Libertés publiques vs sécurité : récit détaillé du procès de Joël Hocquelet, maire de Marmande, opposé au RN.

Le Maire de Marmande, Joël Hocquelet, condamné par le tribunal après avoir refusé d’accueillir Jordan Bardella

POLITIQUE

Une ville suspendue à son juge

Par une matinée ensoleillée du 11 juin 2025, la salle du tribunal judiciaire d’Agen se remplit d’une tension palpable. Ce jour-là, c’est un Maire en exercice, Joël Hocquelet, qui se retrouve face aux juges. En septembre 2024, il avait pris une décision controversée : Refuser que Jordan Bardella, président du Rassemblement National, tienne un meeting dans le parc des expositions de Marmande. La suite ? Une plainte pour discrimination politique.

La plainte : Liberté d’expression ou trouble à l’ordre public ?

Tout commence par ce refus. Officiellement, Joël Hocquelet invoque la crainte d’un trouble à l’ordre public, dans une salle pouvant accueillir au maximum 1 200 personnes, alors que les organisateurs du RN prévoyaient plusieurs milliers de participants. Mais pour le Rassemblement National, ce n’est qu’un prétexte politique. Rapidement, une plainte est déposée : Le Maire est accusé de discrimination fondée sur les opinions politiques, atteinte à la liberté d’expression.

Le procès : Des débats passionnés

Le 7 mai 2025, l’affaire est plaidée devant le tribunal d’Agen. Le procureur réclame une amende de 4 000 €, dont 2 000 € assortis de sursis. L’avocat de Joël Hocquelet défend un Maire soucieux de la sécurité publique, rappelant notamment les troubles survenus lors d’un précédent meeting politique en 2023, quand la venue de Marine Tondelier avait provoqué de violentes tensions.

En face, l’avocat du RN dénonce une atteinte grave à la neutralité républicaine. Le débat dépasse vite le simple cadre juridique : C’est une conception de la démocratie locale qui se joue entre ces murs.

Le verdict : Une condamnation symbolique

Le 11 juin 2025, le tribunal tranche : Joël Hocquelet est reconnu coupable de discrimination politique. Il est condamné à 1 500 € d’amende et à verser 1 000 € de frais de justice au RN. En revanche, la sanction la plus redoutée — l’inéligibilité — ne sera pas prononcée.

Le tribunal a voulu rappeler la nécessité pour les élus de respecter les principes de neutralité, sans pour autant briser la carrière politique du Maire.

Réactions contrastées

À la sortie du tribunal, les réactions sont vives. L’avocat de Joël Hocquelet se félicite de l’absence de dommages et intérêts et d’une peine mesurée. Le Maire de Marmande, lui, réaffirme qu’il a agi dans l’intérêt de sa commune.

Côté RN, la députée Hélène Laporte salue une victoire des libertés publiques, dénonçant un abus de pouvoir manifeste. Pour elle, ce jugement est un signal fort envoyé à tous les Maires de France.

Un précédent à surveiller

Cette affaire rappelle un précédent judiciaire récent : En 2024, la Cour européenne des droits de l’homme avait statué en faveur d’un autre élu sanctionné pour discrimination politique, soulignant les limites du droit en la matière. Aujourd’hui, avec ce verdict contre Joël Hocquelet, c’est une nouvelle pierre posée dans l’édifice jurisprudentiel français.

À Marmande : Un débat qui divise

Dans les rues de Marmande, l’affaire fait couler beaucoup d’encre. Certains habitants soutiennent leur Maire, convaincus qu’il a voulu éviter des violences. D’autres déplorent ce qu’ils considèrent comme une atteinte à la liberté politique. Sur les réseaux sociaux, les débats font rage, chacun interprétant le jugement à l’aune de ses convictions.

Une vigilance accrue pour les maires

Ce procès aura valeur d’exemple. Désormais, tout refus d’un élu municipal devra être juridiquement irréprochable. La frontière entre protection de l’ordre public et discrimination politique est mince — et le cas de Joël Hocquelet en est la parfaite illustration.

Le Maire de Marmande reste en fonction, mais ce jugement laissera sans doute une trace durable dans l’histoire politique locale. La démocratie impose ses règles, et les élus devront s’en souvenir.

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