Quand l’écologie politique méprise la rentabilité agricole : retour sur la manifestation choc des agriculteurs à Blois, devant la permanence EELV.

À Blois, des agriculteurs déposent des bottes de foin devant la permanence écologiste après les propos choquants de Sandrine Rousseau

POLITIQUE

Le ciel de Blois n’annonçait ni tempête ni grand soleil en ce matin de juillet, mais l’atmosphère, elle, était électrique. Dès l’aube, la rue des Remparts, habituellement tranquille, voyait affluer des silhouettes déterminées. Ce n’étaient pas des militants politiques ou des habitants en colère, non : C’étaient des agriculteurs. Des hommes et des femmes de la terre, les mains burinées par le labeur, les visages fermés par la colère. Ils n’étaient pas là par hasard, ni sur un coup de tête. Ce vendredi 18 juillet 2025, la Coordination Rurale avait décidé d’agir, de frapper un coup fort — symbolique, mais percutant.

Face à eux, un bâtiment modeste : La permanence d’une députée écologiste. Une vitrine anodine, et pourtant cible d’un ras-le-bol croissant. Car quelques jours auparavant, une phrase avait tout déclenché. Une phrase dite à la télévision, par une figure médiatique de l’écologie politique : Sandrine Rousseau.

La scène s’était déroulée sur un plateau, en direct. Interrogée sur la crise agricole et sur les difficultés rencontrées par les exploitants, Rousseau avait répondu avec une désinvolture glaçante : « J’en ai rien à péter de la rentabilité des agriculteurs. » Une sentence sèche, brutale, qui allait se répandre comme une traînée de poudre dans les campagnes françaises.

À Blois, la nouvelle n’avait pas tardé à faire réagir. Les membres de la Coordination Rurale, choqués, avaient appelé à une mobilisation immédiate. « Si on ne dit rien, c’est qu’on accepte », avait lâché Étienne, un éleveur du coin. « Il faut qu’on montre que nos métiers, nos efforts, notre sueur méritent mieux que le mépris d’une élue parisienne déconnectée. »

Et ce vendredi matin, ils étaient là. Venus de tout le département avec leurs tracteurs, leurs bottes, leur détermination. Ils n’ont pas crié, n’ont pas insulté, n’ont rien cassé. Non, ils ont préféré parler avec les symboles : Des bottes de foin empilées soigneusement devant la permanence EELV. Comme pour dire : « Voilà ce que vous méprisez. Voilà ce que vous oubliez. Voilà la terre que vous rejetez. »

La scène était saisissante. Des engins agricoles encadrant la rue, des ballots dorés dressés comme une barricade douce, et des pancartes brandies avec sobriété. Sur l’une d’elles, on pouvait lire : « Nous ne sommes pas des dealers. Notre argent n’est pas sale. » Une réponse cinglante à une autre déclaration incendiaire de Rousseau, qui avait récemment comparé la PAC (Politique Agricole Commune) aux subventions des trafiquants.

Les journalistes sont arrivés peu après. Les caméras tournaient, les micros s’approchaient. Mais les agriculteurs n’étaient pas venus pour faire le show. Ils parlaient avec calme, parfois avec émotion. « Je gagne 800 euros par mois pour 70 heures de boulot par semaine », expliquait une productrice de lait. « Et on me dit que ma rentabilité n’a pas d’importance ? Alors quoi, on veut qu’on crève ? »

Le maire de Blois, qui s’était déplacé en personne, a tenté d’apaiser les tensions. Mais rien n’y faisait. La blessure était trop vive. Et plus encore que les propos eux-mêmes, c’est l’indifférence qu’ils dénonçaient. Le sentiment que, pour une certaine classe politique, leur monde n’existait plus. Qu’il n’était qu’un vestige encombrant sur la route du progrès.

Du côté de Sandrine Rousseau, la réponse fut rapide mais maladroite. Dans un communiqué, elle tenta de nuancer ses propos, expliquant qu’il fallait « dissocier rentabilité et revenu », et que sa volonté était d’« assurer une transition écologique sans pression capitaliste sur les exploitants ». Trop tard. Trop flou. Trop technocratique pour des gens qui, chaque jour, voient leurs exploitations sombrer sous les dettes et les normes.

La Coordination Rurale a promis que cette action n’était qu’un début. D’autres permanences pourraient suivre. D’autres bottes de foin, d’autres protestations pacifiques mais fermes. « Ce qu’on veut, c’est du respect », lançait un jeune agriculteur de Vineuil. « Qu’on arrête de parler à notre place. Qu’on comprenne enfin que l’agriculture, c’est pas un jouet idéologique. C’est notre vie. »

Le soir venu, les tracteurs sont repartis. Les ballots sont restés un moment, comme une cicatrice laissée sur la façade d’un parti en perte de contact avec le réel. À Blois, ce vendredi, le monde agricole a montré qu’il savait encore faire entendre sa voix. Et qu’il ne se laisserait plus marcher dessus.

L’incident marque un tournant. Il ne s’agit pas d’une simple polémique passagère, mais bien d’un divorce grandissant entre l’écologie politique urbaine et les réalités rurales. Entre ceux qui pensent en théories, et ceux qui vivent de la terre. Et tant que ce fossé ne sera pas comblé, tant que les élus continueront de jeter l’opprobre sur ceux qui les nourrissent, la colère continuera de gronder. Dans les champs, mais aussi dans les villes. Dans les urnes, et peut-être un jour, dans la rue.

1 thought on “À Blois, des agriculteurs déposent des bottes de foin devant la permanence écologiste après les propos choquants de Sandrine Rousseau

  1. C’est pas du foin l moi que j’aurais mis devant sa porte mais un M3 (un mètre cube de purins qui sent bien mauvais )

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