ALIMENTATION

Pourquoi la France traverse une pénurie d’œufs dans les supermarchés ?

Des rayons de supermarché parfois vides, des boîtes d’œufs introuvables, et un taux de rupture monté en flèche : Explications d’une crise inattendue qui fragilise l’autonomie alimentaire française.

La boîte d’œufs restée vide sur le rayon suscite la surprise. Pourtant, le phénomène se répète dans les grandes surfaces un peu partout en France. Depuis plusieurs mois, les consommateurs peinent à trouver des œufs : Ce qu’ils vivent est le symptôme d’une crise structurelle, fruit d’un déséquilibre inédit entre une demande skyrocketing et une production en crise.

Chaque année, la France pond environ 15 milliards d’œufs — un chiffre qui semblait couvrir nos besoins. Mais depuis 2024, la consommation par habitant bondit : 226 œufs par personne, un record historique. Face à la montée des prix de la viande ou du poisson, nombreux sont ceux qui se tournent vers l’œuf, source économique et riche en protéines. Ce glissement s’accélère encore dans le contexte inflationniste.

Sauf que le boom de la demande coïncide avec un recul de l’offre. Les élevages ont été secoués par les crises sanitaires (notamment la grippe aviaire), qui ont contraint à abattre des volailles et à freiner la production. À cela s’ajoutent les réformes visant à abandonner les cages pour un élevage au sol ou en plein air — un progrès pour le bien-être animal, mais qui réduit le nombre de poules par bâtiment, donc le volume d’œufs.

Résultat : Le taux de rupture explose. Selon les données récentes, environ 13 % des références d’œufs sont absentes en rayon — parfois jusqu’à 15 % dans les hypermarchés. Autrement dit : Sur une boîte sur sept, les clients repartent bredouille.

La filière n’ignore pas le problème. Pour rééquilibrer l’offre et la demande, il faudrait fabriquer près d’un million de poules supplémentaires par an — soit environ 300 poulaillers d’ici à 2030. Mais les contraintes sont nombreuses : Normes sanitaires, pression environnementale, démarches administratives, opposition locale… Autant de freins qui retardent les projets.

En attendant, la France — jadis quasi autosuffisante — doit importer davantage d’œufs d’Espagne, des Pays-Bas ou de Pologne. Une solution d’appoint, mais coûteuse et fragile, surtout quand l’Europe connaît la même hausse de la demande.

Il convient donc d’anticiper la pénurie. Être attentif aux dates de réapprovisionnement des magasins, privilégier les œufs issus de filières locales ou certifiées, et accepter une consommation plus modérée. Car la crise ne se résorbera pas du jour au lendemain.

Sans qu’on le dise clairement, la France doit revoir son rapport à un produit pourtant banal — L’œuf.

Source : UFC – Que Choisir.

Yann GOURIOU

Auteur indépendant installé en Bretagne, je réalise des enquêtes et des reportages de terrain pour mon blog. J’écris avec une approche humaine, sensible et engagée, en donnant la parole à celles et ceux dont on n’entend rarement la voix.

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