Samira : « Comment un élu de la République française peut-il trouver « tout le monde gentil » dans un pays où la presse est muselée, les opposants enfermés et le mot démocratie piétiné chaque jour ? Qu’a vu Sébastien Delogu en Algérie que nous ne voyons pas d’ici ? »
Quand un député tombe amoureux d’un régime : L’étrange éloge de Sébastien Delogu en Algérie
Alger, juin 2025. La brise chaude d’Afrique du Nord caressait les avenues encore humides d’une pluie fine, quand le député français Sébastien Delogu, figure singulière du groupe La France Insoumise, débarqua sur le tarmac algérois. L’objectif officiel de cette visite ? Renforcer les liens entre les peuples. Mais derrière les poignées de main, les sourires encadrés par les drapeaux, quelque chose de bien plus déroutant se dessinait.
Ce 27 juin, lors d’un passage à la télévision publique algérienne ENTV, Delogu prononça une phrase qui fit aussitôt le tour des réseaux sociaux et des rédactions françaises :
« En Algérie, tout le monde est gentil. »
Un compliment, à première vue. Un hommage à l’accueil du peuple algérien ? Peut-être. Mais pour qui connaît la réalité du pays, ces mots résonnent autrement. Car l’Algérie d’Abdelmadjid Tebboune, c’est aussi — et surtout — une démocratie en carton-pâte, rongée par l’autoritarisme, la répression et la censure.

Abdelmadjid Tebboune : Un président au vernis démocratique
Arrivé au pouvoir après les manifestations massives du Hirak en 2019, Tebboune a su se maintenir grâce à un subtil équilibre : Promesses de réforme d’un côté, poigne de fer de l’autre. Dissolution du Hirak, emprisonnement d’opposants politiques, fermeture de médias, intimidations contre les journalistes : Le tableau est sombre.
Le journaliste Ihsane El Kadi, arrêté pour avoir critiqué la politique du président. Des étudiants jugés pour avoir manifesté pacifiquement. Des figures du Hirak envoyées en prison pour « atteinte à l’unité nationale ».
Voilà la réalité qu’aucune visite diplomatique ne saurait dissimuler.
Sébastien Delogu : La naïveté ou le calcul ?
Face à cela, comment expliquer les mots du député Delogu ? Est-ce une méconnaissance crasse du terrain ? Un angélisme déroutant ? Ou une volonté politique délibérée de séduire une partie de l’électorat franco-algérien en minimisant la brutalité du régime ?
Il est important de rappeler que Delogu, chauffeur de VTC devenu député des Bouches-du-Rhône, n’est pas un novice des polémiques. Figure atypique de LFI, il incarne une frange populiste du mouvement, proche du terrain, mais souvent brouillonne sur les dossiers internationaux. Il avait déjà défrayé la chronique pour ses déclarations pro-palestiniennes jugées outrancières par certains, ou ses positions tranchées sur les violences policières en France.
Quand l’éloge devient complice
En saluant un régime que des ONG comme Amnesty International ou Human Rights Watch qualifient régulièrement d’autoritaire, Delogu prête involontairement sa voix à une politique de répression. En tenant ce discours à la télévision d’État algérienne — muselée, inféodée au pouvoir — il offre à Tebboune un crédit inespéré.
Des mots comme « dictature », « torture », « emprisonnement politique » ne franchissent plus les plateaux télé algériens. Mais cette fois, un député français, auréolé de la légitimité démocratique d’un élu du peuple, leur offre une bouée de sauvetage : L’image d’un pays apaisé, bienveillant, aimable même, selon ses mots.
Réactions en France : Entre sidération et colère
À Paris, les réactions ne se sont pas fait attendre. Des membres de la majorité ont parlé d’« aveuglement grave », le député LR Julien Aubert a dénoncé une « apologie d’un régime qui emprisonne ses propres enfants », et certains membres du Rassemblement National ont vu dans cette déclaration la preuve d’une « connivence inquiétante entre LFI et des régimes autoritaires ».
