Marine Le Pen et Jordan Bardella : Le rôle du Rassemblement national dans le choix de Michel Barnier comme Premier ministre

Matignon : Marine Le Pen estime qu’Emmanuel Macron a « tenu compte des critères du RN » dans son choix

POLITIQUE
Marine Le Pen et Jordan Bardella

Depuis quelques mois, la politique française semble en perpétuelle mutation. La nomination de Michel Barnier en tant que futur Premier Ministre par Emmanuel Macron en est une nouvelle illustration. Cette décision, surprenante pour certains, a suscité de nombreuses réactions, notamment du côté du Rassemblement National. Marine Le Pen et Jordan Bardella, figures de proue du parti, n’ont pas tardé à réagir, affirmant que ce choix n’était pas anodin et que, selon eux, le Président Macron aurait pris en compte certains critères du RN dans sa sélection. Mais que cache réellement cette décision ? Quels sont les enjeux pour l’avenir politique de la France ?

Le contexte politique : Un climat de tension et de division

Le paysage politique français est en ébullition depuis les élections législatives de juillet dernier. Le rejet massif de la politique menée par Emmanuel Macron lors des élections a laissé place à une incertitude grandissante. Avec une majorité fragile à l’Assemblée Nationale, le Président a dû composer avec les différentes forces politiques en présence, dont le Rassemblement National, désormais incontournable avec ses 143 députés élus.

Dans ce climat tendu, la nomination de Michel Barnier comme Premier Ministre a surpris de nombreux observateurs. Ancien commissaire européen, connu pour sa posture diplomatique et ses compétences techniques, Barnier semblait être un choix neutre, loin des tumultes politiques internes. Pourtant, pour Marine Le Pen, ce choix serait loin d’être une simple formalité. Selon elle, Macron aurait « tenu compte des critères du RN », notamment en matière d’immigration, un sujet qui a souvent été au cœur des préoccupations du parti d’extrême droite.

Marine Le Pen

Marine Le Pen : « Macron a pris en compte nos critères »

Dans une interview accordée à La Tribune, Marine Le Pen a affirmé que le Président de la République avait choisi Michel Barnier en prenant en considération certaines positions du RN, notamment sur la question de l’immigration. Le discours de Barnier lors des primaires des Républicains en 2021 avait en effet marqué les esprits, lorsqu’il avait évoqué la nécessité de reprendre le contrôle des frontières et de réviser les politiques migratoires. Des propositions qui faisaient étrangement écho aux revendications du Rassemblement National, et qui, selon Marine Le Pen, ont influencé la décision d’Emmanuel Macron.

« Michel Barnier reconnaît au moins que l’immigration est un problème majeur pour notre pays », a-t-elle déclaré, tout en rappelant que cela ne suffisait pas. « Maintenant, nous attendons de lui des actions concrètes. » En d’autres termes, le RN semble prêt à juger Michel Barnier non sur ses discours, mais sur ses actions à la tête du gouvernement.

Jordan Bardella

Jordan Bardella : « Nous n’allons pas provoquer de blocage institutionnel »

Jordan Bardella, Président du Rassemblement National et étoile montante de la droite populiste, a adopté une posture similaire à celle de Marine Le Pen. Lors de son passage sur TF1 le samedi 7 septembre, il a clarifié la position de son parti concernant le futur gouvernement. Bardella a souligné que le RN ne souhaitait pas créer un « désordre institutionnel » en renversant immédiatement le gouvernement de Barnier.

Cette stratégie semble indiquer que le RN préfère adopter une attitude d’observation et d’évaluation plutôt que d’entrer dans une opposition frontale dès le départ. « Nous allons évaluer ce Premier Ministre sur la base de ses actions », a précisé Bardella, tout en avertissant que si Michel Barnier devenait « le nouveau porte-parole du macronisme » et continuait la politique rejetée par les Français lors des élections législatives, « alors ce gouvernement pourrait être renversé. »

Il est clair que le RN se positionne en tant que force de responsabilité et non de chaos. Mais cette attitude prudente ne signifie pas que le parti renoncera à son droit de censure si les actions du gouvernement ne répondent pas aux attentes de leurs électeurs.

Le spectre d’une élection présidentielle anticipée

Parmi les scénarios envisageables dans cette situation politique tendue, Marine Le Pen n’écarte pas l’idée d’une élection présidentielle anticipée. Pour elle, c’est un des seuls moyens qui reste à Emmanuel Macron pour sortir de l’impasse politique actuelle. Elle a d’ailleurs rappelé que le Président de la République a trois options pour répondre à une crise politique majeure : Renouveler son gouvernement, dissoudre l’Assemblée Nationale, ou démissionner. Selon elle, les deux premières options étant désormais difficiles à envisager, il ne resterait que la troisième.

L’idée d’une élection anticipée, bien que lointaine pour l’instant, fait écho aux ambitions de Marine Le Pen. Depuis les élections présidentielles de 2022, elle reste une figure incontournable de la scène politique, et le contexte actuel pourrait renforcer sa position pour un éventuel retour aux urnes.

L’avenir politique du Rassemblement National

La posture actuelle du Rassemblement National est stratégique. En choisissant de ne pas se précipiter dans une opposition systématique, Marine Le Pen et Jordan Bardella montrent qu’ils cherchent à jouer un rôle central et déterminant dans la politique française. Ils semblent prêts à travailler avec le gouvernement si celui-ci s’aligne sur certaines de leurs positions, notamment sur l’immigration et la souveraineté nationale. Mais ils se réservent aussi le droit de faire chuter ce gouvernement si celui-ci se révèle être une continuation du macronisme.

La grande question reste donc : Michel Barnier pourra-t-il naviguer entre les différentes forces politiques et répondre aux attentes aussi bien du RN que des autres partis de l’Assemblée ? Sa gestion de la question migratoire sera sans doute un des points clés sur lesquels il sera jugé. Mais au-delà de cela, il devra faire face à des défis économiques, sociaux et environnementaux majeurs qui pèsent actuellement sur la France.

Une France à la croisée des chemins

Le choix de Michel Barnier comme Premier Ministre marque un tournant dans la politique française. Pour le Rassemblement National, ce choix peut être vu comme un pas vers la reconnaissance de certaines de leurs priorités, notamment sur l’immigration. Cependant, Marine Le Pen et Jordan Bardella ont clairement indiqué que leur soutien dépendrait des actions concrètes de ce nouveau gouvernement.

Dans un contexte où le paysage politique est plus fragmenté que jamais, le Rassemblement National semble prêt à jouer un rôle central, non pas en provoquant un chaos immédiat, mais en adoptant une posture de vigilance et de responsabilité. Reste à voir si cette stratégie portera ses fruits et si le RN réussira à peser encore plus lourd dans les décisions qui façonneront l’avenir de la France.

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