Naïma Moutchou insultée pour ses origines : une affaire qui relance le débat sur le racisme en France.​

Naïma Moutchou victime d’insultes racistes à l’Assemblée Nationale : Une onde de choc politique en France

CHOC

Le jour où une enveloppe a fait vaciller les principes républicains

C’était un matin comme tant d’autres dans les couloirs feutrés de l’Assemblée Nationale. Les huissiers en noir et blanc, les attachés parlementaires, les députés en costumes sobres ou en tailleurs engagés, tout semblait obéir au ballet millimétré du pouvoir législatif. Jusqu’à ce que Naïma Moutchou, députée du Val-d’Oise et figure respectée du parti Horizons, ouvre son courrier. Une enveloppe anodine, glissée parmi les autres, sans cachet particulier, sans signature. Un pli silencieux, mais porteur d’une haine assourdissante.

À l’intérieur, des mots. Des mots qui, une fois lus, glacent le sang : « Vous avez une gueule d’Arabe, allez cramer des voitures en banlieue au lieu de parler dans l’hémicycle. » Une phrase d’un autre siècle. Une phrase qui frappe comme une gifle à la République. Une insulte à l’intelligence, à la dignité, à l’histoire.

Naïma reste un instant figée. Ce n’est pas la première fois qu’elle fait face à des propos haineux. Être une femme, d’origine maghrébine, engagée en politique, expose. Elle le sait. Mais ce matin-là, l’offense franchit une ligne.

Elle respire profondément, puis compose le numéro du bureau du président de l’Assemblée. Quelques minutes plus tard, l’affaire est transmise au bureau de la questure, puis au procureur de la République. Une enquête est immédiatement ouverte pour « injure publique à caractère racial ». La machine judiciaire se met en marche. Mais dans l’âme de Naïma, c’est une autre mécanique qui s’active : Celle de la résistance intérieure.

Une insulte, mille échos

La nouvelle fait le tour de l’hémicycle à la vitesse d’un éclair. Les groupes politiques, du centre à la gauche, de la droite modérée aux écologistes, expriment leur solidarité. Même au sein du Rassemblement National, certains élus condamnent publiquement le message raciste — une rareté qui mérite d’être notée.

Le Premier ministre, en déplacement à Strasbourg, prend la parole dans la foulée : « Il est inconcevable qu’un élu de la République soit attaqué pour ses origines. Nous devons combattre ces relents de haine avec la plus grande fermeté. »

Sur les réseaux sociaux, les hashtags #SoutienNaïma et #RacismeRépublicain se multiplient. Une pétition est lancée, exigeant des sanctions exemplaires pour les auteurs de propos racistes adressés aux élus. En moins de 48 heures, elle recueille plus de 200 000 signatures.

Mais au-delà de l’indignation, c’est une question plus sourde qui monte : Que dit ce genre d’acte de notre société ? Que dit-il de cette France qui prétend accueillir, intégrer, valoriser ses enfants venus d’ailleurs… mais qui tolère encore, dans l’ombre, des paroles aussi ignobles ?

Le poids d’un prénom, la fierté d’une origine

Naïma Moutchou n’est pas seulement une députée. Elle est aussi une ancienne avocate, fille d’un ouvrier marocain et d’une mère engagée dans les associations de quartier. Elle a grandi entre deux mondes : Celui des valeurs républicaines apprises à l’école et celui des regards en biais croisés dans les supermarchés de banlieue. Elle a lutté pour se faire une place, pour prouver que le mérite, le travail et la conviction ne sont pas une question d’ascendance mais de persévérance.

« Ma gueule d’Arabe, comme ils disent, c’est aussi ma fierté », lâchera-t-elle le lendemain à la tribune de l’Assemblée Nationale, la voix tremblante mais ferme. « Ce visage, ces origines, cette histoire familiale, je les porte comme un étendard. Et je continuerai à siéger ici, à défendre les lois de la République, pour qu’un jour aucun enfant, aucune femme, aucun élu n’ait à subir ce que j’ai subi. »

Ses mots sont applaudis debout. Les larmes coulent sur les joues de certains députés. Car en elle, ce matin-là, beaucoup voient la République blessée, mais debout.

Une République face à ses démons

Cette affaire n’est pas isolée. Les statistiques du ministère de l’Intérieur le confirment : En 2024, les actes et propos racistes visant les personnalités publiques ont augmenté de 27%. Les élus locaux issus de la diversité sont souvent les premières cibles, parfois même physiquement agressés.

Le sociologue Didier Fassin évoque une « fracture culturelle encore mal cicatrisée, entre les principes affichés de la République et la réalité vécue sur le terrain ». Pour lui, la montée des discours identitaires, la banalisation de la parole raciste dans certains médias et sur les réseaux sociaux ont « libéré une parole haineuse qui ne s’embarrasse plus d’anonymat ».

L’épisode Moutchou, aussi violent qu’il soit, a cependant produit un électrochoc. L’Assemblée annonce un renforcement du dispositif de filtrage du courrier. Un projet de loi est en cours de rédaction pour alourdir les sanctions envers les auteurs de lettres ou messages anonymes à caractère raciste envoyés à des représentants publics.

Mais au-delà des lois, c’est un combat de fond qui commence. Un combat pour l’éducation, pour la culture du respect, pour une République qui assume enfin toutes ses couleurs, toutes ses voix.

Et demain ?

Naïma Moutchou continue de siéger. Sa détermination n’a pas flanché. Bien au contraire. Elle prépare une proposition de loi sur les discours de haine en ligne, en collaboration avec des députés de tous bords. Un texte qu’elle promet inclusif, juste et ferme.

Car pour elle, chaque insulte reçue est une raison de plus de se battre. Pas seulement pour elle, mais pour toutes celles et ceux qui, dans l’ombre des banlieues ou les marges de la République, se battent chaque jour pour être vus, respectés, considérés.

Elle le dit souvent à ses équipes : « On ne se bat pas contre la haine avec la haine. On se bat avec la dignité. Et la lumière finit toujours par vaincre les ténèbres. »

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