Question posée par Clémence : “Mon propriétaire me fait payer 1 400 € pour un petit studio à Paris. Et si, moi aussi, j’avais droit à un remboursement comme cet étudiant ?”
À Paris comme dans d’autres grandes villes, certains locataires continuent de payer des loyers bien supérieurs au plafond légal. Pourtant, depuis l’adoption de la loi ELAN, les abus ne passent plus inaperçus. Cette loi encadre strictement les loyers afin d’éviter les excès, et permet désormais aux locataires de récupérer les sommes versées en trop.
🔍 Comment savoir si votre loyer est illégal ?
Le montant du loyer de référence est fixé selon plusieurs critères précis :
- L’adresse du logement,
- Le nombre de pièces,
- L’époque de construction,
- Et le type de location (meublée ou non).
Grâce à un simulateur officiel en ligne, il est très simple de vérifier si le montant indiqué sur votre bail dépasse le plafond autorisé. Si votre loyer est supérieur à ce loyer de référence majoré, vous pouvez réclamer la différence.
✉️ Première étape : Écrire à votre bailleur
En cas de dépassement constaté, il est recommandé d’adresser à votre propriétaire une lettre recommandée avec accusé de réception. Cette démarche vise à obtenir à l’amiable la réduction du loyer et le remboursement des sommes trop versées.
Si le bailleur refuse, le locataire peut saisir la Commission départementale de conciliation (CDC). Mais attention : La CDC rend uniquement un avis consultatif, sans obligation pour le bailleur de s’y conformer.
⚖️ L’action en justice : Une arme efficace
Lorsque la conciliation échoue, le locataire peut porter l’affaire devant le tribunal judiciaire. Cette fois, la décision du juge a force exécutoire : Si le bailleur refuse d’obtempérer, le locataire pourra faire exécuter la décision par un huissier de justice.
Le délai de prescription est de trois ans (article 7-1 de la loi n°89-462 du 6 juillet 1989). Ce qui signifie qu’il est possible d’agir même après avoir quitté le logement concerné.
🧾 Un exemple concret : Un étudiant obtient gain de cause
En novembre 2020, le tribunal judiciaire de Paris a rendu une décision historique : Un étudiant, locataire d’un 26 m² loué 1 430 € par mois, a obtenu une baisse de loyer de 363 € mensuels.
Le tribunal a condamné le bailleur à rembourser 2 113 € de loyers trop perçus, ainsi que 1 200 € pour les frais d’avocat et les frais d’huissier. Une victoire exemplaire, d’autant plus que le locataire n’habitait plus dans le logement au moment du jugement.
Cette décision a marqué un tournant : Elle prouve qu’un locataire peut faire respecter la loi ELAN même après avoir quitté les lieux.
🏛️ Une loi qui protège enfin les locataires
Grâce à la loi ELAN, les locataires disposent aujourd’hui d’outils concrets pour faire valoir leurs droits face aux abus. L’encadrement des loyers vise à rétablir l’équilibre entre bailleurs et locataires, notamment dans des zones tendues comme Paris, Lille, Lyon, Bordeaux ou Montpellier.
Vérifier son bail, comparer les montants et agir à temps peut donc permettre de récupérer plusieurs milliers d’euros. De plus en plus de locataires osent franchir le pas, soutenus par les décisions de justice favorables.
🟦 Agir, c’est faire respecter la loi et récupérer ce qui vous revient de droit
L’encadrement des loyers n’est plus un simple concept : C’est une réalité juridique. Si vous pensez payer un loyer supérieur au plafond fixé, n’hésitez pas à faire les démarches nécessaires.
La loi est de votre côté, et les tribunaux donnent raison à ceux qui osent agir.
👉 Source : Service-Public.fr

✉️ Exemple de courrier à envoyer à votre bailleur
Objet : Contestation du montant du loyer – Demande de régularisation conformément à la loi ELAN
Madame, Monsieur,
Locataire du logement situé [adresse complète du bien], je me permets de vous écrire afin d’attirer votre attention sur le montant du loyer actuellement appliqué, qui semble excéder le loyer de référence majoré fixé par arrêté préfectoral en vertu des dispositions de la loi ELAN n° 2018-1021 du 23 novembre 2018.
Après vérification via le simulateur officiel d’encadrement des loyers, le montant du loyer de référence pour ce logement est de [montant] €, tandis que le loyer pratiqué dans le bail signé le [date de signature du bail] s’élève à [montant du loyer actuel] €.
En conséquence, je vous demande de bien vouloir procéder à :
- La réduction du loyer au montant légal de [montant corrigé] €,
- Ainsi qu’au remboursement des loyers trop versés depuis la signature du bail, soit un total de [montant estimé] €.
Je reste naturellement ouvert à une résolution amiable de cette situation. Sans réponse de votre part dans un délai de deux mois, je me verrai contraint de saisir la Commission départementale de conciliation (CDC) ou, à défaut, le tribunal judiciaire compétent.
Dans l’attente de votre retour,
Je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de mes salutations distinguées.
[Signature]