statue Jeanne d’Arc Nice

Pourquoi une statue de Jeanne d’Arc, fraîchement installée, va être déboulonnée à Nice ?

SOCIETE

Élodie, une jeune Niçoise passionnée par l’art et l’histoire, ne peut contenir son étonnement. Tous les matins, en se rendant à l’église Sainte-Jeanne-d’Arc, elle passe devant une magnifique statue de Jeanne d’Arc en bronze, dorée à l’or fin. Cette sculpture monumentale, représentant l’héroïne française à cheval, l’épée levée vers le ciel, avait été installée récemment sur l’avenue Saint-Lambert. Pourtant, aujourd’hui, une décision de justice vient bouleverser son destin. Pourquoi cette œuvre, tant admirée par les habitants, doit-elle être retirée ? Retour sur une affaire qui mêle art, justice et polémique.

Une installation grandiose mais controversée

La statue de Jeanne d’Arc avait été inaugurée avec faste. Commandée par la régie métropolitaine Parcs d’Azur, l’œuvre avait été réalisée par l’Atelier Missor, un collectif d’artistes basé à Nice. Le choix de cet atelier semblait logique : Une expertise locale, une réputation bien établie, et une vision artistique unique. Pourtant, cette commande a été entachée par une grave irrégularité administrative.

Selon le tribunal administratif de Nice, le contrat entre Parcs d’Azur et l’Atelier Missor a été passé sans appel d’offres ni mise en concurrence, ce qui constitue une violation des règles de marché public. En l’absence de raisons artistiques spécifiques justifiant un tel choix exclusif, cette démarche a été jugée illégale.

Une décision judiciaire sans appel (ou presque)

La justice a été claire : Le vice de procédure est d’une « gravité particulière » et impose l’annulation du marché. Par conséquent, la statue doit être démontée, et l’Atelier Missor devra rembourser les 170 000 euros hors taxes perçus pour sa création. Cette somme représente un investissement considérable pour une collectivité locale, d’où l’importance de respecter scrupuleusement les règles en vigueur.

La préfecture des Alpes-Maritimes a confirmé que le déboulonnage était imminent. De plus, l’appel annoncé par Parcs d’Azur contre cette décision n’aura pas d’effet suspensif. En d’autres termes, même si la régie conteste le jugement, elle devra procéder au démontage sans attendre.

Une onde de choc dans la ville

L’annonce de cette décision a provoqué une vive émotion à Nice. De nombreux habitants, attachés à cette représentation de Jeanne d’Arc, expriment leur incompréhension. Élodie, qui appréciait l’œuvre pour sa force symbolique, se demande : « Pourquoi n’a-t-on pas fait les choses dans les règles dès le départ ? C’est une véritable perte pour notre quartier ! ».

Les critiques ne se limitent pas à la sphère artistique. Certains pointent du doigt un manque de rigueur de la part de la régie métropolitaine. D’autres y voient un exemple des dérives administratives qui peuvent coûter cher, non seulement en termes financiers, mais aussi en termes d’image.

Un avenir incertain pour la statue

Pour l’instant, le sort de la statue reste en suspens. Si elle est effectivement déboulonnée, plusieurs scénarios sont envisageables. L’Atelier Missor pourrait récupérer l’œuvre, mais que deviendrait-elle ensuite ? Serait-elle revendue, exposée ailleurs, ou tout simplement entreposée ?

La métropole de Nice, de son côté, pourrait décider de lancer un nouvel appel d’offres pour créer une nouvelle statue. Cependant, ce processus serait long et coûteux. En attendant, l’emplacement devant l’église Sainte-Jeanne-d’Arc pourrait rester vide, laissant un vide symbolique pour les habitants du quartier.

Une leçon pour l’avenir

Cette affaire est un rappel important de l’importance de respecter les procédures administratives, même pour des projets artistiques. Si la création artistique peut sembler éloignée des contraintes bureaucratiques, elle est pourtant soumise aux mêmes règles de transparence et d’équité.

Pour les habitants de Nice, cette décision est une déception, mais elle peut aussi être l’occasion de réfléchir à la place de l’art dans l’espace public et à la manière dont il est financé. Comme le souligne Élodie : « Peut-être que cette affaire permettra d’éviter d’autres erreurs à l’avenir. L’art mérite mieux que cela. »

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