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La majorité des SDF dorment-ils vraiment dans la rue par choix ? Décryptage d’une déclaration erronée

SOCIETE

La promesse non tenue de Macron et la réalité du terrain

En juillet 2017, Emmanuel Macron promettait que plus personne ne dormirait dans les rues ou les bois d’ici la fin de l’année. Une promesse ambitieuse qui, malheureusement, n’a pas été tenue. La réalité des personnes sans domicile fixe (SDF) en Île-de-France demeure complexe et souvent tragique.

L’affirmation de Sylvain Maillard, selon laquelle certains SDF choisissent de rester dans la rue même en période de grand froid, a suscité une vive polémique. Le député a déclaré que « rien ne les oblige à être mis à l’abri » et que pour la majorité, « c’est leur choix« .

Mais qu’en est-il vraiment ?

Les véritables raisons du refus des hébergements

Perrine Dequecker, responsable de la communication de l’association Aurore, réfute cette déclaration en précisant que seuls quelques SDF choisissent réellement de rester dehors. La plupart d’entre eux y sont contraints par des circonstances bien plus complexes.

Plusieurs raisons expliquent pourquoi certains SDF refusent d’être hébergés :

  • Problèmes psychologiques : De nombreux SDF souffrent de troubles psychologiques qui compliquent leur acceptation de vivre en communauté.
  • Animaux domestiques : Certains préfèrent rester avec leurs animaux, refusant les centres qui n’acceptent pas les animaux.
  • Relations personnelles : Des couples préfèrent rester ensemble dehors plutôt que d’être séparés dans les hébergements d’urgence.

Pour la majorité, le refus n’est pas un véritable choix, mais une résultante de découragement et de manque de solutions adaptées. En effet, beaucoup abandonnent l’idée de contacter le 115, soit parce qu’ils n’obtiennent pas de place, soit parce qu’ils n’arrivent pas à joindre le service.

SDF

Le baromètre du 115 et les défis de l’hébergement d’urgence

Le « baromètre du 115 » de la Fédération des acteurs de la solidarité révèle des chiffres inquiétants. Au niveau national, 48% des personnes sollicitant un hébergement d’urgence en hiver 2016-2017 n’ont pas été prises en charge. À Paris, ce taux grimpe à 64%. Éric Pliez, président du Samu Social de Paris, explique que les taux de réponse ont baissé, passant de 71% à 62% pour les hommes seuls entre janvier 2017 et janvier 2018.

Les séjours d’une nuit, qui représentent 57% des attributions, obligent les SDF à appeler le 115 chaque jour pour trouver un hébergement pour la nuit suivante, exacerbant leur découragement.

Le chiffre erroné des 50 SDF par jour

Sylvain Maillard se base sur un chiffre avancé par le secrétaire d’État à la cohésion des territoires, Julien Denormandie, selon lequel 50 SDF ne se voient pas proposer de solution d’hébergement chaque jour à Paris. Cependant, Éric Pliez précise que ce chiffre ne reflète que les appels reçus entre 19h et 20h pour lesquels aucune solution n’a pu être trouvée, loin de la réalité globale.

Combien de SDF sont réellement dans la rue ?

D’après un recensement de l’Insee en 2012, environ 141.500 personnes étaient sans domicile en France, dont 28.000 en Île-de-France. Paris compte environ 10.000 places d’hébergement d’urgence, avec des centaines de places supplémentaires ouvertes en cas de grand froid. Toutefois, le nombre exact de SDF dormant dehors reste difficile à évaluer faute de recensement récent, bien que des comptages locaux, comme celui du 10e arrondissement, montrent l’ampleur du phénomène.

La déclaration de Sylvain Maillard reflète une incompréhension de la situation complexe des SDF. Si quelques-uns choisissent de rester dehors, la grande majorité y est contrainte par des circonstances défavorables et un manque de solutions d’hébergement adaptées. Il est essentiel de comprendre ces dynamiques pour répondre efficacement à la précarité des personnes sans domicile.

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