« Amélie, comment continuer à sourire quand, chaque jour, derrière la caisse, les mêmes phrases blessantes tombent comme une pluie d’aiguilles sur le cœur ? »
Chaque jour, dès l’ouverture des portes automatiques, Amélie s’installe à sa caisse. Elle ajuste son siège, place son badge et pose ses mains sur le clavier. Son sourire se dessine par habitude, mais à l’intérieur, un poids lourd s’installe. Ce n’est pas le rythme effréné des articles qui l’épuise, mais bien ces phrases répétées à l’infini par les clients, souvent lancées avec désinvolture, parfois avec mépris, et toujours reçues comme une gifle invisible.
« Vous pourriez aller plus vite ? », « Vous n’avez pas autre chose à faire que rester assise ? », « Ah, quel beau métier, scanner toute la journée ! » … Ces petites piques, dites comme des banalités, s’accumulent et laissent des traces.
Derrière la caisse : Un théâtre quotidien de mots lourds
Chaque article bipé devient le prétexte à une remarque. Certains plaisantent : « Vous avez compté vos doigts aujourd’hui ? » d’autres soupirent : « Encore une qui ne sourit pas, c’est pas compliqué pourtant ! » Derrière l’apparente banalité, se cache un manque de reconnaissance criant.
Le métier de caissière, souvent considéré comme « simple », est en réalité une épreuve constante : Heures passées debout ou immobile, flux continu de clients, pression pour aller vite, et surtout ces mots qui s’incrustent dans la mémoire.
Le fardeau psychologique
Amélie, comme beaucoup de ses collègues, encaisse bien plus que des produits. Elle encaisse des remarques, des jugements, des critiques. Certaines phrases lui restent en tête toute la soirée : « Vous devriez trouver un vrai travail », lui a un jour lancé un client pressé. Une autre fois, une dame lui a dit : « Si vous étiez plus aimable, je viendrais plus souvent ici ».
Ces phrases anodines pour celui qui les prononce deviennent, pour la caissière, des blessures invisibles.
Les témoignages d’un ras-le-bol généralisé
Beaucoup de caissières rapportent les mêmes expériences :
- Des clients qui critiquent leur vitesse.
- D’autres qui ironisent sur leur métier.
- Certains qui exigent le sourire comme une dette, oubliant qu’elles sont humaines.
Une caissière confiait récemment : « Ce qui m’épuise, ce ne sont pas les longues files d’attente, mais les remarques incessantes. Les mots pèsent plus lourd que les sacs de courses. »
Un appel au respect
Ces phrases répétées chaque jour rappellent à quel point le respect est devenu un luxe en grande distribution. Derrière chaque caisse, il y a une femme, parfois un homme, qui travaille dur, qui endure le stress, qui mérite bien plus qu’un soupir ou une remarque désobligeante.
Amélie ferme chaque soir sa caisse avec la même pensée : « Demain, je recommencerai. J’espère juste qu’au milieu des mots blessants, il y aura au moins un client qui dira merci. »
👉 SOURCE : Yann GOURIOU – Rédacteur et Responsable Éditorial de MyJournal.fr