Même au sein de La France Insoumise, des voix se sont discrètement élevées pour prendre leurs distances avec les propos de Delogu. Clémentine Autain, sans le nommer, a évoqué sur X « une nécessaire prudence lorsqu’on s’exprime à l’étranger sur des régimes autoritaires ».
Les Algériens, entre fierté et ironie
Ironiquement, en Algérie, les propos de Delogu ont été accueillis par une double lecture. D’un côté, certains ont salué le geste comme un hommage au peuple algérien, à sa générosité, à son hospitalité légendaire. Mais sur les réseaux sociaux algériens, les internautes ne se sont pas privés d’ironie mordante :
« Bien sûr que tout le monde est gentil… surtout quand on est filmé par la télé d’État et qu’on n’a pas le droit de dire le contraire ! »
Une diplomatie à courte vue ?
Le cas Delogu soulève aussi une question plus large : Quel est le rôle d’un député en mission à l’étranger ? Est-il un observateur ? Un représentant des valeurs françaises ? Un messager de la bienveillance universelle, quitte à fermer les yeux sur les atteintes aux droits humains ?
La diplomatie parallèle menée par certains parlementaires peut parfois virer à la caricature. Et quand les mots deviennent aveugles aux réalités, ils ne construisent pas des ponts… mais des mirages.

Le silence des voix qu’on n’entend plus
Dans les geôles d’El Harrach ou de Blida, des prisonniers d’opinion purgent leurs peines. Leur crime ? Avoir rêvé d’une Algérie libre. Aucun d’eux ne dira que « tout le monde est gentil ». Aucun d’eux ne sera invité sur ENTV. Ils ne seront jamais salués par un député étranger.
Pendant que certains, comme Sébastien Delogu, trouvent la dictature « souriante », les voix libres, elles, s’éteignent dans l’indifférence générale.
Et si le plus grand danger, finalement, était là : Qu’un jour, même les dictatures finissent par convaincre qu’elles sont des modèles… parce qu’on aura cessé de les nommer pour ce qu’elles sont.
Frérot, j’te jure, j’ai cru que c’était une blague. J’vois la vidéo du député Delogu à la télé algérienne, il sort « En Algérie, tout le monde est gentil », comme s’il revenait d’un séjour en colonie de vacances… Sérieux ?! T’as capté le délire ? Le mec, il est là-bas deux jours, tout propre, bien reçu, et il vient nous vendre le régime comme si c’était Disneyland.
Mais t’sais quoi ? Va demander aux jeunes du Hirak si c’est gentil l’Algérie. Demande aux familles des prisonniers politiques si c’est paisible. Y’a des mères qui pleurent leurs fils en silence parce qu’ils ont eu le malheur de dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Mais lui, tranquille, il nous sert du « tout le monde est gentil » comme si on était des teubés.
Et c’est un député, hein. Censé représenter la France, les droits, la justice, tout ça. Mais non, lui il lèche les bottes d’un régime qui baillonne les gens. Il aurait pas pu parler des journalistes enfermés ? Des opposants disparus ? Non, ça il voit pas. Il voit que les couscous, les sourires, les tapis rouges. Bah ouais, logique : quand tu viens en touriste politique, on te montre que ce qu’on veut.
Franchement, j’ai honte. Pas pour l’Algérie, elle mérite mieux. J’ai honte pour la France. Parce qu’un élu comme ça, qui ferme les yeux et qui fait le beau devant une dictature, c’est une trahison. Pas une bourde, non non : une vraie trahison des valeurs.
Alors monsieur Delogu, un conseil : la prochaine fois que tu veux faire le touriste, prends un guide, pas un dictateur.
Ah, quel bonheur d’apprendre que l’Algérie est enfin devenue un havre de paix et de tendresse infinie. Merci, Monsieur Delogu, pour ce scoop géopolitique d’une profondeur inégalée. « Tout le monde est gentil », vraiment ? C’est formidable. On n’avait pas entendu un tel niveau d’analyse depuis… un exposé de CE2.
