Peut-on retirer l’argent du livret de son enfant ? Les parents face à la loi
« Les parents ont-ils vraiment le droit de retirer de l’argent sur le compte épargne de leur enfant mineur ? »
Lorsqu’un parent ouvre un compte ou un livret d’épargne au nom de son enfant, la question revient souvent : Peut-il retirer librement l’argent ?
La réponse est nuancée. Tout dépend du type de livret, de l’âge de l’enfant et surtout de la notion clé : L’intérêt de l’enfant.
Titulaire et gestionnaire : Deux statuts bien distincts
Un enfant mineur peut détenir un compte bancaire, un livret A, un livret jeune ou un plan d’épargne logement.
Mais ce n’est pas parce que le livret est à son nom que les parents peuvent en disposer librement. L’argent appartient juridiquement à l’enfant, et les parents n’en sont que les administrateurs légaux, chargés de le gérer pour lui.
Ils peuvent effectuer des dépôts, suivre les relevés ou clôturer un livret, mais toute opération doit servir directement l’intérêt du mineur. Utiliser cet argent à des fins personnelles est considéré comme un abus.
Retirer l’argent du compte d’un enfant : Oui, mais sous conditions
Les parents ont un droit de gestion, mais ce droit est strictement encadré par la loi.
Pour un livret A ou un livret d’épargne bancaire classique, un parent peut effectuer des retraits pour des dépenses en lien direct avec l’enfant : Scolarité, loisirs, vêtements, santé…
Mais dès qu’il s’agit d’un acte de disposition, comme transférer les fonds vers un autre compte ou financer une dépense sans rapport avec l’enfant, l’accord des deux parents ou du juge devient obligatoire.
Un arrêt rendu en 2025 a rappelé ce principe : Un père ayant vidé les livrets de ses enfants pour alimenter son entreprise a été condamné. La justice a estimé qu’il avait détourné le patrimoine de ses enfants.
Le cas particulier du livret jeune
- Le livret jeune, réservé aux 12-25 ans, est soumis à des règles encore plus strictes.
- Avant 16 ans, les retraits nécessitent l’accord des représentants légaux.
- Entre 16 et 18 ans, l’enfant peut retirer de l’argent seul, sauf opposition formelle des parents.
- À 18 ans, le jeune devient seul maître de son livret.
En cas de séparation ou de divorce des parents
Lorsque les parents sont séparés ou divorcés, la règle de cogestion s’applique : Les deux conservent l’autorité parentale, donc la responsabilité commune sur les comptes de l’enfant.
Chacun peut agir seul pour des actes mineurs, mais pour tout retrait important ou toute clôture, la double signature est requise.
Les banques peuvent d’ailleurs mettre en place une sécurité spécifique pour exiger l’accord des deux parents avant tout mouvement sur le compte.
À la majorité de l’enfant : Autonomie totale
Dès ses 18 ans, l’enfant devient pleinement propriétaire de son épargne. Les parents perdent tout pouvoir sur le compte, sauf autorisation explicite.
Si l’enfant découvre plus tard que son épargne a été utilisée de manière abusive pendant sa minorité, il peut engager une action en justice pour récupérer les sommes détournées.
Pourquoi ces règles strictes ?
Elles visent à protéger le patrimoine de l’enfant mineur et à garantir qu’il bénéficie réellement de l’argent placé à son nom.
Les banques ont d’ailleurs une obligation de vigilance : Autoriser un retrait suspect sans vérifier la légitimité peut engager leur responsabilité.
Que faire en cas de soupçon d’abus ?
- Vérifiez régulièrement les relevés de comptes.
- Demandez à la banque de bloquer tout retrait sans double signature.
- En cas de litige, saisissez le juge aux affaires familiales.
L’argent de l’enfant doit servir l’enfant
Les parents ont le droit de gérer l’épargne de leurs enfants, mais pas celui d’en disposer librement. Toute opération doit servir leur intérêt exclusif. En cas de séparation ou de conflit, la prudence et la transparence restent les meilleures protections pour l’enfant.
Selon le site MSN, de nombreux parents ignorent encore que retirer l’argent du livret de leur enfant sans justification valable peut être considéré comme un abus de confiance.
