Camille : « Tout était prêt : Les valises, les réservations, le GPS programmé pour l’Ardèche… Mais entre la grève surprise des aiguilleurs du ciel et les bouchons dignes d’un exode, suis-je la seule à me demander si rester chez moi n’aurait pas été plus reposant ? »
Vacances d’été 2025 : Quand la France tourne au ralenti… et les vacanciers virent à l’orange foncé
Il est 6h42, ce samedi 5 juillet 2025, sur l’A6 en direction du sud. Le ciel est dégagé, le café est encore chaud dans le thermos de la famille Dufresne, mais l’humeur commence déjà à virer au vinaigre. Autour d’eux, des milliers de voitures se bousculent pare-chocs contre pare-chocs, coincées dans un ballet infernal de klaxons, de motos en interfile et d’enfants qui s’impatientent à l’arrière. Une radio grésille en fond : « Bison Futé voit rouge toute la journée sur les grands axes…«
Mais cette année, les traditionnels bouchons estivaux ne sont que la moitié du problème. Car pendant que les routes se figent, le ciel, lui, se ferme.
Aéroports à l’arrêt : La grève surprise du contrôle aérien plonge les vacanciers dans le flou
À l’aéroport d’Orly, les visages sont fermés. Des annonces retentissent dans des haut-parleurs fatigués : « Le vol à destination de Nice est annulé. Veuillez contacter votre compagnie. » Même refrain à Marseille, Lyon, Nantes, Toulouse… Depuis le 3 juillet, un mouvement social des aiguilleurs du ciel perturbe fortement le trafic aérien, avec une moyenne de 30 à 50 % des vols supprimés selon les aéroports.
Le motif ? Une réforme du temps de travail au sein de la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC), dénoncée par les syndicats comme un « passage en force » du gouvernement. En pleine période de grands départs, le timing fait grincer des dents.
« On avait tout calé depuis février », souffle Karim, croisé à Roissy avec ses deux enfants endormis sur les valises. « On devait partir à Ajaccio. Tout est payé. Et là, on nous dit que c’est mort. »
Autoroutes saturées : Jusqu’à 900 km de bouchons recensés le samedi 5 juillet
Pour ceux qui ont choisi la route, la liberté a un prix : Celui du carburant, du stress, et des heures d’attente au péage de Saint-Arnoult. Samedi matin, Bison Futé annonçait près de 900 kilomètres de ralentissements cumulés sur les grands axes. Un record pour un premier week-end de vacances depuis 2021.
Les zones les plus touchées ?
- L’A7 entre Lyon et Orange
- L’A10 au sud de Paris
- L’A9 vers Narbonne
- L’A13 direction Normandie
Les services d’autoroute ont multiplié les messages de prudence, les fontaines d’eau gratuite sur les aires de repos et les appels à décaler les départs. Trop tard. Les Français, après un printemps marqué par la morosité économique, veulent partir, à tout prix.
Vacances nationales : Quand partir devient une épreuve collective
Ce début d’été 2025 met en lumière un phénomène récurrent mais amplifié cette année : Le choix de la France comme destination principale. Avec la flambée des prix à l’étranger, les tensions géopolitiques et les craintes sanitaires persistantes dans certaines zones, plus de 68 % des vacanciers français ont opté pour l’Hexagone selon le baromètre ADN Tourisme.
Mais entre une grève aérienne dont personne ne connaît la durée, et des autoroutes au bord de l’asphyxie, le pari tourne à la galère. L’Hexagone, soudain, semble bien étroit pour accueillir des millions de touristes sur le même créneau.
Des professionnels du tourisme partagés entre crainte et solidarité
À Saint-Malo, Élodie, propriétaire d’une maison d’hôtes, jongle entre les appels de clients bloqués à Montparnasse et les annulations de dernière minute. « Certains de mes clients sont en larmes. Je leur propose de décaler leur séjour sans frais. Mais j’ai aussi des chambres qui restent vides. C’est très dur. »
Dans le Var, un camping affiche complet, mais le directeur confie : « Oui, c’est plein… mais il y a des gens qui n’arrivent pas, d’autres qui dorment dans leur voiture. Ce n’est pas la fête. »
Et maintenant ? Des vacances sous tension pour tout le mois de juillet
Alors que le mouvement social pourrait s’étendre, les autorités appellent à la patience. Le ministre des Transports, lors d’une conférence de presse ce vendredi, a déclaré « faire tout son possible » pour désamorcer le conflit. Mais les syndicats, eux, annoncent déjà de nouvelles mobilisations pour le 10 juillet.
Du côté des vacanciers, la résignation gagne du terrain. Les réseaux sociaux regorgent de témoignages de « vacances ratées« , mais aussi de solidarité et de conseils pour contourner le chaos.
Et si l’aventure, c’était ça, les vacances à la française ?
Coincé sur l’A7, bloqué dans le hall de l’aéroport ou reprogrammant ses plans de dernière minute, le vacancier de 2025 doit faire preuve d’une vertu rare : L’adaptabilité. Dans une France paralysée par ses contradictions, entre envie d’évasion et services publics en tension, les vacances deviennent une épopée, une leçon d’humilité… ou une bonne raison de rester à la maison l’été prochain.