« Est-ce qu’un député a vraiment le droit de vouloir rayer Noël ou l’Ascension du calendrier républicain ? ». Question posée par : Capucine Montclair, institutrice retraitée de l’Essonne, amatrice de galettes des rois et fervente défenseuse du patrimoine français.
Le bruit courait déjà depuis quelques jours dans les couloirs feutrés de l’Assemblée Nationale, mais peu prenaient au sérieux cette idée que beaucoup jugeaient trop explosive pour devenir réalité. Et pourtant. Ce matin-là, sous le ciel changeant de Paris, Antoine Léaument, député La France Insoumise de l’Essonne, a pris la parole, le ton posé mais ferme, et a lâché la bombe : « Il faut supprimer les jours fériés catholiques et repenser notre calendrier national pour qu’il reflète réellement la diversité des Français. »
Un silence gêné a suivi dans l’hémicycle, comme si le temps s’était suspendu un instant. Certains ont cru à une provocation. D’autres ont applaudi. Mais très vite, l’affaire a quitté les bancs feutrés de la République pour enflammer la toile, les plateaux de télévision, les dîners de famille, les bistrots de quartier, et même les bancs des églises.
Un héritage catholique dans une République laïque
Noël, l’Ascension, la Toussaint, l’Assomption, le lundi de Pâques, le lundi de Pentecôte… Autant de jours fériés inscrits dans le marbre du calendrier républicain, mais dont l’origine plonge ses racines dans le terreau catholique. Pour Antoine Léaument, ce n’est plus acceptable : « Nous vivons dans une République laïque. Or, notre calendrier favorise une seule religion au détriment des autres. Cela n’a plus de sens dans la France de 2025. »
Un discours qui ne passe pas chez tout le monde. Capucine Montclair, 74 ans, a quitté l’enseignement en 2009, mais suit encore de près l’actualité politique. Lorsqu’elle a entendu la déclaration du député, elle a recraché son thé à la verveine. Pour elle, ces jours fériés ne sont pas uniquement religieux, mais font partie intégrante du patrimoine culturel français : « Je ne vais plus à la messe depuis longtemps, mais Noël, c’est la famille. L’Ascension, c’est les vacances à la mer. Pourquoi vouloir effacer ce que nous sommes ? »
Une proposition radicale mais argumentée
Dans sa tribune publiée dans Le Journal du Dimanche, Antoine Léaument ne fait pas dans la demi-mesure. Il dresse un tableau précis : La République française compterait actuellement 11 jours fériés légaux, dont 6 sont directement liés au calendrier catholique. Pour lui, cette répartition est inégalitaire et ne reflète plus les réalités sociologiques du pays. Son idée ? Supprimer tous les jours fériés à connotation religieuse et les remplacer par des jours choisis librement par les salariés, en fonction de leurs convictions personnelles, religieuses ou non.
Il cite en exemple des modèles comme celui du Canada ou de certains États américains, où les congés peuvent être flexibles en fonction des pratiques individuelles. Pour Léaument, il ne s’agit pas de « guerre contre le catholicisme », mais de restaurer l’égalité républicaine dans le respect de la laïcité.
Une France plurielle… ou fracturée ?
Mais ce que Léaument présente comme un progrès, d’autres y voient une provocation. Sur les réseaux sociaux, les réactions ont été aussi vives que polarisées. Le hashtag #TouchePasÀNoël est rapidement monté en tendance sur X (anciennement Twitter), et des figures de droite comme Éric Ciotti ou Marine Le Pen ont immédiatement dénoncé une « attaque contre l’identité française ».
Du côté de l’Église catholique, la réponse ne s’est pas fait attendre. Dans un communiqué laconique, l’archevêché de Paris a rappelé que ces fêtes ont une signification spirituelle profonde, mais qu’elles sont aussi devenues des moments de rassemblement national, indépendamment de la foi.
Les syndicats, eux, sont divisés. La CGT voit d’un bon œil l’idée de jours fériés flottants décidés par les salariés eux-mêmes. La CFDT, plus prudente, craint une inégalité de traitement selon les branches et les entreprises. Le MEDEF, de son côté, reste en embuscade, redoutant que cette réforme ne vienne complexifier encore davantage les négociations collectives.
Dans les écoles, les familles, les entreprises : L’ébullition
Dans une école primaire de Gennevilliers, la maîtresse a dû improviser un débat citoyen après que plusieurs enfants ont demandé si « Noël allait disparaître pour de vrai ». Dans les entreprises, les DRH reçoivent des questions. Et dans les familles, les discussions deviennent parfois électriques.
Farid, chauffeur de bus à Marseille, confie : « Je suis musulman, je ne fais rien de spécial à Noël. Mais j’en profite pour voir mes potes, faire un bon repas. Est-ce qu’on va me retirer ça ? »
Rachel, infirmière juive à Strasbourg, se montre plus ouverte : « Pour une fois qu’on pense aux minorités… C’est courageux ce qu’il fait, Léaument. »
Un débat plus large sur la laïcité
Au fond, la question des jours fériés cache un débat bien plus profond : Celui de la laïcité à la française. Ce modèle, hérité de la loi de 1905, se veut impartial, garantissant la liberté de croire ou de ne pas croire. Mais dans les faits, la culture dominante reste imprégnée de traditions chrétiennes.
Faut-il alors déchristianiser les institutions pour garantir une laïcité plus stricte ? Ou au contraire préserver ces repères historiques comme témoins d’un passé commun, sans pour autant les sacraliser ?
Antoine Léaument se dit prêt à ouvrir un grand débat national, à la manière de celui lancé après la crise des Gilets Jaunes. Il veut que les Français aient leur mot à dire. Il espère même soumettre une proposition de loi dans les mois à venir.
Une proposition vouée à l’échec ou un marqueur politique fort ?
Les chances qu’un tel projet aboutisse sont faibles. À droite comme à gauche, la suppression des jours fériés catholiques est vue comme une ligne rouge. Même dans les rangs de la NUPES, certains députés EELV ou socialistes se montrent sceptiques. Mais Léaument ne cherche peut-être pas à faire voter une loi. Il pose un jalon idéologique, un marqueur fort dans une époque où les identités s’entrechoquent.
Et maintenant ?
L’affaire est lancée. Le gouvernement, par la voix de Gabriel Attal, a botté en touche, évoquant « un sujet sensible qui mérite réflexion mais ne figure pas à l’agenda législatif ». Mais le mal est fait : Le débat est sur la table, dans les médias, dans les familles, dans les écoles, dans les paroisses, dans les mosquées et les synagogues.
Capucine Montclair, elle, reste fidèle à son calendrier en carton accroché dans sa cuisine. Elle y a entouré en rouge le 25 décembre et écrit en capitales : « FÊTE DE LA FAMILLE – INTERDIT DE SUPPRIMER ». Elle sourit doucement. « Qu’ils essaient de m’empêcher de fêter Noël, on verra bien… »
C est LFI qu il faut supprimer… la France ira mieux