (anciennement Twitter), les opinions s’entrechoquent.

« Encore un spectacle subventionné pour haïr les Blancs. »

« Merci au théâtre de faire son travail : secouer les consciences. »

« Ce n’est pas en tapant sur les blancs qu’on construit l’égalité. »

« Ceux qui crient à l’anti-blanchité n’ont sans doute pas écouté les textes. »

La polémique enfle, relayée par Valeurs Actuelles, Le Figaro et une partie de l’extrême droite numérique. Les mots “anti-blanc”, “racisme inversé”, “culture woke” fleurissent.

Mais combien ont vu la pièce ?

Une pièce qui pose la seule question qui compte

En quittant la salle, Chloé ne pense plus aux tweets. Elle pense à cette question qui résonne en elle depuis deux heures :

« Pourquoi l’homme blanc se prend-il toujours pour le Maître du monde ? »

Et surtout :

« Peut-on enfin parler du passé sans être accusé de le réécrire ? »

Théâtre, miroir du monde ou brasier politique ?

RACE[S] divise car elle met le doigt là où ça fait mal. Elle rappelle que le racisme n’est pas une opinion mais une construction. Et que cette construction, si elle ne nous tue plus physiquement en France, continue de nous définir socialement, culturellement, inconsciemment.

Grenoble devient le théâtre d’un débat national : Peut-on encore choquer au nom de l’art ? Peut-on encore dire l’Histoire ? Et surtout… Peut-on se regarder dans le miroir sans se voiler la face ?

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