Mélenchon face aux caméras : émotion choisie ou stratégie politique ? Décryptage d’un moment qui divise la France.

Larmes de crocodile ? Quand Mélenchon s’émeut d’une musulmane mais reste de marbre face aux meurtres de juifs

POLITIQUE

Paris, 28 avril 2025 – Le ciel est bas, comme souvent quand l’Histoire s’écrit à demi-mots. La foule se masse place de la République. Sur les pancartes, des appels à la paix, à la tolérance, à la dignité. À la tribune, Jean-Luc Mélenchon serre un micro dans sa main tremblante. Devant lui, une femme musulmane voilée, la voix brisée, raconte sa peur. Celle d’être regardée de travers dans le métro. Celle de savoir ses enfants grandir dans un pays où certains politiciens l’accusent d’exister trop fort. Et c’est là, à cet instant, que le vieux lion de la gauche insoumise baisse les yeux. Une larme roule. Puis une autre. Les caméras zooment. Les flashs crépitent. L’image est puissante. Presque trop parfaite.

Mais dans les cafés du Marais, les salons de Sarcelles ou les synagogues de Strasbourg, une question gronde, acide : Où étaient ses larmes quand un enseignant juif a été poignardé à Marseille ? Où était Mélenchon quand un vieil homme a été jeté du balcon à Paris parce qu’il portait une kippa ?

Une émotion calibrée ?

Ce n’est pas la première fois que Jean-Luc Mélenchon verse des larmes devant les caméras. Larmes devant la tombe de Chavez, larmes pour Adama Traoré, larmes encore face aux Gilets jaunes blessés par les forces de l’ordre. Mais ces larmes ont-elles toujours la même valeur ?

Ce 28 avril, il n’a pas pleuré pour une citoyenne. Il a pleuré pour un symbole. Et certains dénoncent aujourd’hui une émotion calibrée, pensée pour frapper les esprits, mais aussi pour rassembler un électorat précis : Celui des quartiers populaires, souvent musulmans, souvent précaires, souvent déçus par la République.

Et pourtant… quand des Français juifs tombent sous les balles ou les couteaux, les larmes de Mélenchon semblent se tarir.

Des silences qui dérangent

Ilan Halimi, Mireille Knoll, Sarah Halimi, les victimes de l’Hyper Cacher… Autant de noms gravés dans la mémoire collective, mais qui n’ont pas trouvé l’écho d’une émotion aussi vive chez Jean-Luc Mélenchon. Pas de tweet enflammé. Pas de pleurs devant les caméras. Pas de discours à l’Assemblée. Rien ou presque. Un communiqué sec, peut-être. Une indignation administrative.

Pourquoi ? Pour ne pas « faire le jeu de l’extrême droite« , disent certains de ses soutiens. Pour ne pas « entretenir la division« , répondent ses proches. Mais est-ce vraiment une excuse quand on parle de meurtres, de vies humaines, de sang versé parce qu’un citoyen portait une étoile autour du cou ?

Une indignation à géométrie variable

Le cœur de Jean-Luc Mélenchon bat-il à gauche ? Sans doute. Mais il bat aussi au rythme d’un agenda politique exigeant, où chaque émotion est pesée, chaque mot soupesé, chaque silence stratégique.

Ce 28 avril 2025, il a versé une larme qui lui vaudra des éloges dans certains médias et des critiques acerbes dans d’autres. Mais ce sont ses absences d’émotion qui font tâche.

Comment expliquer qu’il soit capable de fondre en larmes pour une femme voilée en détresse, mais qu’il reste sec et froid quand des citoyens juifs sont massacrés dans l’indifférence générale ?

Cette question dérange. Elle dépasse le cas Mélenchon. Elle interroge toute une partie de la gauche française, prompte à dénoncer l’islamophobie mais bien plus timide lorsqu’il s’agit d’appeler un crime antisémite par son nom.

Une France divisée, un tribune de trop ?

Sur les réseaux sociaux, la vidéo de Mélenchon en pleurs tourne en boucle. Elle est saluée, moquée, détournée. Mais au fond, elle révèle une chose essentielle : En France, même la compassion est devenue un acte politique. Même les larmes sont scrutées, interprétées, disséquées.

« On a le droit de pleurer pour tout le monde. Mais pas pour certains à condition d’oublier les autres », écrit un internaute. « Quand Mélenchon pleure, ce n’est jamais gratuit. C’est un calcul, un geste de scène », ajoute un autre.

Ce soir-là, peut-être que Jean-Luc Mélenchon a pleuré sincèrement. Peut-être. Mais ses silences passés face aux crimes antisémites viennent ternir cette émotion publique, trop spectaculaire pour être pleinement crédible. Trop orientée pour être universelle.

Des larmes trop politiques ?

Dans une République qui souffre, les dirigeants politiques ont un rôle crucial : Dire, nommer, dénoncer, consoler. Mais ils ont aussi un devoir de cohérence. Pleurer pour les musulmans menacés est un acte d’humanité. Ne pas pleurer pour les juifs assassinés est un oubli impardonnable.

Jean-Luc Mélenchon aurait pu incarner une émotion juste. Il a choisi l’émotion ciblée. Il aurait pu unir. Il divise. Il aurait pu être le visage de la compassion. Il reste celui du calcul.

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