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Wauquiez veut isoler LFI : Une stratégie d’isolement politique ou les prémices d’une dissolution ?

POLITIQUE

Le 4 mai 2025. Ce jour-là, la République n’a pas tremblé sous le vacarme d’un attentat ou d’un scandale financier, mais sous le poids glacial d’une déclaration politique. Une phrase, un mot, glissé comme un trait de scalpel dans les colonnes du Journal du Dimanche. Laurent Wauquiez, figure de la droite dure, président du groupe LR au Sénat et éternel prétendant à la magistrature suprême, prononce une formule aussi lourde qu’un verdict : Il faut, dit-il, ériger un cordon sanitaire autour de La France Insoumise.

Ce n’est pas une proposition de loi. Ce n’est pas non plus une mesure administrative. C’est pire. C’est un signal. Une étincelle stratégique. Un mot-piège. Il ne dit pas « interdiction« . Il ne prononce pas « dissolution« . Mais le terme rôde, suspendu, toxique, comme une menace latente. Ce jour-là, une ligne invisible est franchie. Et avec elle, la République se tend, comme une corde tirée entre deux visions de la démocratie.

Cordon sanitaire : Le verbe comme arme

Dans le lexique politique français, le cordon sanitaire a une histoire. Il fut d’abord forgé contre le Front National, dans les années 1990. Il désignait un refus d’alliances, une mise à l’écart républicaine. Pas une sanction juridique, mais une condamnation morale. Aujourd’hui, l’outil change de mains. Ce que Wauquiez propose, c’est de l’appliquer à la gauche radicale. Une inversion historique.

Mais derrière le vocabulaire, les intentions s’aiguisent. Car Wauquiez ne se contente pas d’un boycott électoral. Il justifie son appel par des arguments sécuritaires. Il évoque des proximités inquiétantes avec des milieux islamistes. Il cite des noms. Il réclame une commission d’enquête parlementaire. En coulisses, des juristes LR s’appuient déjà sur l’article L212-1 du Code de la sécurité intérieure, qui permet la dissolution de tout groupement portant atteinte à l’ordre public.

Le précédent des groupuscules d’ultradroite interdits en 2023 et 2024 sert désormais de jurisprudence politique. Sauf qu’ici, il ne s’agit plus de cercles marginaux violents. Il s’agit d’un parti représenté à l’Assemblée Nationale, dans les mairies, dans les régions. Il s’agit d’un mouvement ayant recueilli des millions de voix.

Des noms, des cibles, des symboles

Raphaël Arnault. Fiché S, ex-porte-parole de la Jeune Garde, député LFI. Rima Hassan. Franco-palestinienne, eurodéputée, accusée de propos ambigus sur le Hamas. Alexis Corbière. Visé pour des tweets critiquant l’État d’Israël. Wauquiez les désigne sans jamais vraiment les accuser. Il les isole médiatiquement. Il les découpe dans l’opinion. Il les transforme en pièces d’un dossier à charge.

Puis vient le projet de commission d’enquête parlementaire. Derrière la façade de transparence, c’est un outil d’officialisation. Une scène d’accusation publique. Un levier pour alimenter un narratif d’infiltration islamiste. La stratégie est limpide : Créer le climat. Et une fois le climat installé, proposer l’acte. Non pas frontalement. Mais comme une suite logique.

Mélenchon : L’heure de la contre-attaque

Le lendemain de la déclaration, Jean-Luc Mélenchon sort du silence. Il ne choisit pas une conférence de presse. Il préfère une mise en scène. Une vidéo sobre, tournée dans son appartement marseillais, dans la pénombre. Derrière lui, une bibliothèque. Devant lui, un pupitre. La voix grave, l’œil noir :

« Ce que veut M. Wauquiez, ce n’est pas un cordon sanitaire. C’est une camisole pour l’opposition. Une purge légale. Il veut criminaliser l’anticolonialisme, diaboliser la critique sociale. »

Il appelle à la résistance intellectuelle. Il évoque les heures sombres. Il cite la dissolution du Parti communiste en 1939. Il brandit la Constitution. Il exhorte les républicains à ne pas céder à ce qu’il nomme « la tentation de l’exclusion légalisée« .

L’écho dans la société civile

La réaction est fulgurante. Dans les jours qui suivent, les colonnes des grands journaux débordent de tribunes. Le Monde publie une lettre ouverte de 147 universitaires. Mediapart donne la parole à des avocats. Sur France Inter, une magistrate évoque une « dérive proto-autoritaire« . Sur les réseaux, les hashtags #PasEnNotreNom et #DissolutionLFI montent en tendance.

Le Barreau de Paris organise une conférence de presse. Quatre cents avocats dénoncent une stratégie de disqualification politique. Dans leur communiqué :

« Nous ne sommes pas d’accord avec toutes les positions de LFI. Mais nous défendrons toujours le droit d’expression politique tant qu’il reste dans le cadre de la loi. Créer une zone grise entre critique et infraction serait une trahison démocratique. »

La rue, à son tour, répond. À Marseille, 2 000 personnes manifestent place Castellane. À Toulouse, les Insoumis marchent aux côtés de syndicats, d’ONG, de collectifs de quartiers. À Paris, des rassemblements éclatent devant l’Assemblée. Les pancartes fleurissent :

« Dissoudre la colère ne dissoudra pas la misère ! » « Le droit à l’indignation n’est pas un délit ! » « Vous avez peur de nos voix ?« 

L’Élysée : Un silence de plomb

Dans ce tumulte, Emmanuel Macron reste muet. Ni soutien à Wauquiez, ni critique. Pas de tweet, pas de conférence. Juste des silences. Dans les couloirs de Matignon, certains confient que le Président « teste les digues« . Qu’il observe. Qu’il jauge la réaction du corps social. Une rumeur enfle : Une dissolution de LFI serait évoquée en cas de crise institutionnelle ou de campagne électorale tendue. Wauquiez serait, selon certains, l’agent d’un test grandeur nature.

La mécanique : Tuer la radicalité pour capturer le centre

Un député LR, sous couvert d’anonymat, résume :

« Ce qu’on veut, c’est déstabiliser la gauche. Si LFI devient infréquentable, on oblige le PS et les Verts à se repositionner. On polarise. Et dans le chaos, on redevient le pôle de stabilité. »

La dissolution n’est pas une fin. C’est un moyen. Le vrai but : Remodeler le paysage politique. Asphyxier la contestation. Réduire l’offre politique à deux blocs : Libéraux-centristes d’un côté, conservateurs sécuritaires de l’autre.

Une démocratie sous tension

Le 4 mai 2025 pourrait bien rester dans l’Histoire comme le jour où une frontière invisible s’est effacée. Celle qui sépare l’opposition légitime de l’ennemi intérieur.

La dissolution de LFI n’est pas encore actée. Mais elle est envisagée. Elle est discutée. Elle est rêvée par certains, redoutée par d’autres. Elle plane au-dessus du débat public comme une menace abstraite, mais de plus en plus précise.

Reste une question : Jusqu’où peut-on aller pour préserver la République sans la trahir elle-même ?

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