Intimidations, provocations, insultes : le quotidien d’un Breton propriétaire de Tesla raconté comme un thriller. Une réalité choquante.

Pourquoi les conducteurs de Tesla sont-ils la cible de haine sur les routes bretonnes ? Le témoignage glaçant d’un propriétaire traqué

CHOC

Paul a 42 ans et vit dans le Morbihan, entre Vannes et Lorient. C’est un homme ordinaire, discret, travailleur. Il n’a rien du provocateur, ni du militant. Et pourtant, depuis qu’il a fait un choix qui, à première vue, semble anodin – acheter une Tesla – son quotidien a basculé dans une forme étrange de harcèlement routier.

L’obsession d’un rêve électrique

C’est en 2022 que Paul décide de franchir le pas. Lassé par la flambée des prix du carburant, séduit par l’idée d’une voiture propre, curieux de technologie, il s’offre une Tesla Model Y blanche flambant neuve. « C’était un investissement, oui, mais aussi un engagement. J’avais le sentiment de faire un pas vers l’avenir », explique-t-il.

Mais à peine les clés en main, Paul sent que quelque chose cloche. Au début, ce ne sont que des regards insistants. Des sourires narquois. Des gestes de la main à la limite de l’obscénité. Puis, très vite, cela dégénère. « Un jour, sur la quatre voies entre Hennebont et Auray, un fourgon me suit, me colle au pare-chocs, me fait des appels de phares frénétiques. Quand je me rabats, il passe en me montrant un majeur bien tendu. »

La Tesla, symbole d’une fracture sociale

Paul commence à comprendre qu’il n’est pas vu comme un simple automobiliste, mais comme un représentant d’un monde que certains exècrent : Celui des riches, des écolos, des bobos, voire même d’Elon Musk en personne. « On m’a traité de vendu, d’américain, de collabo écolo. Comme si conduire une Tesla, c’était appartenir à une secte. »

En Bretagne, région fière, rurale et ouvrière, l’arrivée d’un engin électrique à plus de 45 000 euros suscite parfois des réactions épidermiques. La Tesla devient une cible, un prétexte. Et Paul, un punching-ball roulant.

Des intimidations qui vont trop loin

Un dimanche, en revenant de Carnac, une moto surgit derrière lui. Le motard le dépasse, se place devant sa Tesla et freine brutalement. Paul pile. « J’ai cru que c’était un accident volontaire. Comme un avertissement. » D’autres fois, on le serre sur les bas-côtés, on le filme, on crache sur son pare-brise au feu rouge.

Il dépose plainte une fois. Sans suite. On lui conseille de changer de plaque, voire de voiture. « J’ai même pensé à coller un autocollant ‘J’aime le gasoil’ pour détourner l’attention », ironise-t-il, amer.

Quand Elon Musk devient l’ennemi public numéro un

Il faut dire qu’Elon Musk n’aide pas. Ses déclarations à l’emporte-pièce, son comportement provocateur sur X (anciennement Twitter), ses relations ambigües avec certains régimes autoritaires… Tout cela alimente une haine ciblée. « Pour beaucoup, je suis un fan de Musk. Ils ne voient pas que je suis juste un père de famille qui veut faire des économies. »

Les polémiques autour de Tesla en France n’arrangent rien. Les subventions publiques perçues par la marque, les conditions de travail dans les usines, les accusations d’espionnage technologique… autant de raisons pour certains d’en faire un symbole à abattre.

Un climat d’hostilité grandissant

Et Paul n’est pas seul. Sur des forums de propriétaires de Tesla, les témoignages affluent. Un conducteur insulté à un rond-point à Redon. Une voiture rayée à Brest. Une autre retrouvée sur cales à Quimper. « C’est une haine qui monte. Une intolérance étrange. Comme si notre simple présence rappelait aux autres une forme de changement qu’ils refusent. »

Les conducteurs de Tesla deviennent des épouvantails modernes. On les juge sans les connaître. On les réduit à une marque, à une idéologie. La voiture, censée être un progrès, devient source de tensions.

Rester ou fuir ?

Paul songe à revendre son véhicule. « Je ne vis plus. Chaque trajet devient une épreuve. Je surveille mes rétroviseurs, j’évite certaines routes. » Pourtant, il hésite. Car céder, ce serait donner raison à ceux qui l’intimident. Et Paul n’est pas homme à baisser les bras si facilement.

Une société au bord de la rupture

Cette histoire, au fond, dépasse Paul. Elle raconte une fracture plus large. Entre ceux qui roulent vers l’avenir et ceux qui ont peur d’être laissés au bord de la route. Entre le progrès technologique et les angoisses qu’il suscite. Entre une France qui rêve d’électrique, et une autre qui redoute d’être trahie par ceux qui veulent la sauver.

La Tesla de Paul est bien plus qu’une voiture. C’est un miroir. Et ce qu’on y voit n’est pas toujours flatteur.

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