« Élodie, imaginez-vous l’ascension fulgurante de Jordan Bardella, propulsé par Marine Le Pen, jusqu’à l’Élysée en 2027, dans une France bouleversée par les jugements et les interdictions politiques ? »
Il y a des scènes politiques qui marquent l’Histoire. Celle qui s’est jouée ces derniers mois au sein du Rassemblement National fait partie de ces moments décisifs où la trajectoire d’un parti, d’une génération et peut-être d’un pays entier bascule. Marine Le Pen, trois fois candidate malheureuse à la présidentielle, héritière d’un nom qui a façonné la vie politique française, se trouve aujourd’hui face à l’impensable : son inéligibilité. La justice a tranché, les condamnations sont tombées, et avec elles s’est envolée la perspective d’un quatrième duel avec Emmanuel Macron ou son successeur.
Mais Marine Le Pen n’est pas de celles qui abandonnent. Derrière les portes closes des réunions stratégiques, c’est une autre bataille qui s’organise. Selon Les Échos, la présidente du groupe RN à l’Assemblée Nationale a demandé à son dauphin, Jordan Bardella, de se préparer activement pour 2027.
Le poids d’un héritage encombrant
Marine Le Pen, malgré ses 55 ans, sait que le temps joue contre elle. Le verdict judiciaire l’a frappée au cœur de sa carrière : cinq ans d’inéligibilité, une sanction qui sonne comme une mise à l’écart définitive de la scène présidentielle. Pourtant, autour d’elle, ses partisans la considèrent encore comme la seule capable de faire tomber le « système« . Mais à mesure que l’ombre des tribunaux s’épaissit, l’évidence s’impose : il faut préparer la relève.
Cette relève, c’est Jordan Bardella. À 29 ans, il incarne une génération différente, née bien après la chute du mur de Berlin, formée dans un monde où le RN n’était déjà plus une simple force contestataire, mais une machine électorale. Bardella a déjà prouvé son efficacité en propulsant le parti aux européennes de 2019 et 2024. Charismatique, calculateur, parfois perçu comme plus lisse que sa mentor, il est celui que Marine Le Pen a choisi pour porter le flambeau.
Une préparation minutieuse pour 2027
L’appel de Marine Le Pen à Bardella n’est pas anodin. Elle ne lui demande pas seulement de se tenir prêt : elle l’investit, en quelque sorte, d’une mission quasi sacrée. Dans les couloirs du siège du RN à Nanterre, on raconte que les équipes de communication, déjà, peaufinent une campagne potentielle « Bardella 2027« . Les conseillers en stratégie travaillent sur son image, l’ancrant dans la continuité de Le Pen, tout en lui offrant une identité propre.
Ce passage de témoin s’accompagne d’un message clair : Marine Le Pen n’a pas dit son dernier mot. Elle reste là, en coulisses, figure tutélaire et stratège, prête à guider son poulain. Mais c’est Bardella qui devra affronter les débats, répondre aux journalistes, séduire les électeurs et, surtout, porter le poids immense de l’héritage lepeniste.
Les réactions au sein du Rassemblement National
L’annonce implicite de ce plan B secoue les rangs du parti. Certains militants, attachés viscéralement à Marine Le Pen, vivent ce passage de relais comme un renoncement douloureux. D’autres, au contraire, y voient une chance historique. Car Bardella attire une nouvelle frange de l’électorat : les jeunes, les urbains, une partie des classes moyennes séduites par son style plus moderne et sa rhétorique calibrée pour l’époque des réseaux sociaux.
En interne, la discipline est imposée : pas question de laisser transparaître des divisions. Le RN joue gros, et le moindre accroc pourrait être exploité par les adversaires politiques. Déjà, les commentateurs parlent d’un « tandem » Le Pen-Bardella, une sorte de continuité générationnelle pensée pour traverser l’orage judiciaire.
La symbolique d’une passation
Ce qui se joue ici dépasse la simple stratégie électorale. C’est un symbole fort : Pour la première fois, Marine Le Pen envisage ouvertement un avenir où elle n’est pas au centre de l’affiche présidentielle. En désignant Bardella, elle acte une réalité : son héritier politique est prêt à prendre la lumière.
Cette passation, volontaire ou forcée, ouvre un chapitre inédit. Bardella, avec sa jeunesse et son énergie, incarne une version renouvelée du RN, mais il traîne aussi le poids des combats passés de Marine Le Pen. Les adversaires du parti ne manqueront pas de rappeler ses liens étroits avec elle et avec les controverses judiciaires.
Les enjeux pour 2027
La présidentielle de 2027 se profile comme l’une des plus incertaines de la Ve République. Emmanuel Macron, empêché par la Constitution de se représenter, laissera un vide que tous les camps chercheront à combler. Les Républicains espèrent un retour sur le devant de la scène, La France Insoumise compte capitaliser sur ses percées, et le camp présidentiel, déjà divisé, peine à se trouver un successeur crédible.
Dans ce paysage mouvant, le RN joue une carte audacieuse : imposer Bardella comme figure incontournable, prêt à gouverner. Mais le chemin est semé d’embûches. Les jugements qui frappent Marine Le Pen continueront d’alimenter les polémiques. Les adversaires brandiront l’argument de « l’extrême droite » comme une menace pour la démocratie. Et Bardella devra démontrer qu’il n’est pas seulement l’ombre de Marine Le Pen, mais bien un homme capable de présider la France.
Une France en suspens
Alors que les regards se tournent vers 2027, une question résonne dans les esprits : La France est-elle prête à voir un jeune de 30 ans, façonné par Marine Le Pen, tenter de conquérir l’Élysée ? L’histoire s’écrit dans cette tension, entre la fidélité à une lignée politique et l’audace d’une nouvelle génération.
Marine Le Pen, en demandant à Jordan Bardella de se préparer, ne fait pas qu’anticiper sa propre absence. Elle trace un chemin, une continuité, qui pourrait bien redessiner durablement le paysage politique français.
Un pari décisif pour 2027
L’appel de Marine Le Pen à Jordan Bardella pour préparer la présidentielle de 2027 marque un tournant décisif dans la stratégie du Rassemblement National. Entre héritage assumé et renouveau générationnel, ce pari politique audacieux pourrait bouleverser les équilibres en France.
Le peuple français, lui, reste suspendu à cette question essentielle : Jordan Bardella saura-t-il transformer l’ombre de Marine Le Pen en lumière présidentielle ?
Yann GOURIOU est rédacteur et responsable éditorial de MyJournal.fr. Passionné d’actualité, de société et de récits de vie, il signe chaque article avec une approche humaine, sensible et engagée. Installé en Bretagne, il développe un journalisme proche du terrain, accessible et profondément ancré dans le quotidien des Français.