Question posée par Sophie : « En préparant mon sac à dos pour Majorque, je suis tombée sur ce tweet qui parlait d’une astuce “géniale” pour éviter les frais de bagages en avion… Et si moi aussi, je pouvais envoyer ma valise comme un simple colis Vinted ? »
L’été 2025. Les aéroports européens bouillonnent de valises colorées, de cris d’enfants impatients, de parents stressés. Au terminal 3 de l’aéroport de Roissy, Inès attend son vol pour la Crète. Mais contrairement à la file de voyageurs devant le comptoir de la compagnie low cost, elle ne s’inquiète pas du poids de son bagage. Car sa valise… est déjà partie.
Non, elle n’a pas pris un vol plus tôt. Non, elle n’a pas confié sa valise à un proche. Elle l’a expédiée. Oui, envoyée comme un simple colis. Sur… Vinted.
Une tendance née d’une colère contre les tarifs des compagnies aériennes
Tout est parti d’un simple tweet, repéré par Le Parisien Économie et relayé le 27 juillet 2025. Une photo d’une valise soigneusement emballée, prête à être prise en charge par un transporteur. En légende : « Marre de payer 60€ pour un bagage en soute. J’envoie ma valise via Vinted. C’est du génie. »
Des centaines de partages. Des milliers de réactions. L’idée est lancée, elle fait mouche : Détourner les plateformes d’expédition de colis — comme Vinted, mais aussi Mondial Relay, Chronopost, ou Colissimo — pour envoyer ses affaires à destination sans les embarquer physiquement.
L’objectif ? Échapper aux surcoûts facturés par certaines compagnies aériennes, notamment les low-cost comme Ryanair, EasyJet ou Transavia. Car depuis plusieurs mois, ces dernières renforcent les contrôles en cabine et facturent au prix fort chaque bagage dépassant les dimensions autorisées, ou chaque kilo supplémentaire en soute.
Inès, 28 ans, raconte son expérience
Quand Inès a vu le tweet, elle s’est souvenue de ses 98 euros de frais de bagages l’an dernier pour un aller-retour Paris-Porto. Cette fois, elle a décidé de tenter l’expérience. En postant une “fausse vente” d’un objet sur Vinted, avec sa propre adresse de livraison à Héraklion, elle a enclenché l’envoi de sa valise via un point relais partenaire. Bilan : 14,90€ d’expédition contre les 39€ demandés par sa compagnie.
Elle rit : « J’ai mis une mention ‘kit de vêtements d’été’ dans la description. C’est passé crème. »
Et elle n’est pas la seule. Dans les commentaires sous le tweet devenu viral, d’autres voyageurs rapportent des expériences similaires. Certains envoient deux bagages pour toute la famille. D’autres utilisent des boîtes en carton renforcées plutôt que des valises classiques.
Une idée “géniale” mais pas sans risque
Si l’astuce fait sourire et semble efficace, elle n’est pas sans limites.
D’abord, les délais. L’envoi d’un colis Vinted prend en moyenne 3 à 5 jours ouvrés. Il faut donc anticiper. Pas question d’envoyer sa valise la veille du départ.
Ensuite, la fiabilité. En cas de perte ou de détérioration du bagage, l’indemnisation proposée par les transporteurs est très inférieure à celle des assurances bagages des compagnies aériennes. Et certaines plateformes n’acceptent tout simplement pas les valises, en particulier si elles dépassent certains formats ou poids.
Enfin, le flou juridique. En théorie, détourner un service destiné à des objets pour expédier ses effets personnels n’est pas interdit, mais certaines plateformes comme Vinted ou Leboncoin pourraient y voir un usage détourné de leurs conditions générales.
Pourquoi cette astuce séduit autant ?
En pleine période d’inflation et de restrictions budgétaires, chaque euro économisé compte. Pour les familles nombreuses, les jeunes, ou les vacanciers réguliers, éviter 40 à 80 euros par trajet devient un acte de résistance économique.
Mais plus encore, cette stratégie traduit une lassitude profonde face à ce que beaucoup considèrent comme un “racket organisé” des compagnies aériennes low cost. Ce sentiment d’être piégé, d’acheter un billet “à 20€” qui finit par coûter 150€, une fois tous les suppléments ajoutés.
Le début d’un changement de paradigme ?
Le phénomène n’en est qu’à ses débuts, mais il révèle un basculement dans la manière de consommer le voyage. Les passagers ne veulent plus simplement être transportés, ils veulent reprendre le contrôle de chaque aspect du voyage : Choix du trajet, choix du service, et désormais… choix du mode d’acheminement de leurs affaires.
Certaines start-up flairent déjà le filon. Des plateformes spécialisées dans l’envoi de bagages ou d’effets personnels voient le jour. D’autres explorent la location de vêtements sur place, pour voyager “léger”. L’ère du bagage reconsidéré est en marche.
Et si le vrai luxe, en 2025, c’était de voyager sans bagage… ni frais ?
L’astuce d’envoyer sa valise via Vinted est peut-être le coup de génie de l’été 2025. Créative, économique, et audacieuse, elle redéfinit le rapport entre le passager et la compagnie aérienne. Mais elle soulève aussi des questions sur la pérennité d’un modèle économique basé sur les frais cachés. Et si les voyageurs, lassés de subir, devenaient plus malins que les systèmes qu’ils contournent ?

Yann GOURIOU est rédacteur et responsable éditorial de MyJournal.fr. Passionné d’actualité, de société et de récits de vie, il signe chaque article avec une approche humaine, sensible et engagée. Installé en Bretagne, il développe un journalisme proche du terrain, accessible et profondément ancré dans le quotidien des Français.
