Affaire Rima Hassan vs Gérard Larcher : Plainte pour diffamation, tensions politiques et enjeux diplomatiques. On vous raconte tout.

« Crapule » : Rima Hassan (LFI) visée par une plainte de Gérard Larcher après un tweet polémique

POLITIQUE

Il était environ 22h12 ce soir-là, quand Rima Hassan, eurodéputée fraîchement élue sur la liste de La France Insoumise, prit son téléphone pour rédiger une ligne. Une seule. Cinglante. Tranchante comme une lame affûtée. Sur le réseau social X, ex-Twitter, elle écrivit :

« Gérard Larcher est une crapule. »

Trois mots, treize lettres, et l’arène politique française fut aussitôt en feu.

Un mot pour Gaza

Rima n’était pas une élue comme les autres. Née dans le camp de réfugiés de Neirab en Syrie, arrivée en France à l’âge de 10 ans, naturalisée en 2010, cette juriste franco-palestinienne portait en elle les cicatrices de l’exil et l’urgence de la cause. Militante acharnée pour la reconnaissance de l’État palestinien, elle n’a jamais masqué ses convictions. Gaza, la Cisjordanie, les souffrances civiles sous les bombes, l’humiliation d’un peuple sans drapeau reconnu : Tout cela vivait en elle.

Alors, quand Gérard Larcher — président du Sénat, figure tutélaire du centre droit français — déclara que « les conditions ne sont pas réunies pour une reconnaissance de l’État palestinien », en invoquant notamment la faiblesse de l’Autorité palestinienne et la présence d’otages français à Gaza, Rima Hassan se sentit trahie.

Le tweet qui fait trembler la République

La réponse fut immédiate. « Crapule ». Le mot est lourd, chargé d’histoire. Dans la bouche d’un citoyen, il peut passer pour une injure banale. Mais dans celle d’une élue de la République, adressée à une autre figure institutionnelle, il prend une toute autre ampleur.

Dans les minutes qui suivirent, les réactions s’enchaînèrent. À droite, les sénateurs s’indignèrent. Au centre, des appels à la retenue. À gauche, un silence embarrassé. Seuls quelques soutiens de Rima sur les bancs insoumis défendirent le tweet comme « un cri du cœur », un « acte de dénonciation politique » face à l’inaction française en matière de diplomatie au Proche-Orient.

Mais Gérard Larcher, 74 ans, fin stratège de la vie institutionnelle, n’allait pas laisser passer l’affront.

Gérard Larcher dégaine la justice

Le 16 avril 2025, le président du Sénat saisit la procureure de Paris et déposa une plainte pour injure publique et diffamation. L’argumentaire était clair : L’attaque ne relevait pas du débat politique, mais de l’atteinte à son honneur personnel.

Dans le dossier, les avocats de M. Larcher firent valoir que cette insulte portait atteinte à son intégrité, alors même qu’il s’était exprimé, selon eux, dans une logique d’équilibre diplomatique, prenant en compte à la fois les victimes israéliennes du Hamas et les souffrances du peuple palestinien.

Une tension qui cristallise les fractures de la République

Cette affaire n’est pas seulement un contentieux entre deux élus. Elle cristallise une fracture beaucoup plus profonde : Celle entre la France institutionnelle et la nouvelle gauche insoumise, entre le discours diplomatique feutré et la dénonciation directe venue des marges.

Rima Hassan incarne cette nouvelle génération politique qui rejette les compromis, qui parle cru, qui prend fait et cause sans détour. Dans son entourage, certains assurent qu’elle ne regrette rien. D’autres avouent en privé que la forme était peut-être mal choisie, mais que le fond reste inchangé.

Liberté d’expression ou injure institutionnelle ?

La question centrale reste entière : Jusqu’où peut aller un élu dans l’expression de ses opinions ? La justice devra trancher. La jurisprudence, en France, est délicate sur ce point. Si la liberté d’expression politique est très largement protégée, l’injure dirigée vers un représentant de l’État peut tomber sous le coup de la loi.

Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire. Rima Hassan sera-t-elle convoquée ? Devra-t-elle s’expliquer devant le tribunal correctionnel ? La procédure s’annonce longue, scrutée, analysée, disséquée par les médias.

En toile de fond : La Palestine, toujours

Mais derrière le mot « crapule », ce qui se joue, c’est la question palestinienne. Le président Emmanuel Macron a évoqué une possible reconnaissance de l’État palestinien en juin 2025, suscitant des espoirs et des tensions. Le dossier diplomatique est brûlant, et chaque mot, chaque position devient explosif.

Rima Hassan, pour sa part, continue de militer. En dépit des plaintes, des polémiques, des injonctions au silence, elle trace sa voie, fidèle à ses racines et à ses engagements.

Et maintenant ?

La justice dira si l’impulsion d’un tweet doit être jugée comme une faute. Mais sur le terrain politique, le fossé semble se creuser un peu plus entre les figures du vieux monde et les hérauts d’une gauche insoumise qui n’a plus peur des mots… quitte à les payer devant les tribunaux.

Laisser un commentaire