Ce jour-là, mon fils Théo, âgé de 13 ans, devait simplement aller chercher sa petite sœur à l’école, comme il le fait chaque lundi. Mais ce lundi-là, rien ne s’est passé comme prévu. À peine avait-il franchi les grilles de l’établissement que plusieurs adolescents l’ont encerclé, moqué, insulté. Il est blanc, oui. Et c’est justement ce que ces garçons lui reprochaient. Coups de pied, rires nerveux, téléphone sorti pour filmer la scène. Comment peut-on encore, en 2025, se faire agresser pour sa couleur de peau ? Et pourquoi personne n’en parle vraiment ? Est-ce que le racisme anti-blanc est devenu un tabou en France ?
Il s’appelle Théo, il a 13 ans, les yeux clairs et une timidité désarmante. Ce lundi 24 mars 2025, à Vénissieux, en banlieue lyonnaise, il ne pensait pas devenir malgré lui le visage d’un débat aussi sensible que déchirant : Celui du racisme anti-blanc. Pour lui, il ne s’agissait que d’une routine. Aller chercher sa petite sœur à l’école primaire, comme tous les lundis. Mais à peine arrivé à proximité des grilles, Théo est pris à partie. Trois, peut-être quatre adolescents l’encerclent, des visages connus, croisés dans les couloirs du collège ou sur les bancs du quartier.
Ils ne crient pas tout de suite. Ils rient. Moqueurs. L’un d’eux sort son téléphone, prêt à filmer. Et puis les mots fusent. « Sale blanc ! », « Retourne dans ton pays ! », « Tu crois que t’es mieux que nous ? ». Théo tente de s’éloigner, maladroitement. Un coup le heurte dans le dos. Puis un autre. Il vacille. Les rires montent. Des témoins, des enfants, regardent sans rien dire. Certains filment. Théo tombe. Il ne répond rien. Il ne pleure pas. Il encaisse.
Ce n’est pas la première fois. Depuis des mois, Théo est la cible d’insultes racistes à l’école. Des remarques sur sa peau, sur ses origines supposées, sur le fait qu’il ne parle pas « comme eux ». Sa famille a alerté. Le collège a pris note, sans vraiment agir. L’administration semble dépassée, soucieuse de ne pas créer de vagues. Jusqu’à ce jour où les coups ont remplacé les mots.
La scène, filmée et diffusée sur les réseaux sociaux, a déclenché un émoi silencieux. Pas de grande une médiatique. Pas de plateau TV. Juste quelques partages indignés, souvent supprimés. Un racisme qui dérange parce qu’il bouscule les schémas habituels. Pourtant, la violence est bien réelle. Les images montrent un enfant roué de coups, insulté à cause de sa couleur de peau. Que faut-il de plus ?
Une plainte a été déposée. La famille de Théo est sidérée. Le garçon, traumatisé, ne veut plus retourner au collège. L’Éducation nationale, par la voix du rectorat de Lyon, a précisé que l’agression a eu lieu en dehors de l’établissement. Une manière de se dédouaner ? Peut-être. Le principal du collège, quant à lui, a contacté la police. Mais les élèves impliqués, eux, sont toujours en liberté. L’un d’eux a posté une vidéo sur Snapchat pour s’excuser, expliquant qu’il reçoit désormais des menaces. Lui aussi se dit victime.
Cette affaire soulève une question brutale : Pourquoi le racisme anti-blanc est-il si peu évoqué ? Pourquoi ce silence médiatique, institutionnel, voire politique ? Le mot lui-même semble tabou. On préfère parler de harcèlement, de conflit entre jeunes, d’incivilités. Mais les mots ont un poids. Et nier le caractère raciste de cette agression, c’est nier la réalité de Théo.
Le racisme n’a pas de couleur unique. Il ne devrait jamais être à sens unique. Un enfant blessé à cause de sa couleur de peau mérite la même indignation, la même protection, quel que soit son teint. Théo, ce jour-là, n’a pas seulement été frappé. Il a été humilié, stigmatisé, nié dans ce qu’il est. Parce qu’il est blanc.
À l’heure où la société française tente tant bien que mal de combattre les discriminations, cette agression devrait être un signal d’alarme. Pas pour opposer les communautés, mais pour rappeler que le combat contre le racisme ne peut être sélectif. La justice, l’école, les médias : Tous ont un rôle à jouer. Théo, lui, n’a demandé qu’une chose ce jour-là : Retrouver sa petite sœur. Il est reparti en sang, les poings serrés, et le silence en héritage.