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Polémique autour du film Bambi : Une association demande la déprogrammation à Montreuil

ANIMAUX

Le monde du cinéma a toujours su captiver l’imaginaire collectif à travers des histoires émouvantes mettant en scène des personnages attachants, qu’ils soient humains ou animaux. Cependant, derrière l’écran, certaines pratiques suscitent de vives réactions, notamment lorsqu’il s’agit du traitement réservé aux animaux utilisés dans les tournages. C’est dans ce contexte que le film Bambi, l’histoire d’une vie dans les bois, réalisé par Michel Fessler et inspiré du roman de Felix Salten, est devenu la cible d’une controverse. À quelques jours de son avant-première au Festival du film de Montreuil, l’association de défense des animaux PAZ (Projet Animaux Zoopolis) a lancé une pétition pour exiger la déprogrammation du film. Mais qu’est-ce qui se cache réellement derrière cette polémique ? Retour sur une affaire qui fait grand bruit.

Le film Bambi : Un retour aux sources controversé

Le film Bambi, l’histoire d’une vie dans les bois est un projet ambitieux, porté par la vision de Michel Fessler. Inspiré du roman de Felix Salten, qui avait déjà donné naissance au célèbre film d’animation de Disney, ce long-métrage revisite l’histoire du petit faon qui grandit dans une forêt jusqu’à devenir père à son tour. Narré par la chanteuse Mylène Farmer, le film promet de plonger le spectateur dans un univers poétique et réaliste à travers l’utilisation d’animaux réels.

Cependant, c’est précisément l’emploi d’animaux vivants qui est au cœur de la polémique. Contrairement à d’autres productions récentes qui privilégient les effets spéciaux numériques et les images de synthèse, Bambi fait appel à des animaux sauvages dressés pour jouer leurs propres rôles à l’écran. Cette décision, loin de plaire à tout le monde, a déclenché l’ire de l’association PAZ.

L’association PAZ dénonce le dressage animal

L’association PAZ est bien connue pour son combat en faveur des animaux, et elle ne mâche pas ses mots lorsqu’il s’agit de dénoncer les traitements infligés aux animaux dans l’industrie du cinéma. Dans une pétition qui a déjà réuni plus de 9 600 signataires, PAZ exige la déprogrammation de l’avant-première du film, prévue le 29 septembre au Festival du film de Montreuil. L’argument principal avancé par l’association repose sur les conditions de vie des animaux dressés pour le tournage.

Selon PAZ, le dressage d’animaux pour le cinéma est une pratique cruelle, privant les animaux de leur liberté tout au long de leur vie et les soumettant à des méthodes violentes. Dans sa pétition, l’association affirme que Bambi « trompe le public » en véhiculant une vision faussement idyllique de la nature, tout en cachant les souffrances réelles endurées par les animaux derrière l’écran. PAZ va encore plus loin en soulignant que le film va à l’encontre des valeurs défendues par Felix Salten dans son roman original, qui est décrit comme profondément anti-captivité.

Les alternatives techniques : Une solution sous-estimée ?

PAZ ne se contente pas de critiquer le film, elle propose également des solutions alternatives. L’association met en avant les nombreuses avancées technologiques qui permettent aujourd’hui de représenter des animaux à l’écran sans les exploiter. Des méthodes comme les images de synthèse, l’animatronique ou encore l’utilisation d’extraits vidéo issus de banques d’images offrent, selon PAZ, des résultats tout aussi réalistes tout en respectant les droits des animaux. Alors pourquoi ne pas les utiliser ?

Pour l’association, l’usage d’animaux réels dans un film en 2024 est un choix anachronique et contraire aux valeurs éthiques de plus en plus présentes dans la société. « Les administrations publiques doivent montrer l’exemple », peut-on lire dans la pétition, qui appelle la ville de Montreuil à prendre position en retirant Bambi de sa programmation.

La réponse du producteur : Des précautions supplémentaires prises

Face à la vague de critiques soulevée par PAZ, Jean-Pierre Bailly, producteur du film, a tenu à réagir. Dans une interview accordée au Parisien, il a défendu son film et l’ensemble de l’équipe, affirmant que tout a été mis en œuvre pour garantir le bien-être des animaux durant le tournage.

« Nous sommes du même bord pour ce qui est de la protection animale », a-t-il déclaré, précisant que le tournage de Bambi a nécessité un travail de préparation rigoureux. Un an avant le début des prises de vue, l’équipe a commencé à travailler avec des animalières professionnelles pour préparer les animaux aux scènes qu’ils allaient tourner. De plus, le tournage s’est étalé sur seize semaines, soit deux fois plus longtemps qu’un film classique, afin de respecter le rythme et le bien-être des animaux. Selon Bailly, les animaux ont eux-mêmes guidé le tournage, et les précautions prises dépassaient de loin celles habituellement observées sur un plateau de cinéma.

Le producteur a toutefois reconnu que l’utilisation d’animaux réels pouvait prêter à débat, mais il estime que la position de PAZ est « un peu exagérée », surtout à la lumière des efforts fournis pour garantir des conditions de tournage exemplaires.

La municipalité de Montreuil dans l’embarras

Alors que la polémique enfle, la municipalité de Montreuil, organisatrice du Festival du film, s’est retrouvée au centre des débats. Sollicitée par de nombreux médias, la ville a choisi de ne pas se positionner publiquement sur la question. « Nous préférons ne pas intervenir dans cette controverse », a simplement déclaré un porte-parole de la municipalité.

Cette neutralité apparente pourrait cependant être remise en question si la pression médiatique continue à augmenter. Le Festival du film de Montreuil, bien que modeste en comparaison d’autres événements cinématographiques, est suivi de près par un public sensible aux questions de droits des animaux et d’éthique environnementale.

Un débat plus large sur la place des animaux dans le cinéma

La controverse autour du film Bambi soulève un débat plus large sur l’utilisation des animaux dans l’industrie du divertissement. Depuis plusieurs années, de nombreux films et séries ont choisi de se passer complètement d’animaux réels, préférant des effets spéciaux toujours plus sophistiqués. Des productions comme Le Livre de la Jungle ou Le Roi Lion ont ainsi prouvé que la technologie pouvait rivaliser avec la réalité, tout en évitant les critiques liées à la condition animale.

Pour certains, le cinéma doit s’adapter à une époque où la sensibilité du public vis-à-vis des droits des animaux est de plus en plus aiguë. Pour d’autres, comme Jean-Pierre Bailly, il est possible de tourner avec des animaux tout en respectant leur bien-être, à condition de prendre les précautions nécessaires.

Un film pris entre deux visions du monde

Le film Bambi, l’histoire d’une vie dans les bois se trouve aujourd’hui au cœur d’un véritable bras de fer entre défenseurs des animaux et partisans d’un cinéma plus traditionnel. Si le débat autour de la condition animale dans le cinéma est loin d’être nouveau, cette affaire montre à quel point la question reste brûlante dans l’opinion publique.

Alors que l’avant-première du film approche, la question de savoir si Bambi sera déprogrammé ou non reste en suspens. Ce qui est certain, c’est que ce film, avant même sa sortie, aura marqué les esprits et relancé le débat sur la place des animaux dans l’industrie cinématographique.

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