Léontine : « Alors que Marine Le Pen vient d’être condamnée à une peine d’inéligibilité de cinq ans, je me demande… Peut-elle vraiment espérer une grâce présidentielle d’Emmanuel Macron ? Serait-il envisageable qu’un président sortant tende la main à sa principale opposante pour lui ouvrir la porte de l’élection présidentielle 2027 ? Et si derrière cette hypothèse se jouait le sort même de la démocratie française ? »
La scène politique française s’est figée le 31 mars 2025. Dans un tribunal de Paris bondé et sous le regard implacable de la presse internationale, Marine Le Pen, héritière du Rassemblement National, a été condamnée à quatre ans de prison dont deux ferme sous bracelet électronique, 100 000 euros d’amende et surtout, cinq années d’inéligibilité avec exécution provisoire. Cette dernière mesure, redoutable, signifie que la peine est applicable immédiatement, même en cas d’appel.
Un coup de tonnerre. Une exclusion brutale de la scène politique pour celle qui avait frôlé la victoire en 2022 et qui, selon tous les sondages, était la grande favorite de 2027. Ses partisans crient au complot, ses adversaires à la justice restaurée. Mais au-delà des clivages, une question juridique, politique, et même historique émerge : Emmanuel Macron, en tant que Président de la République, pourrait-il, devrait-il, user de son droit de grâce pour lui permettre de se représenter ?
L’article 17 de la Constitution française est limpide : « Le Président de la République a le droit de faire grâce à titre individuel. » Ce privilège, rémanent de la monarchie et du bon plaisir royal, reste aujourd’hui un instrument discrétionnaire du chef de l’État. Depuis la réforme de 2008, la grâce est encadrée par un avis préalable du Conseil supérieur de la magistrature, mais reste l’expression de la volonté personnelle du Président. Emmanuel Macron, en homme seul, pourrait donc, s’il le décidait, faire tomber l’inéligibilité de Marine Le Pen.
Mais une condition s’impose : La condamnation doit être définitive. Or, au moment où ces lignes sont écrites, les avocats de Marine Le Pen hésitent. Faire appel, c’est continuer le combat judiciaire, mais c’est aussi bloquer toute possibilité de grâce tant que l’appel est en cours. Ne pas faire appel, c’est se soumettre, mais c’est aussi ouvrir une porte politique. Celle d’un geste d’État.
Un geste que d’aucuns verraient comme un pacte diabolique entre deux figures que tout oppose. Mais l’histoire, elle, n’a pas peur des paradoxes. Emmanuel Macron pourrait gracier Marine Le Pen, non par adhésion à ses idées, mais au nom du droit à l’éligibilité, au nom du peuple, pour ne pas être accusé d’avoir organisé la disparition politique de son opposante.
Hervé Mariton, ancien ministre et figure de la droite républicaine, a publiquement appelé à ce que Marine Le Pen renonce à l’appel afin de permettre une grâce. Une déclaration qui a secoué l’Assemblée comme une traître pour certains, comme un appel à la réconciliation nationale pour d’autres.
Mais que signifierait une telle grâce ? Elle n’effacerait pas la condamnation. Elle ne réhabiliterait pas la candidate, mais elle annulerait les effets de la peine, notamment l’inéligibilité. Marine Le Pen, alors, pourrait se représenter. La course à 2027 serait relancée.
Les réactions internationales ne se feraient pas attendre. Certains applaudiraient un geste démocratique. D’autres y verraient une trahison de la justice. Quant aux Français, partagés entre la colère et la lassitude, ils seraient sommés de choisir entre l’ordre juridique et le droit à choisir leur candidat.
Et si la véritable question n’était pas de savoir si Macron le peut, mais s’il le doit ? Gracier Marine Le Pen ne serait pas seulement un acte de clémence. Ce serait un signal fort, à double tranchant. Une bombe politique capable de réconcilier ou de diviser plus encore.
En cette fin d’après-midi, alors que les ombres s’allongent sur la République, mon café est froid, mais ma question brûle toujours. Léontine, aujourd’hui, attend une réponse que seul le palais de l’Élysée peut lui offrir. Une réponse qui pourrait changer le cours de l’Histoire.
👉 Et vous, croyez-vous qu’Emmanuel Macron osera gracier Marine Le Pen ? Ou laissera-t-il la justice sceller, une fois pour toutes, le destin politique de sa plus grande opposante ?