La mobilisation numérique du RN face à la condamnation de Marine Le Pen tourne au chaos technique : voici pourquoi la pétition est introuvable.

Pourquoi la pétition en ligne du RN est quasiment inaccessible depuis le verdict de la condamnation de Marine Le Pen ?

POLITIQUE

Dans les heures qui ont suivi l’annonce du verdict historique du tribunal correctionnel de Paris condamnant Marine Le Pen à quatre ans de prison, dont deux avec sursis, une amende de 100 000 euros et, surtout, une inéligibilité immédiate de cinq ans, la toile s’est embrasée. Tandis que les plateaux télé s’enflammaient, que les journalistes affluaient devant les portes du siège du Rassemblement National, un autre phénomène s’est produit, bien plus silencieux mais tout aussi révélateur : L’inaccessibilité quasi-totale de la pétition lancée en urgence par Jordan Bardella.

Cette pétition, intitulée « Sauvons la démocratie, soutenons Marine« , avait pour but de montrer la force de la mobilisation populaire face à ce que Bardella n’a pas hésité à qualifier de « coup de force judiciaire« . Mais à peine publiée sur le site du RN, le lien a commencé à dysfonctionner. Des centaines, puis des milliers d’internautes ont signalé sur les réseaux sociaux une impossibilité d’accès. Pages blanches, chargements interminables, messages d’erreur : Tout semblait indiquer que la plateforme ne tenait pas la charge.

Parmi eux, Claire*, une retraitée de 67 ans vivant à Albi, confie : « J’ai tout essayé. J’ai cliqué sur le lien partagé sur Facebook, Twitter, même depuis le site officiel du RN. Rien. Je voulais apporter mon soutien à Marine, et je n’ai même pas pu signer. »

Mais alors, que s’est-il passé ? Pourquoi une telle panne numérique, au moment où le parti d’extrême droite avait besoin de démontrer sa capacité à mobiliser ?

Hypothèse 1 : La saturation technique

C’est l’explication la plus immédiate, la plus rationnelle aussi : La plateforme du RN n’était tout simplement pas dimensionnée pour supporter un afflux massif de connexions simultanées. Selon des sources internes au parti, jamais auparavant un tel volume de trafic n’avait été observé. « On a frôlé les 600 000 connexions dans les premières heures », affirme un militant technique sous couvert d’anonymat. « Les serveurs n’ont pas tenu. »

Dans un monde numérique où les géants comme Change.org disposent d’infrastructures robustes réparties sur plusieurs continents, le site du RN, hébergé sur un serveur mutualisé, a plié sous la pression. « C’est comme vouloir faire entrer un TGV dans un garage à vélos », commente un expert en cybersécurité.

Hypothèse 2 : Une cyberattaque coordonnée ?

D’autres voix, plus méfiantes, évoquent la possibilité d’une attaque par déni de service (DDoS), une méthode bien connue consistant à saturer un site de requêtes automatiques pour le rendre inaccessible. « Il ne faut pas exclure cette hypothèse », affirme l’ancien gendarme cyber Damien Lallemand. « Le timing est parfait, et politiquement, les tensions sont vives. »

Si cette piste devait se confirmer, elle révélerait une volonté de nuire non pas au contenu de la pétition, mais à sa visibilité, son existence même. En empêchant les signatures, on en étouffe symboliquement la portée.

Hypothèse 3 : Un sabotage interne ?

Et si la faille venait de l’intérieur ? Certains évoquent la possibilité d’un acte de désobéissance de la part d’un prestataire technique ou d’un collaborateur en désaccord avec la ligne du parti. « Ce serait un coup terrible », estime un cadre RN en région. Mais à l’heure actuelle, aucune preuve ne permet d’étayer cette thèse.

Une colère populaire, une mobilisation freinée

Sur Facebook, les captures d’écran de messages d’erreur s’accumulent. Les internautes s’interrogent, s’énervent, partagent leurs frustrations. « C’est un complot !« , s’exclame l’un. « Ils veulent faire taire le peuple !« , écrit un autre. Mais tous s’accordent sur un point : Cette panne a freiné, voire étouffé une dynamique que Jordan Bardella voulait fulgurante.

Le président du RN, dans une vidéo postée sur X (anciennement Twitter), a tenté de rassurer ses sympathisants : « Nos équipes travaillent d’arrache-pied pour rétablir l’accès. Continuez à tenter, nous ne lâcherons rien. Cette pétition est le symbole d’une France qui refuse l’injustice. »

Une nouvelle preuve d’impréparation numérique ?

Mais cette mésaventure soulève une question plus large : Comment un parti aspirant à gouverner un pays de 67 millions d’habitants peut-il se retrouver dépassé par une simple pétition en ligne ? « Cela donne une image d’amateurisme », estime un analyste politique. « Dans une ère où les campagnes se gagnent aussi dans le numérique, cette défaillance est un signal d’alerte. »

Et maintenant ?

Alors que l’appel de Marine Le Pen a été déposé dans les heures qui ont suivi sa condamnation, et que l’éligibilité pour 2027 reste suspendue à une décision de la cour d’appel, cette pétition avortée aura laissé un goût amer à ses partisans. Et elle illustre, peut-être mieux que n’importe quel discours, la fragilité des canaux numériques de mobilisation quand ils ne sont pas solidement préparés.

Le RN promet une version relancée, hébergée sur des serveurs plus robustes. Mais l’élan du premier jour est-il définitivement perdu ?

Dans cette affaire, tout est affaire de symboles. Et dans le combat des symboles, l’impossibilité de signer une pétition peut devenir une défaite politique plus cuisante qu’un tweet malheureux ou qu’un débat raté. Car elle touche là où le parti voulait montrer sa force : Dans l’adhésion populaire.

* Prénom modifié.

1 thought on “Pourquoi la pétition en ligne du RN est quasiment inaccessible depuis le verdict de la condamnation de Marine Le Pen ?

  1. J’ai essayé 2 fois hier soir. La pétition est bien signée; je reçois le message me disant de confirmer le mail envoyé…. mais je ne le reçois pas ! Je recommence ce matin : idem !!! Mais je ne me décourage pas !!!

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