Pendant qu’on y est, remettons les pendules à l’heure : Les journalistes emprisonnés ? Sans doute pour excès de gentillesse. Les militants du Hirak tabassés, arrêtés, jugés ? Sans doute pour avoir été trop polis. Et la presse muselée ? Juste une façon douce de préserver la pudeur nationale. On appelle ça de la délicatesse institutionnelle, voyons.
Franchement, j’ai hâte qu’on invite Delogu à commenter la Corée du Nord. Il nous dira sûrement que Kim Jong-un est un garçon timide, mal compris, et que Pyongyang est une station balnéaire trop méconnue. Pourquoi pas ?
Mais le pire dans cette histoire, ce n’est même pas le ridicule. C’est le fait qu’un élu du peuple, censé défendre les droits humains, les libertés fondamentales et un minimum de décence, se transforme en VRP du régime Tebboune. C’est comme si on envoyait un pompier faire la promo d’un pyromane.
À ce rythme-là, qu’on me prévienne le jour où Delogu félicitera la Chine pour son sens de l’écoute ou l’Égypte pour sa passion de la liberté. On pourra toujours en faire un recueil : Les Contes de la Dictature racontés aux enfants sages.
Allez, encore un effort, et on le retrouvera bientôt en train de féliciter Vladimir Poutine pour son calme olympien. Après tout, dans son monde, tout le monde est gentil… surtout les tyrans.
👉 Mais il est tombé sur la tête, ce Delogu ?
Il s’imagine où, au Club Med ? « Tout le monde est gentil » ?! Faut avoir perdu tout sens de la réalité — ou alors être dangereusement complaisant — pour sortir une énormité pareille devant les caméras de la télévision d’État algérienne, celle-là même qui passe son temps à nier l’évidence : La répression, la censure, la peur.
Moi j’ai de la famille là-bas. Je parle pas de visites protocolaires dans des ministères climatisés. Je parle de cousins qui ferment leur bouche de peur d’être arrêtés, de voisins qu’on voit disparaître parce qu’ils ont partagé un post Facebook de travers.
Et ce député de pacotille, depuis son fauteuil d’invité de luxe, nous chante que tout va bien ?
Non mais quel foutage de gueule !
Qu’il y retourne, mais sans escorte et sans journalistes, et qu’il essaie de poser une question sur le Hirak ou sur les prisonniers politiques en plein centre d’Alger. On verra s’il ressort avec les mêmes applaudissements. Ou s’il ressort tout court.
Ce genre de discours, c’est pas juste stupide. C’est dangereux. Parce que quand un élu de la République française fait l’éloge d’un régime autoritaire, il légitime sa violence. Il humilie ceux qui la subissent. Et il trahit les valeurs qu’il est censé défendre.
Alors non, monsieur Delogu, l’Algérie n’est pas « gentille ». Elle est sous contrôle. Elle est bâillonnée. Et votre aveuglement fait honte.
Non mais sérieusement… Qu’est-ce qu’il nous a pondu là, Sébastien Delogu ?
« Tout le monde est gentil » en Algérie ? « C’est magnifique » ?
On parle bien du même pays où des journalistes comme Ihsane El Kadi croupissent en prison pour avoir osé parler librement ? Du même régime qui étouffe le Hirak, qui broie les opposants, qui verrouille tout ?
Et ce député français ose appeler ça la douceur d’un peuple ? Mais dans quelle bulle il vit ?
Moi, mon père a fui l’Algérie pour offrir une autre vie à ses enfants. Pas pour entendre, quarante ans plus tard, un élu de la République Française faire la cour à une dictature comme s’il saluait une démocratie modèle. C’est indécent. Pire, c’est complice.
Si Delogu aime tant l’Algérie sous Tebboune, eh bien qu’il y aille ! Qu’il demande sa carte de séjour et qu’il tente d’y organiser un débat libre dans une salle publique sans surveillance. On verra s’il en sort avec le même sourire.
J’en ai marre de ces élus qui idéalisent des régimes qu’ils ne connaissent que depuis les salons feutrés ou les plateaux de télé d’État.
Moi je vous le dis : C’est une insulte à tous ceux qui là-bas rêvent encore de liberté et de dignité.