Aurélien : « Et si l’équilibre budgétaire de la France passait désormais par la mise à contribution des retraités aisés ? Yaël Braun-Pivet peut-elle vraiment toucher à cet électorat sacro-saint sans provoquer un séisme politique ? »
Impôts 2026 : Yaël Braun-Pivet veut faire contribuer davantage les retraités les plus aisés
Dans la lumière blanche et austère du perchoir de l’Assemblée Nationale, Yaël Braun-Pivet n’a pas tremblé. En ce mois de juillet 2025, alors que les températures montent et que les finances publiques peinent à refroidir, la présidente de l’Assemblée Nationale a pris la parole. Une parole qui, aussitôt prononcée, a électrisé le débat fiscal : « On ne peut pas faire l’impasse sur les recettes. Et il ne faut exclure aucun levier. »
Le message est clair. Pour sauver l’équilibre du budget 2026, il faudra plus qu’un jeu d’écritures. Il faudra toucher au cœur du contrat social, à ce tabou politique qui a traversé les décennies sans être égratigné : La fiscalité des retraités aisés.
🔍 Un effort demandé à ceux qui peuvent encore le faire
La phrase qui fait trembler les lignes est sans appel : « Les retraités les plus aisés pourraient davantage être mis à contribution. » Une bombe lâchée dans une interview aux Échos, que les observateurs politiques s’empressent de décrypter. Braun-Pivet évoque sans détour la suppression de l’abattement de 10% sur les pensions de retraite. Un avantage fiscal vieux de plusieurs décennies, hérité d’un autre temps, et qui coûte aujourd’hui près de 4 milliards d’euros par an à l’État.
Mais attention, précise-t-elle : Il ne s’agit ni d’une chasse aux seniors, ni d’un désaveu du travail passé. La cible, ce sont les retraités les plus aisés, ceux qui bénéficient de pensions confortables et d’un patrimoine conséquent, à mille lieues de ceux qui doivent compter leurs centimes au supermarché.
🧾 Supprimer un abattement… ou aligner la CSG ?
Outre l’abattement de 10%, une autre piste fait son chemin dans l’esprit de la présidente : L’alignement du taux de CSG des retraités sur celui des salariés actifs. Aujourd’hui, la plupart des retraités paient une CSG allégée, parfois réduite à 6,6% ou même 3,8%, alors que les salariés cotisent à 9,2%. Cette différence, pour Braun-Pivet, pourrait se justifier pour les petites retraites… mais pas pour les autres.
Elle pose donc la question : Pourquoi conserver ces avantages pour des personnes qui, dans bien des cas, vivent mieux que les actifs ?
🏛️ Super-héritages et TVA : D’autres leviers à activer
Mais Yaël Braun-Pivet ne s’arrête pas aux retraités. Son regard se tourne aussi vers les très grandes fortunes, et plus précisément vers les “super-héritages”. Ce 0,1% des successions françaises qui se chiffrent à plus de 13 millions d’euros, et qui ne sont taxées en moyenne qu’à… 10%.
“Est-ce juste ?”, interroge-t-elle. Non, répond-elle à demi-mot. Elle souhaite une réforme plus ambitieuse que celle avortée de 2023. Car si la France veut assurer l’équité entre générations, il faut que les ultra-riches paient leur part.
Enfin, dernière option sur la table : Une hausse ciblée de la TVA, sous condition que chaque point gagné soit intégralement compensé par une baisse du coût du travail. Une sorte de « TVA sociale« , déjà expérimentée en 2012, mais cette fois pensée dans un cadre structurel.
📉 Éviter les coupes aveugles dans les dépenses
Braun-Pivet est catégorique : « On ne trouvera pas 40 milliards d’euros uniquement en réduisant les dépenses publiques. » Et pour cause : Les marges sont faibles. Tailler dans l’hôpital, l’école ou les collectivités ? Impossible sans provoquer une levée de boucliers.
Elle pointe notamment le millefeuille territorial, qui pourrait être simplifié pour générer des économies structurelles. Elle souhaite que députés et sénateurs, toutes couleurs confondues, s’emparent du sujet d’ici la fin de l’année 2025.
🌿 Vers une “année blanche” fiscale ?
Clou du spectacle : Yaël Braun-Pivet relance une proposition déjà évoquée il y a quelques mois, et qui a de quoi séduire les économistes : une « année blanche fiscale ». L’idée ? Ne pas réévaluer les seuils d’imposition ni les prestations sociales pendant un an, afin de limiter l’impact de l’inflation et freiner mécaniquement la dépense publique. Ce gel temporaire, s’il était élargi, permettrait une économie invisible mais redoutablement efficace.
🗣️ Un discours politique… ou un ballon d’essai ?
Clémence, retraitée de la fonction publique vivant à Arras, écoute tout cela d’une oreille attentive. À 69 ans, elle touche une pension confortable, mais elle n’est pas dupe. Elle sait que l’abattement de 10% lui permet d’échapper à une tranche d’imposition supérieure. Elle sait que la CSG réduite est un privilège. Et pourtant, elle n’est pas opposée à l’idée de contribuer plus.
“À condition que tout le monde joue le jeu”, soupire-t-elle.
🎯 Une équation à plusieurs inconnues
Le message de Yaël Braun-Pivet est aussi courageux que risqué : Il faudra que ceux qui peuvent contribuer le fassent davantage. Et parmi eux, certains retraités devront peut-être abandonner un avantage fiscal auquel ils s’étaient habitués.
Alors que le gouvernement prépare fébrilement son budget pour 2026, les regards sont tournés vers Matignon et Bercy. Mais une chose est sûre : La bataille de l’opinion vient de commencer. Et Yaël Braun-Pivet a choisi de l’ouvrir… là où peu d’élus osaient s’aventurer.