Mehdi : « Quand mon fils est né à l’hôpital de Clermont-Ferrand, la sage-femme m’a murmuré que c’était le premier bébé de la journée. Il était 18h15. Alors je me suis demandé : Est-ce à nous, les immigrés, de repeupler la France ? »
Le soleil se levait lentement sur Clermont-Ferrand, un matin d’avril 2025. Dans la chambre 212 de la maternité du CHU Estaing, Mehdi tenait son fils dans ses bras. Un silence étrange flottait dans le couloir. Pas de cris de nouveau-nés, pas de va-et-vient d’infirmières débordées. La sage-femme s’était approchée et lui avait confié, presque gênée : « C’est le premier bébé aujourd’hui. Il est 18h passées. »
Ce constat glaça Mehdi. Il venait d’assister, sans le savoir, à l’un des symptômes les plus marquants du basculement démographique que traverse la France. Un pays qui, pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, enregistre plus de décès que de naissances. Le rapport de l’INSEE est formel : 651 200 décès contre 650 400 naissances entre mai 2024 et mai 2025. Le solde naturel est négatif. La population française commence à s’éteindre doucement, par manque de bras, de cris, de poussettes.
Mais une question brûle désormais toutes les lèvres, dans les bureaux des préfectures comme dans les couloirs de l’Élysée : Faut-il régulariser massivement les immigrés pour compenser ce déficit de naissances ?
📉 Une démographie en chute libre
Le phénomène n’est pas nouveau. Depuis 2010, la natalité baisse continuellement. En 2024, la France enregistrait 663 000 naissances, soit 21,5 % de moins qu’en 2010. L’indice de fécondité s’est effondré à 1,62 enfant par femme, bien loin du seuil de renouvellement de 2,1. Dans le même temps, le vieillissement des baby-boomers fait exploser le nombre de décès.
Mais cette fois, c’est une première : Les décès dépassent les naissances. Le solde naturel devient négatif. Un pays qui meurt plus qu’il ne naît. C’est un point de rupture, un signal d’alarme.
👶 Moins d’enfants, mais plus d’immigrés ?
Dans les quartiers nord de Marseille, comme dans les faubourgs de Lyon ou de Roubaix, la tendance est différente. Les familles immigrées, souvent jeunes, continuent à avoir des enfants, parfois deux ou trois. Elles représentent une partie croissante des naissances en France, selon les dernières études de l’INSEE.
Face à ce déséquilibre, certains économistes comme François Geerolf (OFCE) osent la question qui fâche : Et si la solution à notre crise démographique passait par une régularisation de masse des immigrés présents sur le territoire ?
Une idée aussitôt reprise dans les cercles politiques progressistes, mais aussi dénoncée vigoureusement par les partis de droite et d’extrême droite, qui y voient une « solution de remplacement » ou un « péril civilisationnel ».
📊 Un choix économique… ou idéologique ?
Les défenseurs de la régularisation avancent plusieurs arguments chiffrés :
- En France, environ 400 000 personnes vivent sans papiers.
- Une partie importante d’entre elles a moins de 35 ans, donc en âge de procréer.
- En les régularisant, on les intègre dans le système de cotisations, de soins, d’éducation, ce qui renforce mécaniquement les bases du financement social.
- À long terme, une politique d’intégration bien menée pourrait aider à stabiliser la pyramide des âges.
Mais les adversaires de cette vision dénoncent un calcul cynique, déshumanisé, dangereux. Pour eux, la natalité ne doit pas être rattrapée par l’immigration, mais par une politique familiale ambitieuse : Allocations revalorisées, logement accessible, services publics en milieu rural, relance de l’emploi stable.
🌍 Un débat européen
La France n’est pas seule. L’Allemagne, l’Italie, l’Espagne ou encore le Japon connaissent le même effondrement natal. Tous ont, à des degrés divers, testé les bienfaits — ou les limites — d’une immigration ciblée ou massive pour maintenir leur économie et compenser leur démographie défaillante.
Au Japon, le pari a été celui de la robotisation. En Allemagne, celui de l’ouverture. En Hongrie, celui du repli nataliste. La France, elle, semble à la croisée des chemins.
🤝 Mehdi, Marie et les autres
Mehdi, lui, ne pense pas en chiffres. Il pense à l’avenir de son fils. Sa femme, Marie, est française. Il est sans-papiers depuis 9 ans, travaille au noir dans le bâtiment. Leur enfant est français. Mais lui ne l’est toujours pas. Peut-il contribuer à la France sans y être reconnu ? Peut-il repeupler un pays qui ne veut pas de lui ?
Ce soir-là, en berçant son bébé dans le silence de l’hôpital, Mehdi s’est juré de faire tout pour rester. Parce que la France, qu’on le veuille ou non, c’est aussi lui.
Dans ce cas là, si ce sont les immigrés qui repeuplent la France, ce n’est plus la France.