J’étais tranquillement installée à ma table de cuisine, le café encore fumant, quand j’ai entendu cette nouvelle à la radio : Marine Le Pen pourrait être déclarée inéligible à la présidentielle de 2027 à cause du procès sur les assistants parlementaires… Est-ce possible ? Et surtout, quelles conséquences pour le Rassemblement National ?
Le jour où tout bascula dans le camp Le Pen : Chronique d’une tourmente judiciaire
C’était un matin comme les autres à Nanterre. Un ciel de plomb, quelques gouttes s’écrasant sur le pare-brise d’une voiture officielle, et au bout du couloir d’un tribunal parisien, une figure politique bien connue qui s’apprêtait à franchir une porte qui pourrait sceller son destin. Ce 31 mars 2025, à 9h tapantes, le tribunal correctionnel de Paris devait rendre son jugement dans une affaire à la fois administrative, financière, mais surtout profondément politique : L’affaire des assistants parlementaires européens du Rassemblement National.
Marine Le Pen, héritière d’un empire idéologique bâti à coups de discours frontaliers et de stratégies électorales affûtées, n’était pas simplement une accusée de plus dans les registres de la République. Elle était la candidate de l’opposition la plus probable à Emmanuel Macron ou à son successeur. Elle était l’icône d’une droite dure, républicanisée, que l’on disait plus que jamais proche du pouvoir.
Mais ce matin-là, ce n’est pas un duel électoral qui se jouait, c’était bien plus : L’avenir même de sa carrière politique.
Une condamnation potentiellement fatale : 5 ans d’inéligibilité requis
Depuis des années, l’ombre de cette affaire planait au-dessus du RN. Elle concernait l’emploi présumé fictif d’assistants parlementaires européens, qui, selon les enquêteurs, œuvraient bien davantage pour le parti que pour les missions de l’Union européenne. Pour le parquet, cela ne faisait aucun doute : Les salaires versés par Bruxelles avaient financé l’activité politique interne du RN. D’où la sévérité de la réquisition : 5 ans d’inéligibilité avec exécution provisoire, assortis d’une peine de prison avec sursis.
Exécution provisoire. Deux mots lourds de conséquences. Car même en cas d’appel, la peine s’appliquerait immédiatement. Autrement dit : Marine Le Pen serait empêchée de se présenter à la présidentielle de 2027.
Le Rassemblement National dans la tourmente
Dans les locaux du RN, rue Michel-Ange, l’ambiance est électrique. Le silence feutré des jours d’élections tend place à l’agitation des jours d’alerte rouge. Jordan Bardella, jeune président du parti et héritier désigné, multiplie les interventions médiatiques. Sur les plateaux de télévision comme dans les communiqués internes, le mot d’ordre est clair : « Marine est et restera notre candidate ». Le RN ne veut pas croire à un tel scénario.
Mais les faits sont là. Le 28 mars 2025, soit trois jours avant le jugement, le Conseil constitutionnel a rendu une décision qui a tout changé : Désormais, les peines d’inéligibilité peuvent s’appliquer immédiatement, sans attendre l’issue d’un éventuel appel. Une claque pour les stratèges du RN. Un choc pour Marine Le Pen elle-même, qui aurait confié à ses proches : « C’est ma mort politique qu’ils réclament. »
Une guerre de communication : La martyre contre le système
Marine Le Pen n’est pas restée silencieuse. Dans une vidéo diffusée sur ses réseaux sociaux, elle apparaît grave, le regard droit dans la caméra. Elle dénonce une instrumentalisation politique de la justice, une tentative d’éliminer par les tribunaux ce que les urnes ne parviennent pas à contenir. Elle accuse sans détour : « On veut priver des millions de Français de leur candidate. »
Une stratégie de victimisation qui n’est pas nouvelle, mais qui, cette fois, pourrait bien faire mouche. Dans les couloirs du pouvoir, certains craignent une montée de la colère populaire si Marine Le Pen venait à être écartée de manière judiciaire. Le RN pourrait alors capitaliser sur cette injustice perçue, galvanisant ses troupes pour les prochaines échéances.
Jordan Bardella, l’héritier désigné mais pas encore couronné
Le nom circule avec insistance : Jordan Bardella. S’il refuse publiquement l’hypothèse d’une candidature de substitution, le jeune leader sait que les projecteurs pourraient bientôt se braquer sur lui. À 29 ans, il est populaire, charismatique, et incarne une version plus lisse du RN. Mais il n’est pas Marine. Il n’a pas l’aura de celle qui, trois fois, s’est hissée au second tour de la présidentielle. Il n’a pas son nom. Et cela, dans un parti encore marqué par la personnalisation du pouvoir, pourrait faire toute la différence.
L’impact sur la présidentielle de 2027 : Recomposition ou chaos ?
Si Marine Le Pen est déclarée inéligible le 31 mars, le paysage politique français entrera dans une phase d’incertitude absolue. Sans elle, le RN devra revoir toute sa stratégie. Et du côté de la majorité présidentielle, cette éviction pourrait rebattre les cartes. Les Républicains, reconquérants, espéreraient récupérer des voix. La gauche, divisée, pourrait jouer l’union sacrée. Mais une chose est certaine : Le procès des assistants parlementaires ne se résume pas à une affaire comptable. C’est une bombe politique à retardement.
Vers un procès d’intention ou une justice exemplaire ?
La grande question reste en suspens : Ce procès est-il l’expression d’une justice indépendante, soucieuse de faire respecter les règles de financement public, ou celle d’un système qui cherche à éliminer une adversaire politique par les tribunaux ? Les avis divergent, les arguments se croisent, mais une certitude demeure : La politique française pourrait ne plus jamais être la même après ce 31 mars 2025.