pension de retraite faible

Retraite : Elle touche une pension de 37 euros après avoir passé sa vie à travailler !

CHOC

Une vie de sacrifices pour 37 euros par mois

Lorsque Jeanne regarde son relevé de retraite, elle ne peut s’empêcher de ressentir une pointe d’injustice. À 69 ans, cette femme de L’Hermenault, en Vendée, touche une pension mensuelle de 37,21 euros, le résultat d’une vie passée à travailler sans jamais cotiser. « Je n’ai jamais demandé grand-chose« , confie-t-elle avec un sourire empreint de résignation, « mais parfois, je me dis que c’est bien peu pour une vie entière. »

Un passé de labeur invisible

Jeanne a grandi dans une famille modeste où chaque membre avait son rôle. Dès son adolescence, elle aide son père, artisan matelassier, dans l’atelier familial. « Je me levais à l’aube pour découper les tissus, remplir les matelas de laine« , raconte-t-elle. Mais comme c’était une affaire familiale, elle n’a jamais été déclarée. « À l’époque, on ne posait pas de questions. C’était normal d’aider. »

Le schéma se répète lorsqu’elle se marie. Son mari, garagiste, a besoin de soutien pour gérer l’accueil des clients, la comptabilité, et la caisse. Jeanne devient alors une cheville ouvrière indispensable. Pourtant, ces années d’efforts ne lui donnent aucun droit à la retraite : « Je ne me voyais pas exiger d’être payée ou déclarée. C’était pour la famille. »

Des réformes qui arrivent trop tard

La situation de Jeanne n’est pas unique. Comme de nombreuses femmes de sa génération, elle appartient à une époque où le travail des conjoints au sein des entreprises familiales était considéré comme une « aide naturelle« . Ce n’est qu’en 2006 que le statut de conjoint collaborateur a été encadré pour protéger les épouses et leur permettre de cotiser à la retraite. En 2022, une loi a rendu cette déclaration obligatoire. Malheureusement, pour Jeanne, ces avancées sont arrivées trop tard.

Un refus de l’ASPA par crainte pour l’héritage

Aujourd’hui, Jeanne pourrait prétendre à l’ASPA (Allocation de solidarité aux personnes âgées), un dispositif destiné à garantir un revenu minimum aux retraités les plus modestes. Cependant, elle refuse de faire cette démarche : « Je ne veux pas que l’État récupère cet argent sur mon héritage après ma mort. » Avec un petit héritage en réserve, elle préfère s’en sortir seule, même si cela signifie vivre avec très peu.

Des inégalités persistantes pour les femmes retraitées

Les femmes comme Jeanne sont souvent les premières victimes des inégalités dans le système de retraite. Selon les données régionales, les femmes retraitées des Pays de la Loire perçoivent en moyenne 22% de moins que les hommes. Cela reflète les interruptions de carrière, les emplois précaires et les périodes de travail non déclaré qui ont jalonné leur parcours.

Une résilience admirable

Malgré tout, Jeanne garde le sourire. Ses petits-enfants, les promenades dans la campagne vendéenne et les souvenirs d’une vie bien remplie lui apportent une forme de réconfort. « Je n’ai pas grand-chose, mais j’ai l’essentiel« , dit-elle avec philosophie.

Un appel à la réflexion

L’histoire de Jeanne interpelle : Comment notre société peut-elle continuer à ignorer ces vies de labeur silencieux ? Si les réformes récentes marquent une avancée, elles laissent derrière elles une génération entière de femmes oubliées. Ne serait-il pas temps de mettre en place des solutions pour mieux reconnaître et compenser ces sacrifices ?

Jeanne, elle, ne demande rien. Mais son histoire est une voix parmi tant d’autres, un appel discret à plus de justice sociale.

Laisser un commentaire