« Comment un simple trajet vers l’université a-t-il basculé en un cauchemar collectif pour Inès, quand elle a découvert un autocollant raciste sur un banc public en plein centre d’Orléans ? »
Quand la ville historique d’Orléans devient le théâtre d’une haine silencieuse
Inès, 21 ans, étudiante en sciences sociales à l’université d’Orléans, n’aurait jamais imaginé vivre une telle scène en empruntant comme chaque matin l’avenue Jeanne d’Arc. Ce jeudi 16 mai 2025, alors que le soleil caressait doucement les pavés encore humides d’une aube de printemps, ses yeux se sont figés sur un détail collé au dos d’un panneau de signalisation :
Écrit en lettres capitales rouges, sur fond blanc, le message tranchait violemment avec la quiétude des lieux.
Elle a cru, un instant, à une mauvaise blague. Puis en relevant les yeux, elle en aperçut un deuxième. Puis un troisième. Sur un lampadaire, un abribus, la porte d’un local électrique… L’angoisse l’a saisie, brutale et viscérale.
Inès, hijab sur la tête, sac chargé de manuels et d’utopies, a reculé, les jambes tremblantes. Une femme âgée l’a frôlée sans un mot, regard fuyant. Inès, elle, a sorti son téléphone, et a pris en photo ce symbole d’un rejet qui jusque-là, dans son quotidien, restait latent, diffus, jamais affiché aussi clairement, aussi brutalement.
Une ville figée entre la honte et la stupeur
Très vite, les réseaux sociaux s’emparent des images. Le mot #Orléans grimpe dans les tendances nationales. La mairie est alertée, les services de propreté envoyés en urgence. En quelques heures, plus de 50 autocollants sont recensés, collés méthodiquement dans des lieux stratégiques : Près des écoles, des lieux de culte, des bancs publics, des commerces, et surtout autour de l’université.
Le maire, Serge Grouard, est sous le choc. Devant la presse, il déclare :
« Jamais je n’aurais cru voir de tels mots imprimés et affichés dans les rues d’Orléans. C’est abject, inacceptable, et cela ne reflète en rien notre ville. »
La préfète du Loiret, quant à elle, dénonce un acte « raciste et islamophobe », et annonce l’ouverture d’une enquête pour provocation à la haine en raison de la religion, un délit passible de lourdes sanctions pénales.
Une organisation derrière l’acte ? Le spectre de l’extrême droite plane
Les autocollants semblent provenir d’une même source : Même taille, même typographie, même colle industrielle utilisée. Les enquêteurs évoquent une action préméditée, organisée, probablement en lien avec des mouvances d’extrême droite radicale.
Un agent de la BAC, sous couvert d’anonymat, confie :
« Ce n’est pas l’œuvre d’un adolescent provocateur. C’est froid, structuré. Ces gens ont voulu semer la peur. »
La peur, justement, s’est installée. Dans les quartiers Sud, à La Source, à Saint-Marceau, les habitants racontent leur malaise. Les parents refusent de laisser leurs enfants seuls à l’arrêt de bus. Les mosquées reçoivent des messages d’encouragement, mais aussi des menaces anonymes. Une jeune femme voilée est insultée en pleine rue le lendemain des faits, comme si l’acte des autocollants avait libéré une parole jusque-là contenue.
Le choc à l’université d’Orléans
À l’université, où plusieurs autocollants ont été découverts sur des murs et des casiers étudiants, la direction décide de porter plainte. Des réunions d’urgence sont organisées, une cellule d’écoute mise en place pour les étudiants choqués.
Naïm, 23 ans, en master d’histoire, raconte :
« C’est comme si on nous disait : “vous n’avez plus votre place ici.” C’est violent, même pour ceux qui n’ont jamais subi directement de racisme. »
Un professeur de sociologie, M. Lejeune, fait cours debout sur une seule diapositive : Une capture d’écran des autocollants. Pendant une heure, il laisse les étudiants s’exprimer. Certains pleurent. D’autres crient. Tous comprennent que ce qu’ils vivent dépasse un simple collage anonyme.
Les réactions politiques : Condamnations unanimes mais divisions latentes
À l’Assemblée Nationale, les réactions pleuvent. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin évoque une « action répugnante qui sera poursuivie avec la plus grande fermeté ». À gauche comme à droite, les élus condamnent en chœur.
Mais rapidement, des divergences émergent. Certains élus de l’extrême droite dénoncent « une instrumentalisation politique de faits isolés ». Une députée RN parle de « provocation à deux vitesses », insinuant que l’on s’indigne davantage pour certains messages que pour d’autres.
La maire de Saint-Jean-de-la-Ruelle, voisine d’Orléans, tance ces propos :
« Il n’y a pas de hiérarchie dans la haine. Coller un autocollant “zone interdite aux musulmans” sur un banc, c’est un acte politique, grave, dangereux. »
Les habitants d’Orléans s’organisent : La résistance par l’affichage
Dès le surlendemain, des initiatives citoyennes fleurissent. Un collectif nommé “Orléans pour Tous” imprime et colle des contre-affiches :
« Ici, tout le monde est chez lui. »
« L’islam n’est pas un délit. Le racisme si. »
Des bougies sont déposées aux lieux les plus touchés. Des fresques de rue recouvrent les traces restantes. Une marche silencieuse est organisée, rassemblant plus de 3 000 personnes.
Inès, la première à avoir photographié les autocollants, est invitée à s’exprimer à la fin du cortège. Elle tremble, mais prend la parole, la voix ferme :
« Je n’ai pas peur. Ces autocollants voulaient nous faire disparaître. Mais aujourd’hui, nous sommes là. Visibles. Déterminés. »
Un réveil douloureux mais nécessaire
Ce qui s’est passé à Orléans n’est pas un incident isolé. C’est un miroir tendu à toute la France, révélateur d’un climat social où la haine, parfois tapie dans l’ombre, cherche à reprendre racine dans l’espace public.
Mais la riposte a été immédiate. De la mairie aux bancs de l’université, des mosquées aux commerces de quartier, les habitants ont rappelé qu’Orléans ne serait jamais le terrain de jeu des racistes.
Car derrière chaque autocollant arraché, chaque affiche de solidarité collée, c’est l’âme d’une ville blessée mais debout qui s’est exprimée.
Raciste ?? L’islam est une race ?