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Vers une interdiction de fumer en terrasse : Ce que prévoit la Commission Européenne

SOCIETE

Depuis des décennies, la lutte contre le tabagisme est un sujet récurrent dans les débats publics et politiques. Le mardi 17 septembre 2024, la Commission Européenne a dévoilé une révision de ses recommandations datant de 2009. L’objectif est clair et ambitieux : Créer une « génération sans tabac », où moins de 5% de la population consommerait du tabac d’ici à 2040. Une proposition qui pourrait bouleverser les habitudes des fumeurs, particulièrement en ce qui concerne la cigarette sur les terrasses des bars et restaurants, un symbole de convivialité profondément ancré dans la culture française.

Une « génération sans tabac » : Un objectif ambitieux

Depuis plusieurs années, la France multiplie les mesures pour réduire le nombre de fumeurs. En 2022, environ douze millions de Français fumaient chaque jour, selon Santé Publique France. Une statistique qui, malgré les politiques de prévention, reste préoccupante. Parmi les actions les plus visibles pour les fumeurs : La hausse régulière des prix du tabac, une stratégie considérée comme l’un des moyens les plus efficaces pour décourager la consommation de cigarettes. Cependant, ces efforts pourraient se voir renforcés par de nouvelles mesures restrictives en lien avec les récentes recommandations de Bruxelles.

La Commission Européenne a ainsi exprimé son intention d’élargir les environnements sans fumée, y compris dans des lieux extérieurs tels que les terrasses des bars et des restaurants. L’idée : Limiter l’exposition des non-fumeurs aux dangers du tabagisme passif et secondaire, en interdisant la cigarette dans des lieux autrefois autorisés. Cette révision, bien que non contraignante pour les États membres, incite fortement à revoir la législation nationale concernant la consommation de tabac dans les espaces extérieurs publics et semi-publics.

Des recommandations européennes pour des espaces extérieurs sans fumée

Dans son rapport, la Commission Européenne recommande aux États membres d’étendre les politiques anti-tabac à divers lieux extérieurs. Cela inclut des endroits tels que les terrains de jeux publics, les parcs d’attractions, les arrêts de bus, mais aussi les espaces extérieurs associés à des lieux de travail, les hôpitaux, les établissements d’enseignement, et bien sûr, les terrasses des bars et restaurants. La raison invoquée est simple : « Il existe souvent une exposition très importante à la fumée et aux aérosols secondaires dans les espaces extérieurs et semi-extérieurs », justifie l’exécutif européen.

En France, fumer est déjà interdit dans de nombreux lieux publics fermés et couverts depuis 2007. Cette interdiction s’applique aux lieux de travail, aux établissements de santé, aux transports en commun, ainsi qu’aux écoles, collèges et lycées. Cependant, les terrasses de bars et de restaurants, tant qu’elles sont ouvertes, permettent encore la consommation de tabac. Cette possibilité pourrait bien disparaître si la France décidait de suivre les recommandations de la Commission Européenne.

Des mesures qui suscitent le débat

L’annonce de ces nouvelles recommandations a, sans surprise, provoqué de vives réactions. D’un côté, de nombreux non-fumeurs accueillent favorablement cette proposition, arguant que la lutte contre le tabagisme passif est une question de santé publique. « Je suis le premier à aimer fumer en terrasse, mais oui, ne pas filer le cancer à tout le monde c’est bien », déclarait un utilisateur sur le réseau social X (anciennement Twitter).

En revanche, les professionnels de la restauration et de l’hôtellerie sont beaucoup plus sceptiques. « Il faut d’abord s’attaquer à la fraude, à la contrebande », s’est exclamé Franck Delvau, représentant de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie (Umih) en Île-de-France. « Pourquoi s’attaquer aux restaurateurs et aux brasseries ? » ajoute-t-il, en mettant en garde contre les conséquences économiques d’une telle interdiction. Selon lui, cette mesure pourrait entraîner des licenciements et une baisse de fréquentation pour les établissements qui dépendent d’une clientèle de fumeurs.

