Nouvelle loi immigration et métiers en tension : comment les travailleurs étrangers peuvent enfin obtenir un titre de séjour en France.

Nouvelle liste des métiers en tension 2025 : Les restaurateurs pourront régulariser leurs employés sans papiers

SOCIETE

Il s’appelait Daouda. Quand il est arrivé en France en 2017, il n’avait qu’un rêve : Faire vivre dignement sa famille restée au Mali. Il n’avait pas de papiers, mais il avait deux bras, une volonté de fer et un talent inné pour les fourneaux. Sept ans plus tard, il n’a toujours pas de titre de séjour, mais tout pourrait changer avec la nouvelle liste des métiers en tension publiée en mai 2025.

Dans un petit bistrot des faubourgs de Toulouse, Daouda coupe les oignons à la vitesse de l’éclair. Son chef, Marc, sait depuis longtemps que son cuisinier est sans papiers. Il le paie correctement, le loge parfois en douce, mais vit dans la peur constante d’un contrôle. Alors, quand il entend à la radio que le gouvernement vient d’étendre la liste des métiers dits « en tension », il n’ose y croire.

Un tournant officiel annoncé le 21 mai 2025

Paru au Journal officiel, l’arrêté du 21 mai 2025 met à jour la liste des métiers et zones géographiques caractérisés par des difficultés de recrutement. C’est le décret tant attendu depuis les promesses gouvernementales de la loi immigration de 2024. Il autorise enfin les employeurs à déposer un dossier de régularisation pour un salarié étranger travaillant dans l’un des secteurs officiellement reconnus comme « en tension ».

Les professions concernées incluent de nombreux postes dans l’hôtellerie-restauration (plongeurs, serveurs, aides-cuisiniers), le BTP (maçons, électriciens, couvreurs), l’agriculture, le nettoyage, l’aide à domicile, et la logistique.

Une opportunité historique pour des milliers de travailleurs invisibles

Assia, compagne de Daouda, ne cache pas son émotion. « Pendant des années, il a tout donné à ce pays. Il paye des impôts indirects, il cuisine pour des Français tous les jours, mais on lui refusait jusqu’à présent le droit de vivre ici dignement. Peut-être que maintenant, tout peut changer ».

La procédure, si elle peut sembler complexe, est désormais encadrée. L’employeur doit fournir des preuves de travail effectif sur les douze derniers mois (bulletins de salaire, attestations URSSAF, contrats). Le salarié, lui, doit justifier d’une présence en France d’au moins trois ans. En retour, un titre de séjour « salarié métier en tension » lui est délivré pour un an, renouvelable.

Des restaurateurs partagés entre soulagement et prudence

Marc, le patron de Daouda, veut y croire. « C’est une chance inespérée pour régulariser un gars en or. Mais j’ai peur que l’administration mette encore des bâtons dans les roues. »

De nombreux restaurateurs, exploitants agricoles, patrons du BTP ou logisticiens saluent l’initiative. Pour eux, les travailleurs sans papiers sont déjà indispensables. Cette régularisation est une reconnaissance. Mais certains dénoncent aussi un dispositif encore trop contraignant, aux critères restrictifs.

Les syndicats de travailleurs réagissent

Du côté des syndicats, la CGT et Solidaires Immigration saluent une avancée, mais rappellent que cette mesure est le fruit de luttes longues et parfois tragiques. « Combien de travailleurs blessés, licenciés, expulsés avant qu’on reconnaisse leur valeur ? » interroge Aminata Doucouré, militante et avocate à Montreuil.

Les freins qui demeurent

Tout n’est pas gagné. Certains préfets ont d’ores et déjà averti qu’ils appliqueront la règle avec la plus grande rigueur. Les preuves de travail peuvent être refusées si le moindre document semble douteux. D’autres redoutent une multiplication de démarches frauduleuses.

Un changement profond, mais encore fragile

Pour Daouda, Assia, et des milliers d’autres, l’espoir renaît. Mais chacun sait que cette ouverture légale ne garantit pas le succès. Les dossiers devront être solides, accompagnés, souvent soutenus par des collectifs ou avocats.

Et pourtant, l’essentiel est là : La France reconnaît enfin que ces travailleurs « invisibles » sont des piliers bien réels de son économie.

Dans le bistrot de Marc, on a ouvert une bouteille de vin. Pour féter, non pas une régularisation encore incertaine, mais un petit souffle d’espoir. Le plus beau depuis des années.

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