Léa se demande : « Est-ce que mon vieux lapin Moustic mériterait une fin utile… dans l’estomac d’un lion ? »
Dans le silence paisible du nord du Danemark, entre les murs du zoo d’Aalborg, une annonce a secoué les consciences. Le 31 juillet 2025, sur sa page Facebook officielle, le parc zoologique a publié un appel qui n’avait rien d’anodin : Il invite les particuliers à faire don de leur animal de compagnie pour nourrir les fauves du zoo. Chiens ? Non. Chats ? Pas forcément. Mais lapins, cochons d’Inde, poules, et même… des chevaux.
Une pratique qui existe pourtant depuis longtemps dans les zoos scandinaves, mais que l’ère des réseaux sociaux vient tout juste de médiatiser massivement, suscitant à la fois incompréhension, colère… et réflexions profondes.
🐾 « Rien n’est gaspillé » : Un slogan qui heurte
Tout est parti d’un post rédigé dans un style calme mais déconcertant, avec une formule limpide : « Rien n’est gaspillé ». Le zoo d’Aalborg, dans sa volonté de s’approvisionner de manière plus “naturelle” pour nourrir ses prédateurs — lions, tigres, lynx — invite les Danois à leur confier leurs animaux de compagnie, sous certaines conditions strictes, afin qu’ils soient euthanasiés puis utilisés pour nourrir les carnivores du parc.
C’est la responsable de la communication du zoo, Anette Sofie Warncke Nutzhorn, qui assume pleinement cette pratique, expliquée par BFMTV dans un article du 4 août 2025. « Dans les zoos, nous avons la responsabilité d’imiter la chaîne alimentaire naturelle. »
En d’autres termes : Au lieu de jeter ou incinérer des carcasses, pourquoi ne pas réintroduire un cycle biologique cohérent — et économe ?
🐎 Qui peut donner quoi ?
Le zoo d’Aalborg n’accepte pas n’importe quel animal. Seuls quatre animaux de petite taille maximum peuvent être donnés par personne, à savoir :
- Poules,
- Lapins,
- Cochons d’Inde,
- Rats,
- Souris,
- Et parfois des chevaux — oui, vous avez bien lu.

Mais pas tous les chevaux. Uniquement ceux mesurant moins de 147 cm au garrot, non traités médicalement récemment, et disposant d’un passeport équin en règle. En somme : Des chevaux de taille modeste, en fin de vie ou inutilisés, mais encore en bonne santé, car les fauves ne peuvent pas être nourris de viande contaminée ou impropre à la consommation.
Un vétérinaire du zoo s’assure de leur état. Ils sont ensuite euthanasiés de manière encadrée, puis donnés aux prédateurs du parc dans leur intégralité : Viande, peau, os, fourrure ou crin compris.
💶 Un don… déductible des impôts
Cerise sur le gâteau — ou élément de débat supplémentaire : Les dons d’animaux peuvent être déclarés fiscalement. Oui. Au Danemark, le don d’un cheval ou de plusieurs lapins au zoo est considéré comme un don en nature à une fondation reconnue, et ouvre donc droit à une réduction d’impôt.
Cette information, confirmée par plusieurs médias dont BFMTV, a choqué autant qu’elle a fasciné : Donner un animal de compagnie, bénéficier d’une réduction fiscale, et nourrir les fauves… Est-ce un acte citoyen ou une dérive morale ?
🧑⚖️ Un débat éthique ravivé dans toute l’Europe
Ce n’est pas la première fois qu’un zoo scandinave est pointé du doigt pour une gestion directe et décomplexée de ses animaux.
On se souvient tous de Marius, la jeune girafe du zoo de Copenhague, abattue en 2014 malgré sa bonne santé car génétiquement trop « banale » pour la reproduction. Son corps avait été donné aux lions. Le monde entier avait alors crié au scandale.
Mais pour les responsables danois, ce n’est pas un drame, c’est la nature. « Dans la savane, un prédateur mange sa proie. Le zoo ne fait que reproduire cette réalité, plutôt que de nourrir les lions avec de la viande industrielle ou congelée« , justifie Anette Nutzhorn, citée dans BFMTV.
🦷 Comportement animal renforcé et économies
Pour le zoo d’Aalborg, cette méthode présente trois avantages majeurs :
- Elle permet aux prédateurs d’avoir une alimentation plus proche de la nature, sans viande découpée en barquettes.
- Elle stimule leur comportement de chasse et de déchiquetage, essentiel à leur équilibre psychologique.
- Et elle représente une économie financière non négligeable pour l’établissement.
En effet, nourrir des fauves coûte très cher. Les rations doivent être variées, riches, fraîches, et adaptées à chaque espèce. Les dons d’animaux permettent donc au zoo d’assurer une qualité nutritionnelle optimale tout en réduisant les dépenses.
🌐 Réactions virales : Entre dégoût, soutien… et moqueries
Le post Facebook du zoo d’Aalborg est rapidement devenu viral. Face à l’afflux de commentaires haineux, critiques ou ironiques, le zoo a préféré désactiver les commentaires publics.
Certaines phrases font froid dans le dos :
🗨️ « J’ai emmené mon cheval il y a deux ans, il a eu une mort paisible. »
🗨️ « Quelle horreur, vous tuez des lapins de compagnie pour divertir vos lions ? »
🗨️ « Même pas capables de gérer leur budget, ils recyclent les lapins des enfants ! »
Mais d’autres, plus pragmatiques, soutiennent la démarche :
🗨️ « Mieux que de les abandonner dans la forêt. »
🗨️ « Une vraie chaîne alimentaire, sans gâchis. »
🧠 Une réflexion collective sur la mort et le rôle des zoos
Cette affaire met en lumière une question que personne n’aime poser, mais que beaucoup se voient contraints de considérer : Que faire d’un animal de compagnie vieillissant, malade ou non adoptable ?
Donner son lapin, sa poule ou même son vieux poney à un zoo pour qu’il serve de nourriture à d’autres animaux — est-ce une trahison, ou un dernier acte utile ?
Anette Nutzhorn conclut dans BFMTV : « Nous comprenons que cela choque, mais c’est cohérent avec notre mission : éduquer, respecter la nature, et ne rien gaspiller. »
🧩 Une fin utile ou un choix insoutenable ? Le dilemme moral des dons animaliers au cœur du débat
Au-delà du choc initial, l’initiative du zoo d’Aalborg ouvre un débat fondamental sur la relation entre l’homme, l’animal domestique et le cycle de la vie.
Ce choix danois, relayé par BFMTV, n’est ni une dérive sadique, ni une anecdote macabre. C’est une philosophie de gestion animalière qui, bien que déroutante, pourrait bien faire des émules en Europe… ou provoquer des levées de boucliers durables.
Et vous, seriez-vous prêt à offrir le corps de votre fidèle compagnon… pour nourrir un lion affamé ?