« La police tue partout » : retour sur l’affaire Aurélien Taché, la plainte préfectorale et la tension croissante entre élus et forces de l’ordre.

Député Aurélien Taché (LFI) visé par une plainte : « La police tue partout », polémique en Val‑d’Oise

POLITIQUE

Dans le silence lourd d’un été brûlant, un tweet a retenti comme une gifle. Le 18 août 2025, alors que la mémoire collective se rassemblait autour du drame de Gabriel, tué par un gendarme en mai dans les Deux-Sèvres, le député Aurélien Taché, élu LFI du Val-d’Oise, a pris la plume virtuelle. Trois mots, aussi lapidaires que dévastateurs : « La police tue partout ».

Cette phrase, lancée sur X, a traversé les réseaux comme une détonation. Pour certains, elle résonnait comme une vérité trop souvent étouffée, pour d’autres, elle était une insulte faite à des femmes et des hommes en uniforme, parfois au péril de leur vie. Dans son sillage, elle a ouvert un front inattendu : Celui de la justice.

Car dès le 19 août 2025, le préfet du Val-d’Oise a annoncé avoir déposé plainte contre le député. Motif : Communication diffamatoire et injurieuse envers les policiers. L’affaire ne s’arrête pas là. Le syndicat Alliance Police nationale, par la voix de ses représentants, a déclaré vouloir se constituer partie civile. Les propos de l’élu sont jugés « ignominieux ». Une frontière est franchie, disent les syndicats : On ne s’attaque pas impunément à l’institution policière.

Cette affaire survient dans un contexte déjà tendu. Le décès de Gabriel, survenu le 24 mai 2025 dans les Deux-Sèvres, a bouleversé la région et bien au-delà. Les premiers éléments d’enquête évoquent une légitime défense du gendarme : L’homme de 19 ans, armé d’une matraque télescopique, aurait acculé le militaire avant que celui-ci n’ouvre le feu. Pourtant, pour une partie de la population, Gabriel est devenu le symbole d’une jeunesse fauchée par la violence de l’État. Une marche blanche en sa mémoire se prépare, sur fond de blessures sociales et de fractures politiques.

Dans ce climat, les mots de Taché prennent une dimension particulière. Lui, enfant des Deux-Sèvres, élu du Val-d’Oise, a voulu faire le lien entre son département d’adoption et sa terre natale. Mais ce lien s’est mué en fracture. Les partisans de la police y voient une accusation généralisée, une condamnation sans nuance.

Sur les réseaux, les réactions s’entrechoquent. Certains saluent le courage d’un élu qui ose dire tout haut ce que d’autres murmurent dans les quartiers endeuillés. D’autres dénoncent un « populisme irresponsable », une manière d’alimenter la défiance envers l’autorité. Le site Valeurs Actuelles, qui a révélé la plainte déposée par le préfet, insiste sur l’onde de choc provoquée par cette sortie numérique.

À l’Assemblée Nationale, l’affaire ne manque pas de faire du bruit. Les uns parlent d’atteinte à la liberté d’expression, les autres rappellent que tout mandat d’élu implique une responsabilité de chaque mot. La frontière est ténue entre dénoncer des drames et accuser une institution dans son ensemble.

Les prochaines semaines s’annoncent lourdes. Une enquête judiciaire devra dire si les propos du député relèvent de la diffamation publique envers une administration — un délit prévu et puni par la loi française. Le procès, s’il devait avoir lieu, ne serait pas seulement celui d’un tweet. Il deviendrait le miroir d’une France fracturée entre ceux qui voient dans la police une protection nécessaire et ceux qui la perçoivent comme une menace.

Aurélien Taché, lui, reste campé sur sa ligne. Son tweet est toujours là, gravé dans la mémoire numérique. Trois mots qui pourraient bien décider d’une partie de son avenir politique. Car derrière cette polémique, c’est une question fondamentale qui se pose : Dans quelle mesure un élu peut-il, au nom de la représentation populaire, remettre en cause l’institution qui garantit l’ordre républicain ?

Le Val-d’Oise, les Deux-Sèvres, la France tout entière se retrouvent à nouveau au cœur d’un débat aussi brûlant que douloureux. Et à travers cette affaire, chacun mesure à quel point les mots peuvent être aussi lourds que des actes.

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