L’icône de la chanson française réagit à l’utilisation non-autorisée de son titre culte dans un rassemblement politique, clamant qu’il refuse toute récupération partisane, et pointant du doigt l’extrémisme.
La scène est simple et pourtant lourde de sens : L’icône de la chanson française Michel Sardou a découvert avec surprise que son tube « Les Lacs du Connemara », indissociable des mariages, stades et fêtes populaires, s’était immiscé dans un meeting du parti de Marine Le Pen. Il l’a annoncé sans détour « Je ne savais pas, on ne m’a pas demandé ». Comme s’il venait de prendre conscience que son œuvre avait changé de décor pour devenir un étendard politique.
De son flegme habituel, mais avec une fermeté rare, Sardou a martelé qu’il n’accepterait pas d’être récupéré quel que soit le parti. Il se souvient avoir soutenu par le passé Jacques Chirac « parce que je l’aimais beaucoup », Nicolas Sarkozy « parce que j’y croyais », mais exclut désormais toute alliance avec l’extrême droite. Avec ironie et franchise, il assène à l’adresse de Marine Le Pen : « Elle plaît beaucoup au peuple, oui. Mais elle dit beaucoup de conneries. »
L’affaire pose plusieurs lignes de fracture. D’abord celle du droit d’auteur : Un créateur peut-il tolérer l’usage de son œuvre à des fins politiques sans en avoir été informé ou consulté ? Ensuite celle de l’image : Comment une chanson festive devient-elle instrument de rassemblement, sans qu’on en maîtrise le message ? Et enfin, celle du rôle de l’artiste dans l’espace public : Sardou refuse de devenir caution malgré lui, il choisit son bord mais affirme que la ligne s’arrête aux extrêmes.
Dans cette interview donnée à « Sept à Huit », il ne se contente pas de régler ses comptes. Il réfléchit à voix haute au malaise de la France : « Je vois à la télé, tout le monde est mécontent de tout. Un coup ce sont les taxis, un coup ce sont les agriculteurs, un coup ce sont les médecins, un coup ce sont les infirmières, un coup ce sont les artistes. Malheureusement, si on continue à être mécontent comme ça, on accouchera d’un extrême. » Le message est clair, presque prophétique. L’artiste, qui a marqué les décennies par ses tubes, marque ici une rupture. Il ne veut plus seulement exister pour faire danser, mais pour alerter.
En filigrane, « Les Lacs du Connemara » devient symbole d’un double paradoxe : Alors que la chanson a été conçue comme une fête populaire, elle se retrouve mobilisée dans un cadre politique qui l’écarte de son esprit initial. Et l’auteur rappelle qu’il reste le maître de son œuvre. Il ne cède pas à la pression, ne s’efface pas devant la récupération. Son message résonne aussi fort que ses refrains : Une œuvre ne se donne pas à n’importe quelle bannière, et un artiste n’est pas une marionnette.
Source : MSN Actualité

Yann GOURIOU est rédacteur et responsable éditorial de MyJournal.fr. Passionné d’actualité, de société et de récits de vie, il signe chaque article avec une approche humaine, sensible et engagée. Installé en Bretagne, il développe un journalisme proche du terrain, accessible et profondément ancré dans le quotidien des Français.
