La guillotine, invention emblématique de la Révolution française, a marqué l’histoire pendant près de deux siècles. Pourquoi sa lame est-elle inclinée et non pas droite ?
La guillotine, symbole puissant de la Révolution française, est une invention qui a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire de la justice. Conçue en 1789 par le médecin et député Joseph Ignace Guillotin, elle a été utilisée jusqu’en 1977, année de la dernière exécution en France. Mais au-delà de son rôle dans l’histoire, un aspect intrigant de cet appareil est la forme de sa lame, qui n’est pas droite, mais inclinée. Pourquoi cette particularité ?
Un instrument de justice égalitaire
À l’époque de la Révolution française, un vent de changement souffle sur le pays. Les idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité poussent les révolutionnaires à repenser de nombreuses institutions, y compris la justice pénale. Joseph Ignace Guillotin propose alors une réforme radicale : Que la décapitation soit le seul mode d’exécution, et qu’une machine soit mise au point pour remplacer la main du bourreau. L’objectif est double : Rendre l’exécution plus rapide et moins douloureuse, et assurer que la loi soit appliquée de manière égale pour tous.
La quête de l’efficacité
Les ancêtres de la guillotine existaient déjà, mais avec des technologies moins perfectionnées. Guillotin veut une machine efficace, nécessitant le moins d’intervention humaine possible. La clé de cette efficacité réside dans la lame. Une lame droite risquait de ne pas couper net dans tous les cas, ce qui pourrait entraîner des souffrances inutiles.
L’intervention royale
Selon les « Mémoires des Sanson », rédigées sous le nom d’Henri Sanson, bourreau de l’État, Louis XVI aurait lui-même suggéré la forme inclinée de la lame. Après avoir examiné le prototype initial, il critique la lame en forme de croissant, estimant qu’elle serait insuffisante pour garantir une coupe franche à chaque fois. Il propose alors une lame inclinée, une suggestion qui aurait été confirmée après des essais.
Une innovation mortelle
La guillotine fait ses premières démonstrations sur des moutons avant d’être utilisée sur des humains. Le 25 avril 1792, place de Grève à Paris, Nicolas Jacques Pelletier devient le premier homme à être exécuté par guillotine. Condamné pour vol et agression, il est décapité en public, et l’événement est relaté dans le quotidien La Feuille du jour. La précision de la lame inclinée garantit une mort rapide et minimise les souffrances, répondant ainsi aux objectifs humanitaires de Guillotin.
Un héritage controversé
L’ironie veut que Louis XVI, le même roi qui a proposé la lame inclinée, finisse par être exécuté par cet instrument le 21 janvier 1793. La guillotine a été utilisée tout au long de la Révolution française et bien au-delà, devenant un symbole de la justice égale pour tous, mais aussi de la terreur révolutionnaire.
La forme inclinée de la lame de la guillotine n’est pas un simple détail technique. Elle reflète une volonté de rendre les exécutions plus humaines en minimisant la souffrance des condamnés. Conçue dans un esprit de justice égalitaire, la guillotine demeure un témoignage fascinant de la période tumultueuse de la Révolution française et de l’évolution des concepts de justice et de peine de mort.
