Clémence : « Qu’auriez-vous fait si, en levant les yeux, vous aviez vu un homme debout sur une corniche du sixième étage, les bras tendus pour sauver une famille entière de la fumée et des flammes ? Moi, je suis restée bouche bée… Et lui, il est devenu un héros. »
Fousseynou, l’homme qui n’a pas hésité une seconde…
Le ciel était encore lourd de chaleur en cette fin d’après-midi du 5 juillet 2025 à Paris. Rue de la Chapelle, dans le 18e arrondissement, la vie suivait son cours, bercée par les klaxons, les rires d’enfants, et le ronronnement lointain du métro aérien. Mais en quelques minutes, tout a basculé.
Il est 17h30 lorsqu’une fumée noire et épaisse commence à s’échapper d’un appartement situé au deuxième étage du numéro 49. Très vite, les flammes gagnent les étages supérieurs, affolant les résidents. Des cris fusent dans les cages d’escalier, des battements de mains se répercutent sur les murs, des appels à l’aide déchirent la rumeur de la rue.
Dans cet immeuble à la façade fatiguée, un homme s’apprête à entrer chez lui. Fousseynou Cissé, 39 ans, est agent d’accueil dans plusieurs collèges de la ville. Il vit là, dans cet immeuble ordinaire, parmi ses voisins, ses amis, ses repères. Mais ce qu’il va faire dans les minutes qui suivent va le faire entrer dans l’Histoire.
Au sixième étage, un appartement est devenu un piège mortel. À l’intérieur, deux femmes et leurs quatre enfants – dont deux bébés de 5 mois et 18 mois – tentent désespérément de respirer à travers les voilages. La fumée gagne chaque pièce. Il n’y a plus d’issue. Plus d’espoir.
Mais soudain, une main frappe à la fenêtre voisine. Fousseynou, qui connaît les lieux par cœur, a compris qu’il n’y avait pas une seconde à perdre. Sans réfléchir, il franchit sa propre fenêtre, grimpe sur la corniche étroite, et commence à ramper le long de la façade, à plus de 20 mètres au-dessus du sol. Une caméra de surveillance captera d’ailleurs la scène surréaliste.
Là, suspendu dans le vide, il attrape un par un les enfants que lui tend la première mère. Il les passe à un autre voisin, resté à la fenêtre de son appartement. Puis il aide les femmes à sortir. Le tout, au bord du précipice, sans protection, dans la chaleur et la fumée. Il ne faiblit pas. Il ne tremble pas.
« C’était une question de survie, je n’ai pas hésité une seconde », confiera-t-il sobrement, quelques heures plus tard, au micro de Franceinfo.
Un sauvetage digne des plus grands films
En quelques minutes, Fousseynou sauve six personnes. Et les images de ce sauvetage héroïque, captées par un voisin ou les caméras, vont très vite faire le tour des réseaux sociaux. Sur TikTok, sur Instagram, sur X, la séquence devient virale. Et les internautes s’emballent. On l’appelle « le Spider-Man du 18e », « le héros de Paris ». Mais lui reste humble.
« Je ne voulais pas devenir un héros. J’ai simplement fait ce que n’importe qui aurait dû faire », dit-il, presque gêné de l’attention.
Les pompiers, alertés en urgence, mobilisent 20 engins et 80 soldats du feu. Grâce à leur rapidité, l’incendie est maîtrisé en moins d’une heure. Dix personnes seront hospitalisées, mais aucun décès n’est à déplorer. Grâce à lui. Grâce à ce geste fou, fou de courage.
Reconnaissance nationale en vue
Face à cet acte de bravoure, le ministère de l’Intérieur n’a pas tardé à réagir. Gérald Darmanin, selon les informations exclusives de BFMTV, a décidé de faire décorer Fousseynou Cissé pour acte de courage et de dévouement. Une reconnaissance méritée, selon ses voisins, mais aussi selon les milliers de Français bouleversés par cette histoire.
Et dans l’ombre de cette décoration, une autre bataille se joue. Car Fousseynou, bien qu’en CDI et résident en France depuis plus de 10 ans, n’a pas encore obtenu la nationalité française. Son entourage appelle aujourd’hui les autorités à accélérer les démarches.
« S’il y a un homme qui incarne les valeurs de la République – courage, solidarité, fraternité – c’est lui », déclarera une voisine au micro d’une radio locale.
Un symbole d’espoir dans une France fracturée
Dans un pays souvent divisé, parfois désabusé, l’histoire de Fousseynou réconcilie. Elle apaise. Elle inspire. Elle rappelle que le héros n’est pas toujours un pompier en uniforme ou un militaire en opération extérieure. Parfois, c’est juste un homme ordinaire, qui prend une décision extraordinaire.
Depuis le drame, des dizaines de messages de soutien, de remerciements, de félicitations ont afflué. On parle même de créer une fresque murale à son effigie dans le quartier. Des élèves de collège ont écrit son nom en lettres majuscules sur les murs de leur cour : « Merci Fousseynou ».
Un citoyen exemplaire, un destin bouleversant
Peut-on imaginer un pays plus beau que celui où un homme, sans cape ni costume, risque sa vie pour sauver des voisins ? Peut-on rêver d’un meilleur modèle pour la jeunesse que cet homme qui, sans bruit, a montré l’exemple ? Fousseynou Cissé ne voulait pas de lumière. Mais la lumière l’a trouvé.
Et à travers lui, c’est tout un peuple qui se rappelle que, parfois, la grandeur surgit quand on s’y attend le moins.

Yann GOURIOU est rédacteur et responsable éditorial de MyJournal.fr. Passionné d’actualité, de société et de récits de vie, il signe chaque article avec une approche humaine, sensible et engagée. Installé en Bretagne, il développe un journalisme proche du terrain, accessible et profondément ancré dans le quotidien des Français.
