Ils exigent plus de sévérité… mais au vu des enquêtes, des procès et des condamnations qui s’accumulent, la vraie répression pourrait bien commencer dans leurs propres rangs.
Il suffit d’écouter certains élus réclamer une « répression renforcée » pour sourire. Comme si la sévérité ne pouvait concerner que les autres. Comme si la justice devait frapper sélectivement, du côté qui les arrange. Pourtant, à bien regarder les affaires qui s’empilent, la répression qu’ils appellent de leurs vœux pourrait très bien commencer dans leurs propres rangs.
Car la liste des députés mis en cause, en jugement, en attente de procès ou déjà condamnés est longue, bien trop longue. Elle s’allonge à mesure que les scandales remontent, que les détournements présumés apparaissent et que les soupçons d’emplois fictifs éclaboussent plusieurs partis. Et dans cet hémicycle où l’indignation change de camp selon la météo politique, certains devraient réfléchir à deux fois avant de jouer la carte de la fermeté absolue.
On les imagine déjà crier que les juges sont « trop durs », « injustes », « politiques ». Mais l’argument sonne creux quand les montants en jeu se comptent en millions d’euros puisés directement dans la poche des Français. Il sonne encore plus creux quand, en face, on tente de faire diversion en accusant telle ou telle communauté de « vol ». Vol de quoi exactement ? Sûrement pas des millions détournés par des élus en costume trois pièces.
Et pendant qu’ils pointent du doigt, leur propre avenir électoral vacille. Certains risquent de ne pas être éligibles en 2027 si les enquêtes en cours basculent en mise en examen. D’autres regardent de très près le fameux décret qui pourrait imposer un casier judiciaire totalement vierge pour se présenter. Si la mesure passe, c’est tout un pan de la classe politique qui pourrait disparaître des bulletins de vote, laissant des sièges vides et des carrières soudainement stoppées.
Dans cette ambiance électrique, la répression prend un parfum de boomerang. Ceux qui la réclament avec le plus de vigueur pourraient être les premiers à la sentir leur revenir en pleine figure. Et s’ils devaient purger une peine, certains découvriraient peut-être pour la première fois ce qu’est réellement le travail, celui qui ne s’accompagne pas de privilèges, d’indemnités et de bureaux climatisés.
L’image est presque ironique. Ceux qui pensaient nettoyer la vie publique pourraient se retrouver balayés par leurs propres exigences. Ceux qui promettent l’exemplarité pourraient finir par devoir l’appliquer à eux-mêmes. Et dans cette hypothèse, oui, la répression pourrait devenir une excellente nouvelle : Elle rétablirait enfin une justice égale pour tous, sans exception, ni toge ni écharpe tricolore pour servir de bouclier.
Source : Ouest-France, édition du soir du 24 novembre 2025.
Yann GOURIOU est rédacteur et responsable éditorial de MyJournal.fr. Passionné d’actualité, de société et de récits de vie, il signe chaque article avec une approche humaine, sensible et engagée. Installé en Bretagne, il développe un journalisme proche du terrain, accessible et profondément ancré dans le quotidien des Français.
Si une loi imposait réellement un casier judiciaire vierge pour siéger à l’Assemblée, l’hémicycle serait presque vide. On découvrirait soudain que beaucoup d’élus traînent des casseroles. C’est révoltant de voir à quel point certains se croient intouchables alors que la moindre faute devrait les exclure immédiatement.