Conflit social, arrêts maladie massifs et inquiétudes touristiques : plongez au cœur de la crise policière qui secoue Malgrat de Mar, près de Lloret.

Catalogne en état de choc : 95% de la police municipale en arrêt maladie, une station balnéaire livrée à elle-même !

SOCIETE

Dans le tumulte brûlant d’un été catalan, alors que le sable doré de Malgrat de Mar accueille des milliers de touristes venus du monde entier pour profiter de ses plages et de ses fêtes estivales, une autre réalité, bien plus sombre, s’impose à la population locale. Une réalité inimaginable : Cette station balnéaire de 20 000 habitants, qui double sa population à la haute saison, vit pratiquement sans police municipale.

Selon un article publié par France 3 Régions, sur les 53 agents qui composent habituellement les forces de police locale, 50 sont aujourd’hui en arrêt maladie. Seuls trois policiers tentent encore de porter l’uniforme, mais leur présence est symbolique face aux besoins colossaux de la ville. À la place, ce sont les Mossos d’Esquadra, la police catalane, qui assurent la sécurité en urgence, déployant des patrouilles venues de la ville voisine de Pineda de Mar.

Une grève silencieuse sous forme d’arrêts maladie massifs

Officiellement, il n’y a pas de grève. Mais dans les faits, 95% d’une force municipale absente pour cause de maladie, cela s’apparente à un bras de fer sans précédent. Les syndicats policiers, en particulier le SIP-FEPOL, expliquent que les arrêts maladie ne sont pas une manœuvre de contestation mais la conséquence directe d’un climat de travail insoutenable. Anxiété, stress chronique, épuisement physique et mental : Les agents disent être arrivés au bout de leurs forces.

Leur combat ne date pas d’hier. Dès la fin de l’année 2024, ils avaient entamé des négociations avec le conseil municipal. À l’époque, leurs revendications semblaient simples : Plus d’effectifs, une meilleure répartition du temps de travail, et surtout, l’alignement de leurs horaires sur les 35 heures des autres fonctionnaires municipaux.

Pour un temps, tout laissait croire qu’un compromis était possible. Mais en mars 2025, le Conseil municipal aurait brutalement rompu les discussions, selon le syndicat. Conséquence directe : La convention collective, expirée depuis 2020, n’a pas été renouvelée. Et avec elle, la confiance fragile qui unissait encore les policiers et leur hiérarchie s’est effondrée.

Congés annulés, heures supplémentaires refusées

À la colère s’est ajoutée l’amertume. En juillet, les policiers ont annoncé qu’ils n’accepteraient plus d’effectuer d’heures supplémentaires volontaires. Or, dans une station balnéaire où la population double l’été, ces heures supplémentaires étaient vitales pour assurer la sécurité. La riposte de la mairie fut immédiate : Tous les congés déjà accordés furent annulés.

La maire socialiste, Sònia Viñolas, en poste depuis 2021, a tenté d’apaiser les esprits en promettant le remboursement des frais d’annulation de voyage des agents. Mais le mal était fait : Pour les syndicats SIP-FEPOL et UGT, cette mesure s’apparentait à une atteinte au droit du travail. Le ton est monté, et l’été a basculé dans la confrontation.

Des arrêts maladie massifs qui interrogent

La simultanéité des arrêts maladie n’a pas tardé à susciter la polémique. Du côté médical, certaines voix s’élèvent pour dénoncer une possible « fraude« . Jaume Sellarès, vice-président de l’Ordre des médecins de Barcelone, a déclaré dans Catalunya Press : « Il s’agit d’un abus de droit et d’une fraude passible de poursuites ».

Le débat est lancé : Les policiers de Malgrat de Mar sont-ils réellement victimes d’une détresse psychologique collective ou utilisent-ils l’arrêt maladie comme une arme de protestation ? La CUP, parti indépendantiste catalan, appelle la mairie à exiger des contrôles médicaux approfondis et même à lancer des enquêtes internes.

Sécurité sous tension au cœur de l’été

La situation est d’autant plus explosive qu’elle survient au pire moment possible : La haute saison estivale. Chaque été, la population de Malgrat de Mar passe de 20 000 à près de 40 000 habitants. Festivals, concerts, feux d’artifice, marchés nocturnes : La station vit au rythme des fêtes. Mais derrière les musiques et les lumières colorées, l’inquiétude grandit.

Qui surveille les ruelles bondées ? Qui intervient en cas de rixe ou de vol ? Qui sécurise les festivités où l’alcool coule à flot et où les esprits s’échauffent facilement ?

Dans un communiqué, la mairie a tenu à rassurer ses administrés : « La sécurité de la commune est garantie ». Mais dans les cafés de la promenade maritime, les conversations trahissent la peur. Les habitants s’interrogent, les commerçants craignent pour leurs affaires, et les vacanciers, eux, oscillent entre insouciance estivale et appréhension diffuse.

Quand une ville entière retient son souffle

Ce qui se joue à Malgrat de Mar dépasse le cadre local. L’affaire illustre les tensions croissantes entre institutions municipales et forces de l’ordre dans de nombreuses villes européennes confrontées à la même équation impossible : Manque d’effectifs, hausse des charges de travail et explosion de la demande sécuritaire.

La grève silencieuse des policiers municipaux catalans pose une question de fond : Qu’advient-il d’une ville quand ceux qui incarnent la loi et l’ordre déposent les armes, non pas en signe de contestation publique, mais en se réfugiant derrière un certificat médical ?

À l’heure où les touristes continuent de danser au rythme des fêtes sur le front de mer, Malgrat de Mar vit une double réalité : Une vitrine joyeuse pour les vacanciers, et une inquiétude sourde pour les habitants et élus. Le conflit est loin d’être réglé, et déjà, les regards se tournent vers la rentrée. La reprise du dialogue sera-t-elle possible ? Ou bien la commune devra-t-elle s’habituer à vivre sous protection extérieure, dépendante des Mossos d’Esquadra venus d’ailleurs ?

L’été de tous les dangers

L’été 2025 restera gravé comme celui où une station balnéaire de Catalogne s’est retrouvée quasiment sans police municipale, en pleine affluence touristique. Entre arrêts maladie collectifs, bras de fer politique et inquiétudes médicales, l’affaire de Malgrat de Mar pourrait bien devenir un cas d’école en Europe : Celui d’une grève déguisée, aux frontières du droit, où la santé des agents se mêle aux revendications sociales.

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