Téléphone clandestin, cibles vulnérables et millions d’euros : le récit glaçant d’Achref S., publié par Le Parisien.

Depuis sa cellule, Achref S. a orchestré des centaines d’arnaques téléphoniques et engrangé des millions d’euros

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Achref S., 47 ans, est l’incarnation d’un escroc multirécidiviste capable de transformer l’enfermement en opportunité. Comme le révèle Le Parisien, cet homme cumule 57 condamnations et près de 28 années passées derrière les barreaux. Mais là où la prison devait le briser, il en a fait son quartier général, un véritable bureau depuis lequel il pilotait un réseau d’arnaques téléphoniques ciblant les plus vulnérables.

Depuis sa cellule à la prison de Châteaudun, il disposait d’un téléphone portable clandestin, outil central de ses opérations. Chaque jour, il passait des centaines d’appels, se présentant comme un lieutenant de police. Les victimes, le plus souvent des femmes âgées, étaient convaincues qu’elles couraient un risque financier imminent. Persuadées de devoir protéger leurs économies, elles effectuaient des virements sur des comptes contrôlés par l’escroc.

En quelques semaines, plus d’1,5 million d’euros ont ainsi été détournés. Pour blanchir cet argent, Achref S. utilisait des plateformes de paris sportifs et achetait des lingots d’or en Belgique. Face au tribunal, lorsqu’un juge l’interrogea sur la localisation de ce trésor, il répondit avec ironie : « Vous ne pensez tout de même pas que je vais vous dire où je l’ai caché ? » Une preuve supplémentaire de son assurance et de son contrôle sur ses affaires.

La prison n’était pas seulement pour lui un lieu d’isolement : C’était un espace de gestion quotidienne. Il y réglait ses factures, offrait des cadeaux à sa compagne, finançait les besoins de ses quatre enfants. Même incarcéré, il menait sa vie comme un chef d’entreprise, avec un sens de l’organisation redoutable.

Transféré ensuite dans une prison ultra-sécurisée, privé de téléphone, il adopta un comportement exemplaire. Il accumula les diplômes : BEP comptabilité, CAP boulangerie, CAP cuisine, CAP taille de pierre, et entama même des études de droit. Ce profil de détenu modèle lui permit d’obtenir une libération conditionnelle en mai 2025.

Mais cette liberté fut de courte durée. Moins de 45 minutes après sa sortie, Achref S. replongea dans l’escroquerie. Cette récidive éclair confirma ses propres mots : il est « incapable de s’adapter à la vie libre » et « sur-adapté à la prison ». Derrière les barreaux, il avait un rôle, un statut, une structure, dehors, il n’avait plus rien.

Aujourd’hui, sa prochaine sortie n’est pas prévue avant 2049, année où il aura 71 ans. Son parcours reste celui d’un homme qui a su déjouer les règles, transformer la prison en centre de commandement, et démontrer que, parfois, un simple téléphone peut devenir l’arme la plus redoutable du crime organisé.

1 thought on “Depuis sa cellule, Achref S. a orchestré des centaines d’arnaques téléphoniques et engrangé des millions d’euros

  1. Le juge est bien naïf de lui poser la question quant à la localisation de « son  » trésor accumulé. Pas de plaintes de la part des personnes âgées escroquées ? Bien surà sa libération anticipée , il aurait pu changer de pays et ouvrir boulangerie, restaurant, et avec les études de droit, conseiller en combines multiples, voire fiscal. ..
    Cà fait bien longtemps que la prison n’a plus la mission de briser les individus entrant dans ces établissements.
    Il sera libéré avant ses 71 ans. C’est une certitude.

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