« Si la justice la frappe d’inéligibilité dans les jours à venir, que restera-t-il de sa spectaculaire avance dans les sondages ? Est-il possible qu’une candidate annoncée favorite voie ses ambitions s’effondrer sous le poids d’une décision judiciaire ? »
Au matin du 30 mars 2025, alors que les rues de Paris se réveillent lentement sous un ciel plombé, un frisson politique parcourt la France. Dans les couloirs feutres de la République, les regards sont braqués vers un nom : Marine Le Pen. La députée du Pas-de-Calais, présidente du groupe Rassemblement National à l’Assemblée Nationale, se trouve au centre d’un tourbillon sans précédent.
Selon le dernier sondage Ifop-JDD, elle survole les intentions de vote pour la présidentielle de 2027. Avec une estimation oscillant entre 34 et 37% des voix au premier tour, elle devance Édouard Philippe et Jean-Luc Mélenchon de plusieurs longueurs. Une progression fulgurante, dix points au-dessus de son score de 2022. Mais cette ascension cache une épée de Damoclès : Un jugement imminent pourrait bouleverser le cours de son destin.
Dans un appartement discret de Lyon, une internaute passionnée de politique tape fébrilement sur son clavier. Elle pose la question qui agite les cercles militants : « Si la justice la frappe d’inéligibilité dans les jours à venir, que restera-t-il de sa spectaculaire avance dans les sondages ? Est-il possible qu’une candidate annoncée favorite voie ses ambitions s’effondrer sous le poids d’une décision judiciaire ? »
La réponse se trouve dans les dossiers empilés au parquet de Paris. Car ce lundi 31 mars 2025, la 11e chambre correctionnelle doit rendre son verdict dans l’affaire des assistants parlementaires du Rassemblement National. Le parquet a requis une peine exemplaire : Cinq ans de prison, dont deux fermes, assortie de cinq ans d’inéligibilité exécutoire.
Le motif ? Détournement de fonds publics européens. Marine Le Pen est accusée d’avoir employé des assistants parlementaires européens pour des activités liées au parti, et non à leurs fonctions au Parlement de Strasbourg. Une affaire complexe, tentaculaire, où la justice entend marquer les esprits.
Mais peut-on écarter la favorite d’une présidentielle au sommet de sa popularité ? Le scénario est redouté autant qu’attendu. Car les partisans de Marine Le Pen y voient une machination politique, une tentative de museler l’opposition populiste. « Si elle est condamnée, ce ne sera pas Marine Le Pen qui chutera, mais la confiance dans les institutions », prédit un cadre du RN resté anonyme.
Pourtant, dans l’ombre, le parti s’organise. Jordan Bardella, jeune président du Rassemblement National, incarne déjà l’hypothèse d’une campagne de remplacement. Il multiplie les apparitions, soigne sa stature, et reste en embuscade. En cas de déchéance judiciaire de Marine Le Pen, il serait sans doute propulsé dans l’arène.
Le climat politique, lui, s’alourdit. Les opposants accusent le RN de vouloir retourner la justice contre la démocratie. Les partisans, eux, s’inquiètent d’une justice qu’ils jugent « à géométrie variable ». Dans ce contexte incertain, les électeurs oscillent entre fascination et doute. Marine Le Pen, forte d’une image « adoucie », presque institutionnelle, apparaît pour beaucoup comme la seule capable de répondre à la colère sociale et à l’exigence d’ordre.
Mais l’affaire des assistants parlementaires risque de balayer tout cela. Un seul mot du tribunal, et la dynamique peut s’inverser. L’avenir d’une candidature se joue à huis clos, dans le silence solennel d’une salle d’audience. Les juges ont en main plus qu’un dossier : Ils tiennent l’équilibre fragile d’une démocratie en pleine mutation.
Déjà, des militants s’organisent. Des collectifs se montent. Des avocats préparent les recours. Si la peine est confirmée, le RN pourrait plaider l’inconstitutionnalité de l’exécution provisoire. D’autres misent sur un appel, qui suspendrait la peine, maintenant ainsi Marine Le Pen dans la course. Le suspense est total.
Dans les chaumières, les bistrots, les réseaux sociaux, on ne parle que de ça. L’idée d’une présidente Le Pen, jadis marginale, est devenue une hypothèse tangible. Et pourtant, le couperet judiciaire plane, froid, impartial.
Le 31 mars, la France retiendra son souffle. Le destin d’une femme, le devenir d’un parti, et peut-être même l’équilibre politique de la Nation pourraient basculer dans un simple murmure : Le verdict.