Découvrez pourquoi le drapeau palestinien hissé à Saint-Denis divise élus, citoyens et autorités préfectorales.

Scandale : Un drapeau palestinien hissé sur la façade de l’hôtel de ville de Saint-Denis, la préfecture exige son retrait

SOCIETE

Le vent s’est levé, et avec lui, la tempête politique

C’était un après-midi paisible de juin, où la lumière s’écrasait doucement sur les pierres centenaires de la mairie de Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis. Une ville aux mille visages, aux mille récits, et ce jour-là, un symbole inattendu est venu bouleverser le paysage républicain : Un drapeau palestinien, hissé fièrement au centre de la façade municipale, entre le tricolore français et l’étendard étoilé de l’Europe.

À la tête de cette initiative : Le maire socialiste Mathieu Hanotin, connu pour ses engagements sociaux et internationaux. À ses côtés, Hala Abou-Hassira, ambassadrice de Palestine en France, venue officialiser un geste fort, en apparence pacifique, mais qui allait enflammer la sphère publique, politique, et administrative.

Un geste symbolique… ou une entorse à la République ?

Pour les habitants présents sur la place Victor-Hugo, c’était d’abord un moment de recueillement et d’émotion. Des chants, des discours, des appels à la solidarité avec Gaza et à la reconnaissance de l’État palestinien. Mais derrière les applaudissements, le vent se chargeait déjà de tension.

Car au-delà de l’humanisme revendiqué par la mairie, un principe fondamental de la République française venait d’être ébranlé : La neutralité des services publics.

La préfecture réagit : Un tweet glaçant et sans détour

Le 15 juin, à peine deux jours après la cérémonie, la préfecture de la Seine-Saint-Denis publie un communiqué sur le réseau social X (ex-Twitter). Le message est clair, lapidaire, presque glacial :

« À la suite du pavoisement de la mairie de Saint-Denis avec un drapeau palestinien, le préfet a saisi le maire afin de faire respecter le principe de neutralité des services publics. »

Un rappel à l’ordre administratif… et une gifle politique. Car en République, seules certaines bannières peuvent flotter sur les bâtiments publics : Le drapeau françaiscelui de l’Union européenne, et dans certains cas, celui des collectivités territoriales ou internationales dans le cadre de conventionsAucun texte ne prévoit la présence d’un drapeau d’un État tiers à titre politique.

Un bras de fer symbolique s’engage

Mathieu Hanotin, en réponse, maintient que l’acte relève de la liberté d’expression des collectivités locales, que la ville de Saint-Denis a historiquement été terre d’accueil et de luttes internationales, et que ce drapeau représente un peuple en quête de paix, et non une déclaration diplomatique contre un autre État.

Mais le préfet, représentant direct de l’État, voit en cet acte une rupture grave du cadre républicain : La mairie n’est pas une tribune, elle est une institution publique, neutre par essence et par devoir.

Saint-Denis, ville-monde ou ville hors-la-loi ?

Les avis s’opposent, violemment. Les soutiens à la mairie brandissent le devoir moral des villes face à l’inaction internationale. Les critiques hurlent à l’instrumentalisation politique de la douleur palestinienne, au manque de respect des lois françaises, et au clientélisme communautaire.

Dans l’ombre, d’autres mairies en France observent, hésitent, calculent. Car si Saint-Denis ne retire pas le drapeau, un précédent est créé. Et si elle obéit au préfet, c’est la question de l’autonomie locale qui est posée.

Ce que dit la loi : Entre symbole et jurisprudence

Le droit est pourtant clair : Le principe de neutralité interdit aux services publics de manifester une opinion religieuse ou politique. Ce principe est consacré par le Conseil d’État, inscrit dans la tradition républicaine, et rappelé à chaque élection.

Déjà en 2023, plusieurs villes avaient été rappelées à l’ordre pour avoir arboré des drapeaux ukrainiens, arméniens ou israéliens en façade. L’égalité de traitement entre les causes, voilà ce que martèle la préfecture.

Et maintenant ? Vers une procédure contentieuse ?

Dans les coulisses, un contentieux se profile. Le préfet pourrait adresser une mise en demeure. En cas de refus, le tribunal administratif de Montreuil serait saisi. La ville pourrait être contrainte, sous peine d’astreinte, de décrocher le drapeau palestinien.

Mais politiquement, le maire pourrait aussi en sortir renforcé, galvanisé par une partie de la gauche, des collectifs pro-palestiniens, et d’un électorat touché par le conflit à Gaza.

Un simple drapeau, ou le signal d’une fracture ?

Le drapeau flotte encore sur Saint-Denis, mais l’onde de choc a déjà dépassé les murs de la mairie. Ce geste, à la croisée de l’humanité et de la transgression républicaine, vient poser une question dérangeante :

Peut-on être solidaire sans être illégal ?

Et dans ce frisson politique, c’est la République elle-même qui semble divisée, prise entre sa rigueur juridique… et sa tentation de compassion.

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