Des exemples à suivre ? Le cas de la Hongrie et de l’Irlande

La Commission Européenne, pour sa part, reste optimiste. Selon elle, l’interdiction de fumer dans les espaces extérieurs n’aurait pas d’impact significatif sur le secteur de la restauration et de l’hôtellerie. Elle cite notamment le cas de la Hongrie, où une telle interdiction a été mise en place, et qui a vu une augmentation du nombre de clients et des revenus. En Irlande, un autre pays pionnier dans la lutte contre le tabac, l’impact économique global sur les bars et restaurants après l’interdiction de fumer en intérieur a été jugé « négligeable ».

L’expérience de ces pays pourrait-elle convaincre la France de suivre cette voie ? À l’heure actuelle, rien n’est encore décidé. Comme le précise Bruxelles, ces recommandations ne sont pas contraignantes. Chaque État membre reste libre d’adopter ou non ces mesures, en fonction de ses propres priorités et de ses spécificités nationales. Toutefois, la Commission Européenne propose également un soutien financier pour aider les gouvernements à mettre en œuvre les recommandations anti-tabac.

Et en France, quelle suite ?

Si la France décidait de suivre les recommandations de la Commission Européenne, cela pourrait représenter un véritable bouleversement pour les fumeurs. Fumer un cigare ou une cigarette en terrasse autour d’un verre est une tradition bien ancrée dans la culture française. Pour beaucoup, ces moments de convivialité, associés à un café ou un apéritif, sont indissociables de la vie sociale.

Cependant, la priorité de santé publique pourrait l’emporter sur ces habitudes culturelles. Dans un pays où le tabagisme passif est reconnu pour ses effets dévastateurs sur la santé, la limitation de la cigarette dans les espaces publics extérieurs pourrait bien devenir la prochaine étape logique dans la lutte contre le tabac. De nombreuses villes en Europe et dans le monde ont déjà adopté des mesures similaires avec des résultats positifs, tant sur la santé des citoyens que sur la fréquentation des établissements.

Reste à voir si le gouvernement français saisira l’opportunité de renforcer sa politique anti-tabac, en suivant ou non les recommandations de Bruxelles. Une chose est certaine : La lutte contre le tabagisme continue de se durcir, avec comme horizon une génération sans tabac d’ici à 2040. Une ambition qui, si elle est atteinte, pourrait transformer radicalement le paysage des terrasses en France, où la cigarette fait encore partie du décor.

Un adieu à la cigarette en terrasse : Vers une nouvelle ère sans tabac ?

L’idée d’une interdiction de fumer en terrasse semble de plus en plus probable, du moins si la France décide de suivre les recommandations de la Commission Européenne. Tandis que certains y voient une avancée pour la santé publique, d’autres redoutent une atteinte à des pratiques culturelles profondément ancrées. Quoi qu’il en soit, la bataille contre le tabagisme continue de se jouer à plusieurs niveaux, et cette possible interdiction pourrait bien en marquer une nouvelle étape décisive.

4 thoughts on “Vers une interdiction de fumer en terrasse : Ce que prévoit la Commission Européenne

  1. A part ça on continue à pulvériser légalement des tonnes de pesticides partout…quand le sage montre la lune….

  2. « créer une génération sans tabac » ? Il faudra alors trouver une nouvelle taxe pour compenser le manque à gagner de l’état. D’un autre côté, il y aurait moins de cancer du fumeur.
    Par contre, actuellement, on pourrait vendre des cigarettes sans filtre. Il a été prouvé que ce filtre entrainait des aspirations plus profondes sur la cigarette, donc un besoin encore plus accru de fumer. Ce sont ces filtres (très long à disparaitre) qui polluent la planète.

    1. Mais nous, nous irons plus souvent, et ne serons pas obligés de partir avant le café parce que cernés par la fumée …

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