Marie-Ange, jeune mère mahoraise, regarde avec inquiétude les sacs d’aide qui viennent d’être déposés dans son village. « Que vais-je faire de cette farine alors que nous n’avons ni électricité ni gaz pour cuisiner ? » s’interroge-t-elle, désespérée. En temps de crise, peut-on réellement répondre aux besoins des sinistrés avec des solutions adaptées ?
Mayotte après le cyclone Chido : Une aide humanitaire adaptée est-elle possible ?
Le cyclone Chido a frappé l’île de Mayotte avec une intensité dévastatrice, laissant derrière lui des villages endommagés, des infrastructures en ruines et des familles démunies face à l’urgence humanitaire. Alors que les secours affluent et que des centaines de tonnes d’aide sont distribuées, la question reste : Cette aide est-elle vraiment adaptée aux besoins des Mahorais ?
Une catastrophe sans précédent
Dix jours après le passage du cyclone, l’île tente de se relever, mais les conséquences de la tempête tropicale restent visibles. Des maisons détruites, des routes impraticables et des pénuries d’eau et d’électricité plongent les habitants dans une situation critique. Marie-Ange, une mère de famille, raconte : « Nous avons tout perdu. Sans électricité, nous ne pouvons pas cuisiner ni conserver de nourriture. Les enfants souffrent, et nous ne savons pas comment tenir. »
Le gouvernement a envoyé 180 tonnes d’aide humanitaire comprenant de l’eau, de la farine, de l’huile et des conserves. Pourtant, cette aide est jugée insuffisante et mal adaptée par de nombreux habitants et responsables locaux.
Des critiques sur le contenu des paniers d’aide
La députée RN Anchya Bamana a été l’une des voix les plus critiques face à la gestion de l’urgence. « Le panier est composé de farine, mais que pouvons-nous en faire sans électricité ni gaz ? » s’est-elle insurgée. Elle plaide pour une aide plus pratique : « Des conserves de thon, des sardines, des œufs, voilà ce dont les Mahorais ont besoin en priorité. »
Au-delà des produits alimentaires, l’élue insiste sur le rétablissement de l’électricité et de l’eau, qui sont des éléments essentiels pour permettre aux familles de reprendre une vie normale. « Les habitants souffrent parce qu’ils n’ont pas d’eau potable, parce qu’ils n’ont pas d’électricité, et parce qu’ils sont isolés sans moyen de communication », ajoute-t-elle.
Les infrastructures en ruines
Selon la préfecture de Mayotte, 90% des réseaux d’eau ont été rétablis, mais certaines zones, notamment dans les hauteurs et en fin de canalisation, restent inaccessibles. Ces difficultés illustrent la fragilité des infrastructures de l’île, qui ont été durement mises à l’épreuve par le cyclone.
L’électricité est également un point critique. Dans certains villages, les familles doivent s’éclairer à la bougie ou utiliser des groupes électrogènes, une solution temporaire et coûteuse. « Sans électricité, nous ne pouvons pas conserver les aliments frais ou utiliser nos appareils électroménagers », explique Fatima, une habitante de Mamoudzou.
Une réponse adaptée aux besoins locaux
La situation actuelle soulève une question essentielle : Comment mieux anticiper et répondre aux besoins des populations sinistrées ? Plusieurs pistes sont évoquées par les acteurs locaux et les organisations humanitaires :
- Adapter le contenu des paniers d’aide : Fournir des aliments prêts à consommer, comme des conserves, des biscuits énergétiques ou des repas lyophilisés.
- Prioriser les infrastructures essentielles : Accélérer la réparation des réseaux d’eau, d’électricité et de télécommunications.
- Renforcer la prévention : Investir dans des infrastructures plus résilientes pour mieux résister aux catastrophes naturelles.
Une reconstruction à long terme
Mayotte, comme d’autres territoires d’outre-mer, est particulièrement vulnérable aux conséquences du changement climatique. La répétition de ces événements pousse les autorités à réfléchir à des solutions à long terme pour renforcer la résilience de l’île.
Dans l’immédiat, la priorité reste de répondre aux besoins immédiats des sinistrés tout en amorçant une reconstruction durable. Comme le rappelle Marie-Ange : « Ce cyclone a changé nos vies. Mais si nous sommes bien soutenus, nous pourrons nous relever et bâtir un avenir meilleur pour nos enfants. »